Gestion durable et concertée de la pêche professionnelle maritime sur la Côte bleue
Le Parc marin de la Côte Bleue (PMCB) propose un retour sur une expérience de gestion durable de la pêche professionnelle maritime artisanale débutée en 1983 et ayant donné naissance à 2 zones marines protégées. Le PMCB entretien une collaboration étroite avec les pêcheurs professionnels à tous niveaux, y compris dans la gestion du milieu. Présent dans de nombreux projets (technologique, scientifique, accompagnement, partages des connaissances...), le PMCB est aujourd'hui largement reconnu pour la qualité de la gouvernance et de la concertation mise en œuvre.
Spécificités de cette expérience : thème d’activité Pêche, qualité de la gouvernance en place.
Un retour d'expérience du réseau Sinapce
Cette analyse est issue site du réseau national Sinapce, valorisant des démarches de sites innovants pour des activités en aires protégées compatibles avec les enjeux écologiques.
La Côte bleue est un territoire très riche en habitats et en espèces sous-marines, dont près d’une soixantaine actuellement menacées ou protégées en France. Une grande partie des espèces de poissons qui y ont été recensées présentent un intérêt commercial, dont ont appris à profiter les pêcheurs artisanaux de cette région restée relativement bien préservée de l’industrialisation environnante
Le Parc marin de la Côte Bleue a été fondé en 1983. L’objectif fondateur de cette aire protégée particulière était principalement au départ un développement responsable et durable de la pêche professionnelle maritime. Les actions développées au cours des années ont fortement contribué à la préservation de la biodiversité et des habitats marins, et ces objectifs sont maintenant clairement inscrits dans les statuts du syndicat mixte.
Le PMCB a d’abord expérimenté une première zone marine protégée en 1983 (cantonnement de pêche au sein duquel le mouillage et la plongée ont également été interdits) sur 3 ans seulement, au large de Carry-le-Rouet. Elle a été moins « imposée » aux pêcheurs car ils ont participé à son positionnement et ont donc aussi pu poser leurs conditions. Cela a permis qu’ils soient ensuite volontaires pour la renouveler, puis pour créer une seconde ZMP en 1996 devant le Cap Couronne (commune de Martigues). En 2014, il fut décidé que ces deux ZMP, définies par arrêtés ministériel et préfectoral, seraient illimitées dans le temps. Les prud’homies de pêcheurs et le Comité Régional des Pêches et des Elevages Marins étaient seuls décisionnaires de cette mesure qui fait partie de leurs compétences.
Le Parc marin est engagé dans l'expérimentation d’outils en vue d’une gestion durable et responsable de la pêche professionnelle pratiquée sur le site, en concertation étroite avec les pêcheurs professionnels locaux, via la création de cantonnements de pêche, l’installation de récifs artificiels et une importante activité de suivi, de surveillance et de sensibilisation.
Des récifs artificiels équipés de dispositifs de protection anti-chaluts et anti-sennes tournantes ont été installés au sein et à l’extérieur des ZMP, afin d’empêcher la pêche illégale de ces engins dans la bande côtière. Les pêcheurs partenaires ont contribué à leur localisation. Aujourd’hui il n’y a plus de chalutage illégal local mais ces récifs servent encore ponctuellement et restent efficaces.
Entre 1983 et 2004, 5 opérations d’immersion de récifs de production (avec caches pour la faune) ont également été expérimentées au sein et en dehors des ZMP. Les études ont démontré qu’en quelques années les peuplements autour et dans ces structures sont équivalents aux zones rocheuses naturelles.
Les pêcheurs participent depuis 1995 à un suivi de « l'effet réserve » : des comptages comparatifs dans et hors ZMP sont réalisés pour les 2 cantonnements de pêche, et en ce qui concerne la ZMP du Cap Couronne un pêcheur volontaire met en œuvre un protocole de suivi par pêches standardisées qui se déroule tous les 3 ans à l’intérieur de la ZMP, afin de réaliser un échantillonnage à long terme de « l’effet-réserve ».
Les espèces emblématiques ou rares observées par les pêcheurs sont signalées au PMCB. Les pêcheurs ont ainsi un rôle de « sentinelles ».
Un suivi de la population d’oursins est également assuré depuis 1994, par deux comptages annuels (avant et après la saison de pêche). Ce suivi est destiné à orienter les décisions sur le nombre d’autorisations de pêche.
Un suivi récurrent des populations locales de mérous et de corbs a également été mis en place en lien avec le moratoire mis en place sur ces espèces depuis 1993 pour la pêche de loisir (interdiction de pêche sous-marine et à l’hameçon).
Le PMCB a également participé aux projets « FishMPABlue » 1 et 2 sur la gestion de la pêche artisanale au sein et autour d'aires marines protégées. Une boîte à outils de gouvernance innovante pour renforcer les capacités de gestion a été proposée et testée suite à cette analyse. Ces études ont permis de mettre en évidence que les AMP incluant les pêcheurs dans leur gouvernance ont de meilleurs résultats de gestion et sont plus efficaces.
Plus de détails sont disponibles sur la fiche complète de retour d’expérience téléchargeable en haut de page, incluant entre autres :
- des précisions sur les enjeux de biodiversité principalement concernés par la recherche de compatibilité,
- le détail des actions menées autour de la problématique,
- le cadre dans lequel sont conduites les actions,
- le coût,
- les acteurs impliqués et la gouvernance du site,
- l'apport du statut d'aire protégée à la démarche,
- le potentiel de transférabilité des actions menées (au regard des publics intéressés, du nombre de territoires concernés et des enjeux actuels