Concevoir des suivis de la biodiversité

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Lac Mercantour
Parc national du Mercantour (A. Jailloux / OFB)

La préservation de la biodiversité requiert au préalable des connaissances précises de son état de conservation. Les gestionnaires d’aires protégées ont ainsi pour mission de développer la connaissance de la biodiversité, d’assurer un suivi scientifique au regard des changements globaux, et d’évaluer l’efficacité des mesures de gestion mises en œuvre pour préserver ces patrimoines naturels. À travers déjà près de 30 sujets, des éléments méthodologiques et techniques sont ici développés en coopération et mis à disposition.

Fournir un appui aux gestionnaires d’aires protégées

Une coopération OFB et CNRS

Pour soutenir cet objectif, l'Office français de la biodiversité (OFB) et le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (UMR 5175 Cefe) ont mis en place en 2018 une coopération visant à :

  • fournir un appui méthodologique et statistique pour la conception et la mise en œuvre d’opérations scientifiques (inventaires, suivis, etc.),
  • permettre un transfert continu de compétences, de savoirs et de méthodes à l'ensemble des gestionnaires d’espaces naturels.

Initié au profit des parcs nationaux, depuis début 2020 il est ouvert aux autres réseaux d’aires protégées françaises : parcs naturels marins, réserves naturelles, parcs naturels régionaux, espaces naturels sensibles, sites acquis par les conservatoires d'espaces naturels, Natura 2000, etc.
Pour cela, deux appels à manifestation d'intérêt ont été lancés en 2019 et en 2022. Cette coopération est également inscrite dans le premier plan d’actions national de la Stratégie nationale pour les aires protégées 2030.
Au 1er mai 2024, près de 30 sujets ont été accompagnés / sont en cours d’accompagnement dans le cadre de cette coopération.

Des rapports détaillés conçus pour les gestionnaires

Chaque sujet étudié dans le cadre de la coopération fait l’objet d’un rapport détaillant les choix méthodologiques et techniques retenus pour concevoir le protocole de l’opération scientifique.

Chaque protocole conçu doit permettre de répondre à une ou plusieurs questions posées par un gestionnaire ou un collectif de gestionnaires. Ces rapports incluent notamment les éléments suivants :

  • contexte sur le sujet étudié, (re)formulation de(s) question(s) posée(s), choix méthodologiques,
  • stratégie d’échantillonnage, techniques de collecte de données sur le terrain et moyens nécessaires,
  • analyse des données, références bibliographiques, transférabilité du protocole, etc.

Ces protocoles peuvent faire l’objet de modifications au cours du temps (évolution des questions et/ou de l’échelle de l’étude, nouvelles techniques de relevés, méthodes d’analyses, etc.). Toute modification apportée au protocole entraînera la publication d’une nouvelle version du rapport en question.

Nouveaux livrables

      Les différentes étapes suivies pour chaque sujet étudié

      Depuis 2018, près de 30 sujets ont été traités ou sont en cours de traitement dans le cadre de cette coopération. Tous suivent le déroulement suivant :

      • définition précise de la question à laquelle l’opération scientifique devra répondre ;
      • synthèse bibliographique sur les espèces et/ou habitats et sur les méthodologies existantes pour traiter la problématique ;
      • déplacements sur le terrain, rencontres avec les services scientifiques, les chargés de mission ainsi que les agents de terrain pour bien clarifier les objectifs, prendre conscience du terrain et des difficultés potentielles ;
      • consultation d’experts (en interne aux aires protégées mais aussi chercheurs, associations, bureaux d’études, etc.) sur les espèces et/ou les milieux concernés ;
      • pré-analyse de données existantes le cas échéant, puis réalisation de tests de puissance à partir de données issues de pré-études ;
      • communication auprès des différents parcs nationaux et autres aires protégées tout au long des étapes.

      Contacts

      Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive

      Aurélien Besnard – aurelien.besnard@cefe.cnrs.fr

      Office français de la biodiversité

      Adrien Jailloux – adrien.jailloux@ofb.gouv.fr
      Thibaut Couturier – thibaut.couturier@ecomail.fr

      Améliorer les connaissances afin mieux préserver la biodiversité : les travaux

      La préservation de la biodiversité requiert au préalable des connaissances précises de son état de conservation. Pour obtenir cette information, il est essentiel de mettre en place des suivis de distribution et d’abondance d’espèces ou encore d’utiliser des indicateurs d’état de conservation des habitats. Il est également important de bien identifier et quantifier les effets des nombreuses pressions (réchauffement climatique, changements d’usage des terres, perturbations, etc.) qui pèsent sur la biodiversité avant d’engager des mesures de conservation permettant d’enrayer son déclin, telles que des actions de restauration.

      Évaluer l’état de conservation de la biodiversité

      Évaluer l’état de conservation de la biodiversité dans un espace naturel | Page éditoriale

      De nombreuses espèces ou habitats ont des états de conservation préoccupants à l’échelle nationale ou régionale. Les espaces naturels protégés qui les abritent ont bien souvent une forte responsabilité pour leur protection. Leur statut de conservation doit être régulièrement réévalué, afin de les inscrire si nécessaire dans les listes correspondantes et d’engager des mesures de gestion et de conservation adaptées. Comment ?

      Identifier et quantifier les pressions

      Au niveau mondial, le rythme d’extinction des espèces animales et végétales et la dégradation des écosystèmes qui sont déjà supérieurs au rythme naturel devraient encore s’accélérer dans les prochaines années sous la pression de plusieurs changements globaux. Dans l’Hexagone, en Corse et en Outre-mer, les espaces naturels protégés sont particulièrement concernés, à différents degrés, par le réchauffement climatique, les changements d’usage des terres et mutations agricoles, l’augmentation des incendies, les risques de pollution etc. Les sujets traités dans le cadre de cette coopération abordent une grande partie des enjeux rencontrés dans les aires protégées françaises.

      Le réchauffement climatique : des impacts majeurs sur la biodiversité à suivre et évaluer | Page éditoriale

      De nombreux travaux scientifiques prédisent que le réchauffement climatique a, et aura, des impacts majeurs sur la biodiversité. Selon leurs capacités d’adaptation, les espèces animales et végétales ont des réponses très différentes. Les aires protégées, de par leurs contextes géographiques, climatiques et géomorphologiques variés, sont des espaces privilégiés pour étudier ce phénomène. C’est particulièrement le cas sur certains reliefs où l’on retrouve des espèces reliques glaciaires, les plus sensibles à une hausse des températures.

      Changements d'usage des terres et mutations agricoles : comprendre les conséquences sur la biodiversité | Page éditoriale

      Les changements d'usages des terres sont considérés comme la première cause d’érosion de la biodiversité. L’intensification de l’agriculture, très marquée en Europe, provoque un déclin important de nombreuses espèces. Dans les régions méditerranéennes, un abandon progressif est plutôt observé pour certaines pratiques agricoles comme le pastoralisme, sur des portions importantes du territoire. La recolonisation de ces espaces par la forêt entraîne une perte de biodiversité, notamment de la faune caractéristique des milieux ouverts.

      Les perturbations : incendies, pollutions et maladies | Page éditoriale

      Ces perturbations ont des conséquences importantes sur la faune et la flore. La dynamique de récupération des populations après ces perturbations dépend largement des traits d’histoire de vie des espèces considérées : longévité, fécondité et capacité de déplacement. Connaître ces différentes trajectoires est essentiel pour mettre en place des mesures de gestion post-perturbations adaptées et évaluer leurs effets.

      Agir par des actions de restauration

      Les écosystèmes, lorsqu’ils sont fortement dégradés, peuvent nécessiter une intervention humaine pour retrouver un bon état de conservation. C'est la restauration écologique, c’est à dire l'action de rétablir un système écologique dans un état de référence historique. Les écosystèmes de certains espaces naturels protégés sont soumis à des états de dégradation importants. Ils constituent alors de véritables « laboratoires » pour expérimenter différentes actions de restauration.

      Restaurer des écosystèmes fragilisés par les espèces exotiques envahissantes | Page éditoriale

      L’introduction d’espèces exotiques envahissantes est une cause majeure d’extinction des espèces animales natives. Des opérations de restauration écologique basées sur une lutte contre les espèces envahissantes et sur le maintien, voire l’expansion d’espèces indigènes peuvent rétablir la fonctionnalité des écosystèmes originels.

      Rétablir la connectivité d’habitats fragmentés ou leur fonctionnement écologique ou hydrologique | Page éditoriale

      Lorsque des milieux sont fragmentés et/ou leurs fonctionnement modifiés (eau, sol...), la biodiversité s'en trouve impactée de même les services qu'ils rendent aux humains. Comprendre comment les espèces se déplacent dans ces paysages fragmentés, ou comment les milieux réagissent à un changement, est donc essentiel pour mettre en place des actions visant à les restaurer.