Évaluer l’état de conservation de la biodiversité dans un espace naturel
De nombreuses espèces ou habitats ont des états de conservation préoccupants à l’échelle nationale ou régionale. Les espaces naturels protégés qui les abritent ont bien souvent une forte responsabilité pour leur protection. Leur statut de conservation doit être régulièrement réévalué, afin de les inscrire si nécessaire dans les listes correspondantes et d’engager des mesures de gestion et de conservation adaptées. Comment ?
À noter : ces travaux s'inscrivent dans la coopération entre l'Office français de la biodiversité (OFB) et le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive proposant un appui méthodologique et technique aux aires protégées pour Concevoir des suivis de biodiversité sur déjà près de 30 sujets abordés.
Les listes rouges des espèces menacées de l’UICN s’appuient notamment sur deux critères : les changements de distribution et d’abondance des espèces concernées.
Tandis que pour les listes d’habitats prioritaires, l’état de conservation des habitats est souvent abordé à travers le suivi d’indicateurs (espèces ou communautés d’espèces par exemple).
Veille sur les changements de distribution et d'abondance d’espèces à enjeux
De nombreuses données d’observation de la faune et de la flore sont collectées de manière « opportuniste » (= sans protocole dédié) depuis plusieurs années dans les espaces naturels protégés.
Les cartes de distribution produites à partir de ces données font apparaître des concentrations d’espèces dans les zones les plus fréquentées par les observateurs alors que d’autres secteurs sont vides d’observations. Ce déséquilibre est particulièrement marqué en montagne où les accès sont contraints par le relief et la présence de sentiers.
Conscients de ce biais, plusieurs gestionnaires d’aires protégées ont souhaité s’engager dans une stratégie d’acquisition de données de manière plus systématique et standardisée pour suivre les tendances de l'occupation et/ou de l'abondance d'espèces à enjeux. Cela nécessite bien souvent une connaissance préalable de la détectabilité des espèces et taxons à suivre.
Rapports disponibles ou à venir en 2024
Suivi des tendances de l'occupation de l'espace par une espèce rare et cryptique : l'Eulepte d’Europe (PN des Calanques et de Port-Cros)
Dans le cas d’espèces rares et cryptiques, il est essentiel d’optimiser les chances de détecter les individus selon leurs rythmes d’activité et leur occupation de l’espace.
L'Eulepte d’Europe (Euleptes europaea) est un gecko méditerranéen dont la distribution française est restreinte et morcelée en de multiples populations isolées. Il fait face à des menaces multiples : progression de la couverture forestière, introduction d’espèces exotiques envahissantes (autres geckos, rats…), travaux de réhabilitation de bâtiments, etc.
Les individus sont difficiles à observer en raison de leur petite taille, de leur mimétisme et de leur activité exclusivement nocturne. En journée, ils trouvent abri dans les fissures rocheuses où ils sont parfois visibles. Il est donc important de bien caractériser l'impact de la détection sur les connaissances de la distribution de cette espèce.
Une étude-pilote basée sur des prospections réalisées de jour et de nuit a été menée en 2018 sur les îles du Frioul et de Porquerolles. Les résultats ont permis de proposer un protocole étendu aux autres îles et îlots des deux parcs nationaux afin de suivre des changements d'occupation de l'espace par cette espèce sur le moyen-long terme.
Suivi de l’évolution de l’abondance du Pic de la Guadeloupe (Melanerpes herminieri) (PN de la Guadeloupe)
Le Pic de la Guadeloupe (Melanerpes herminieri) est le seul pic sédentaire des Petites Antilles et l’unique oiseau endémique de la Guadeloupe. Il est classé « quasi-menacé » selon l’UICN France. Pour réévaluer régulièrement son statut, il est important de s’appuyer sur des estimations de tendances d’abondances les plus précises possibles.
Un protocole basé sur des parcours de transects dans différents milieux parcourus à pied a été initié en 2009 sur l’emprise du PN de la Guadeloupe. La collecte des données est assurée chaque année par les agents du parc national, avec un temps dédié important. Cependant, les données collectées jusqu’à présent n’ont été que très peu analysées et l’établissement s’interroge sur la capacité du protocole à répondre aux questions posées.
Pour évaluer le protocole, il semblait dans un premier temps primordial d’analyser les données historiques collectées. Pour cela, nous avons utilisé des méthodes récentes (N-mixture dynamique). Les résultats doivent permettre d’orienter les décisions du PN quant à la poursuite du protocole et son éventuelle évolution, ou sur son abandon.
Rapport d’analyse disponible sur demande.
Suivi des tendances des effectifs nicheurs de Crabier blanc (Ardeola idae) par survol en drone des colonies de reproduction de Mayotte (Parc naturel marin de Mayotte)
Le Crabier blanc (Ardeola idae) est une espèce d'Ardéidé classée « en danger d’extinction » à l’échelle mondiale. La population nicheuse française, composée de plusieurs dizaines de couples sur Mayotte, fait l’objet d’un Plan national d’action.
Le Parc naturel marin (PNM) de Mayotte souhaite mettre en place un indicateur des tendances de la population nicheuse de l’île qui soit le plus précis possible et obtenu à un coût raisonnable. Depuis quelques années, les effectifs sur les colonies sont estimés par photo-interprétation de clichés réalisés par drone une fois par mois tout au long de la période de reproduction. L’utilisation de ces techniques offre de nombreuses possibilités pour répondre à cette question compte-tenu de l’inaccessibilité des nids à l’observation par voie pédestre. Ces suivis des colonies nicheuses sont assurés par le GEPOMAY, association ornithologique locale.
En 2019, une étude pilote a permis de caractériser les variations d’abondance (comptages) des adultes, juvéniles et nids au cours de la journée et au sein de la saison de reproduction. L’utilisation de méthodes de Capture-Recapture à partir de clichés obtenus par drones permet d’estimer les abondances des nids malgré leur détection non-exhaustive. Les résultats produits fournissent les éléments nécessaires pour estimer des tendances des effectifs de populations de crabiers avec un bon degré de précision.
- Suivi des tendances des effectifs nicheurs de Crabier blanc Ardeola idae par survol en drone des colonies de reproduction de Mayotte. Rapport méthodologique, protocole version 1. Coopération OFB-CEFE. 2022, 52p.
- Couturier, T., Gaillard, L., Vadier, A. et al. Airborne imagery does not preclude detectability issues in estimating bird colony size. Sci Rep 14, 3673 (2024).
Suivi des tendances des effectifs des chiroptères sur les sites hivernaux de la région Bourgogne (Société d’Histoire naturelle d’Autun)
Bon nombre d’espèces de chiroptères font l’objet de dénombrements en hiver dans leurs cavités d’hibernation (grottes, souterrains, ponts...). Certains sites accueillent parfois des effectifs très élevés, ce qui leur confère un enjeu de conservation fort justifiant un suivi régulier, bien souvent réalisé par des bénévoles naturalistes. Une multitude de cavités dispersées peuvent également accueillir certaines espèces en moins grands effectifs, mais pourraient toutefois jouer un rôle non négligeable dans le maintien de populations de ces espèces. Par ailleurs ce système est dynamique et les effectifs dans les cavités peuvent parfois évoluer fortement en quelques années.
La région Bourgogne a une forte responsabilité en termes de conservation des Chiroptères, avec plus de 15000 individus recensés en période hivernale pour quatre espèces de l’annexe II de la Directive habitats : Grand murin (Myotis myotis), Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), Grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) et Petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros). Le grand nombre de sites d’hibernation connus et la découverte continue de nouveaux sites ne permet pas de maintenir des comptages sur l’ensemble de ces sites chaque année. Ceci conduit les observateurs à choisir arbitrairement les sites à suivre. Cependant l’exploitation statistique des données ainsi collectées sans plan d’échantillonnage formalisé pour estimer des tendances de population est difficile, voire impossible.
La Société d’histoire naturelle d’Autun coordonne ces suivis depuis plus de 20 ans, suivis qui sont réalisés par un réseau de bénévoles (Groupe Chiroptères Bourgogne). Elle souhaite donc développer et mettre en œuvre un protocole reposant sur un plan d’échantillonnage rigoureux permettant d’estimer ces tendances à l’échelle régionale. Pour cela, nous avons testé plusieurs plans d’échantillonnage spatiaux et temporels et avons comparé la précision et le biais des taux de croissance des effectifs estimés afin de fournir des recommandations sur plan d’échantillonnage à déployer dans le futur, qui soit compatible avec les ressources humaines disponibles.
Rapport à paraître en septembre 2024
Suivi démographique transfrontalier de la Dauphinelle des montagnes (Delphinum montanum), plante d’éboulis rare et menacée de l'est des Pyrénées (Fédération des réserves naturelles catalanes)
Depuis 2012, le réseau FloraCat réunit botanistes et gestionnaires d’espaces naturels des Pyrénées-Orientales et d’Ariège, de Catalogne et d’Andorre dans l’objectif de mettre en place des suivis communs de 10 espèces floristiques d’intérêt majeur pour l’Est des Pyrénées (espèces en limite d’aire de répartition, ou encore endémiques).
La Dauphinelle des montagnes (Delphinium montanum) est une renonculacée endémique de l’Est des Pyrénées connue sur un nombre de localités faible sur milieux d’éboulis plus ou moins stables de haute montagne. Elle a été classée vulnérable dans plusieurs évaluations régionales. Il est donc important d’estimer les tendances des effectifs de cette espèce afin de réévaluer régulièrement son statut.
Une étude-pilote lancée au cours de l’été 2021 a permis :
- de mieux caractériser l’hétérogénéité spatiale de l’occupation de l’espèce au sein de certaines populations,
- d’estimer la probabilité de détection des individus et d’identifier les variables qui peuvent l’affecter.
Les données collectées permettent de proposer un plan d’échantillonnage (spatial et temporel) adapté pour estimer les tendances des effectifs à moyen-long terme. L’état initial de ce suivi a été lancé sur la réserve naturelle nationale d’Eyne en août 2024.
Rapport à paraître en octobre 2024
Suivi des tendances des effectifs du Glaïeul des marais en Haute-Savoie (Asters - CEN Haute-Savoie)
Le Glaïeul des marais (Gladiolus palustris) est une espèce « vulnérable » en région Rhône-Alpes, suivie depuis plusieurs années par Asters (CEN Haute-Savoie).
Une étude-pilote conduite en 2021 sur une population a permis de mieux caractériser :
- les biais relatifs à la détection des individus en lien avec l’avancée de la saison de floraison
- et l’hétérogénéité spatiale des abondances en individus.
L’analyse des données collectées a permis d’élaborer un plan d’échantillonnage permettant d’estimer les tendances des effectifs des populations à moyen-long terme. L’état initial de ce suivi a été lancé sur plusieurs stations de présence de l’espèce en Haute-Savoie en Juin 2024.
Rapport à paraître en octobre 2024
Étude de la distribution du bouquetin des Alpes (Parcs nationaux alpins)
Le Bouquetin des Alpes (Capra ibex) est une espèce emblématique du patrimoine alpin. Chassée comme gibier, l'espèce était au bord de l'extinction à la fin du 19ème siècle. Les réintroductions successives sur l'arc alpin ont permis d'améliorer son état de conservation. Cette restauration est un succès sans précédent en biologie de la conservation et sert de modèle de réussite dans les démarches de restauration de la biodiversité. Cependant, l’espèce souffre d’un appauvrissement de son patrimoine génétique compte-tenu du fort morcellement historique des populations, ayant entraîné un « goulot d’étranglement génétique ». Cette baisse conséquente de la diversité génétique peut influencer la capacité des populations à résister aux maladies et à s'adapter à de nouvelles contraintes environnementales telles que des changements climatiques.
Les parcs nationaux alpins souhaitent mettre en place un plan d’échantillonnage pour collecter des données en présence-absence de l’espèce afin de modéliser son aire d’occurrence actuelle. La répétition de ce protocole à long-terme permettra de suivre les dynamiques de colonisation-extinction de l’espace par les populations, en lien avec les changements globaux. Un protocole conçu avec les trois parcs nationaux alpins a été testé en 2022 sur le Parc national du Mercantour. Les résultats de cette pré-étude permettent de fournir des recommandations pour le futur plan d’échantillonnage à déployer.
Rapport à paraître en 2024
À venir en 2025
Mise en place d’une méthode de suivi des populations d’Agrion orné (Coenagrion ornatum) au cœur de son aire de répartition française (Société d’histoire naturelle d’Autun)
L’Agrion orné (Coenagrion ornatum) est une libellule (demoiselle) qui occupe des petits ruisseaux faiblement courants et des sources suintantes dans des prairies pâturées en contexte bocager, principalement en Bourgogne. Elle dépend ainsi de pratiques agricoles extensives qui ont tendance à disparaître au profit de cultures intensives. Le changement climatique et les sécheresses printanières et estivales pourraient également impacter l’espèce. Elle est aujourd’hui considérée comme quasi-menacé à l’échelle européenne et française.
L’objectif de cette étude est de mettre en place un suivi des tendances de l’occupation spatiale et des effectifs d’Agrion orné à l’échelle de son aire de distribution française. On suspecte d’importants biais de détection compte-tenu de la discrétion de l’espèce et de sa courte durée de vol. Une étude-pilote a été lancée en 2023 afin d’estimer ces biais. Les résultats permettront de calibrer le futur plan d’échantillonnage temporel et spatial.
Suivi des tendances des effectifs du Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus) sur les principales stations de plaine française (Parc national de forêts)
Le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus) est une espèce classée vulnérable sur la liste rouge de la flore française. Cette orchidée est emblématique des milieux montagnards à submontagnards. Toutefois, certaines populations sont présentes en plaine, entre 300 et 500m d’altitude. C’est notamment le cas sur le plateau de Langres, qui abrite les derniers bastions de population de plaine pour l’espèce. Cette situation a constitué un argument fort pour la création du Parc national de forêts. Les populations de ces secteurs, en limite d’aire occidentale de l’espèce, pourraient être fortement menacées par le changement climatique. La fermeture des milieux constitue une autre menace potentielle.
Sur l’emprise du Parc national de Forêts, des stations à Sabots sont suivies depuis une trentaine d’années par l’ONF, le CEN, le CBN, par des bénévoles, et depuis récemment par les agents du Parc national. Toutefois les protocoles déployés diffèrent entre structures, ce qui empêche toute généralisation des tendances à l’échelle du Parc national. Par ailleurs, certaines sources de biais telles que la détection non-exhaustive des individus ne sont pas contrôlées.
L’objectif de cette étude est de mettre en place un suivi des tendances des effectifs de Sabots de Vénus harmonisé à l’échelle du Parc national de forêts et sur certaines populations limitrophes. Pour y parvenir, nous nous appuyons sur un diagnostic sur les différents protocoles déployés antérieurement et sur les résultats d’une étude-pilote réalisée en 2024. Cette étude avait pour objectifs d’estimer les biais de détection des individus, en lien avec la phénologie de l’espèce.
Mise en place d’un nouveau protocole de suivi des Rhopalocères et Zygenidés de France à destination des gestionnaires d’espaces naturels protégés (Réserves naturelles de France)
Les Lépidoptères diurnes sont de bons indicateurs de la qualité des habitats en raison de la grande diversité des espèces, de leurs exigences écologiques variées et de leur cycle de vie court. Ils sont par ailleurs très sensibles au réchauffement climatique, à l’intensification des pratiques agricoles et à la fragmentation des habitats. Il est donc important de suivre les tendances de ce groupe taxonomique à l’échelle nationale. Les gestionnaires d’aires protégées souhaitent, quant à eux, estimer les tendances locales, en lien avec les mesures de gestion mises en place. Pour répondre à ces deux questions différentes, deux protocoles ont été déployés en France : le suivi temporel des Rhopalocères de France (STERF) initié en 2006, inspiré du « Butterfly Monitoring Scheme » européen ; et le protocole « RNF » initié en 1994 par les Réserves naturelles de France. Cependant, ce second protocole mobilise un effort de terrain très important, difficilement compatibles avec les moyens humains disponibles dans les espaces protégés.
L’objectif de cette étude est de déployer un nouveau protocole, qui pourrait s’intituler « STERF gestionnaires ». Ce protocole devra répondre prioritairement à la question des tendances locales des Rhopalocères diurnes, et idéalement pouvoir alimenter les bases de données nationales (STERF « généraliste »). Les données collectées via le protocole « RNF » seront utilisées pour étudier les variations spatiales (différentes régions bioclimatiques et altitudes) et temporelles (phénologie, tendances inter-annuelles) des effectifs de rhopalocères. Ces analyses permettront ensuite de calibrer le plan d’échantillonnage temporel et spatial pour la mise en place du nouveau protocole STERF gestionnaires.
Suivi des tendances d’occupation et de recouvrement des herbiers aquatiques des lacs de montagne Vosgiens (Conservatoire d’espaces naturels de Lorraine)
Les herbiers aquatiques ont un rôle écologique important dans des lacs de montagne. Les lacs Vosgiens abritent notamment les derniers herbiers à Isoètes de la région Grand Est, ainsi que d’autres espèces caractéristiques des milieux froids. Ces herbiers sont fortement liés au climat montagnard. Leur développement pourrait donc être impacté par le changement climatique. L’amplification du tourisme exerce également une pression sur ces herbiers, notamment par le piétinement des espèces lors des activités de baignade.
L’objectif de cette étude est de suivre la distribution et le recouvrement des herbiers aquatiques sur les pourtours des lacs Vosgiens. Une étude-pilote, menée en 2023, a permis de tester un protocole permettant d’estimer les variations d’occupation spatiale de plusieurs espèces composant les herbiers aquatiques sur plusieurs secteurs des lacs de Retournemer et Longemer. En complément, un test de cartographie des zones de présence des herbiers à partir de données satellitaires sentinel-2 est en cours. De nouvelles données de présence d’herbiers ont été collectées l’été 2024 sur le lac de Gérardmer. Les résultats de ces deux approches permettront de calibrer le futur plan d’échantillonnage temporel et spatial à l’échelle des lacs Vosgiens.
Indicateurs de l’état de conservation des habitats
Certaines espèces peuvent être qualifiées d’indicatrices de la qualité de l’environnement et de son évolution au cours du temps. Cependant, l’identification de ces espèces peut s’avérer complexe, notamment pour les taxons qui comprennent plusieurs centaines voire milliers d’espèces et différents niveaux de rareté. Le réseau français des aires protégées offre une grande variété de milieux permettant d’établir le lien entre espèces et variables biotiques ou abiotiques. Ce sont donc des territoires particulièrement adaptés pour l’identification/la définition de ces espèces indicatrices.
À venir en 2024 ou 2025
Evaluer le niveau de complétude des inventaires obtenus avec le protocole Syrph The Net (StN) dans les espaces naturels protégés en France
Les syrphes utilisent quasiment tous les compartiments des écosystèmes et possèdent des relations trophiques variées. Le protocole Syrph The Net utilise ces diptères comme bio-indicateurs pour évaluer l’intégrité écologique d’habitats ou de sites (complexes d’habitats). Ce protocole est déployé en France sur 83 sites gérés par plus de 35 organismes (Réserves naturelles, CEN, ENS, etc.).
Le protocole consiste à inventorier l’ensemble des espèces de la communauté d’un site, piégées au moyen de tentes Malaise. La liste d’espèces observées est ensuite comparée à une liste d’espèces « attendues » dépendant de la localité du site et des habitats présents. Les espèces « manquantes » permettent alors de poser des diagnostics afin d’identifier les compartiments ou processus de l’écosystème faisant défaut.
Aujourd’hui, les difficultés portent sur la capacité à quantifier le niveau de complétude des inventaires et à identifier les paramètres qui pourraient influencer ce niveau de complétude (traits de vie des espèces, habitat…). Pour répondre à ces premières questions, les données collectées sur les réserves ayant appliqué le protocole Syrph the Net ont été analysées. Les résultats doivent permettre de fournir des recommandations pour optimiser l’effort d’échantillonnage.
Rapport à paraître en 2024
Validation du cortège de macrolichens indicateurs de longue continuité écologique dans les forêts du PN des Cévennes (Parc national des Cévènnes)
Certaines espèces de macrolichens pourraient être de bons indicateurs du niveau d’ancienneté et/ou de maturité des peuplements forestiers. Le Parc national des Cévennes (PNC) souhaite mettre en place une étude visant à établir la liste de ces espèces indicatrices dans les forêts domaniales situées en zone cœur du PNC. Une telle liste permettrait de proposer des plans de gestion forestiers adaptés au maintien d’une continuité écologique de ces forêts anciennes et/ou matures. Toutefois, une fraction importante des lichens est difficile à détecter. On peut ainsi suspecter que certaines espèces soient ratées ; le temps nécessaire pour capter l’ensemble du cortège d’espèces présentes sur une unité définie peut alors être considérable. Il dépend notamment du nombre d’arbres échantillonnés par unité et de l’expérience des observateurs.
Une étude-pilote conduite entre 2021 et 2024 a consisté à réaliser des relevés des macrolichens par plusieurs observateurs sur des placettes composées de différentes essences forestières. Les observateurs relevaient également sur ces placettes des variables liées au degré de maturité et d’ancienneté des peuplements. L’analyse de ces données permettra de calibrer l’effort à investir pour s’assurer de détecter les espèces de macrolichens d’intérêt.
Rapport à paraître en 2024
Prise en compte des communautés d’araignées dans l’évaluation de l’état de conservation des habitats pelousaires (Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France)
Depuis le début du XXe siècle, 50 à 75% des pelouses sèches auraient disparu en France. Ces habitats d’intérêt prioritaire au niveau européen nécessitent une évaluation de leur état de conservation. Cette évaluation repose essentiellement sur des approches floristiques, notamment phytosociologiques. La structure de la végétation, mais aussi l’entomofaune associée, sont encore peu pris en compte lors de cette évaluation. Les araignées pourraient être de bons indicateurs de l’état de conservation de ces pelouses sèches en raison de la grande diversité d’espèces et de leur absence de spécialisation à certaines plantes hôtes (contrairement aux papillons). Par ailleurs, la détermination des espèces peut s’appuyer sur la disponibilité d’une communauté d’experts au niveau national.
L’objectif de cette étude est de mesurer les effets de la structure de végétation (notamment le recouvrement en brachypode et en ligneux) sur les communautés d’araignées en pelouses calcicoles. Ce travail permettra ainsi d’identifier certaines espèces et certaines variables environnementales à considérer lors de l’évaluation de l’état de conservation de ces habitats. Pour parvenir à ces objectifs, nous nous appuyons sur l’analyse d’un premier jeu de données collecté en 2021, complété par une étude-pilote menée en 2023 à l’échelle de cinq sites gérés par le CEN Hdf.
Rapport à paraître en 2025
À noter / Caractérisation de l’occupation spatiale de Dolomedes plantarius en lien avec la restauration éco-hydrologique de marais tourbeux alcalins (Conservatoire d’espaces naturels de Picardie)
Les Dolomèdes sont des araignées vivant exclusivement à proximité des zones humides pérennes (marais, bords de rivières calmes, tourbières, etc.). L’une des deux espèces présentes en France métropolitaine, Dolomedes plantarius, est classée « vulnérable » sur la liste rouge mondiale des espèces menacées. Les populations du nord de la France représentent un réel enjeu pour sa conservation.
Le projet européen LIFE Nature « Anthropofens » vise à restaurer 480 ha de tourbières alcalines dans 13 sites Natura 2000, en régions Hauts-de-France et Wallonie, pour une durée de 6 ans. Les travaux de restauration écologique consistent notamment à rétablir un fonctionnement hydraulique naturel. Des suivis écologiques sont envisagés sur toute la durée du projet en particulier en début (2020-2021) et fin de projet (2024) afin de comparer l'état des sites avant et après travaux.
Dolomedes plantarius a été retenue comme indicateur de suivi de l’efficacité des travaux. Toutefois, il s’agit d’une espèce dont la détection est faible et probablement variable dans le temps et dans l’espace. Par ailleurs, aucune information n’est disponible sur les changements éventuels d’occupation spatiale de cette espèce en réponse aux variations spatio-temporelles des niveaux d’eau. L’espèce pourrait ainsi souffrir des assecs rencontrés sur certains secteurs de tourbières. Cette étude cherchera ainsi à évaluer les effets des variations hydrologiques saisonnières sur l’occupation spatiale de l’espèce. Les résultats obtenus devraient permettre de guider les orientations de gestion hydraulique.
Collecte des données programmée au printemps 2022