La morphologie des cours d’eau à la loupe – Carhyce

Afin de dresser un diagnostic de la qualité hydromorphologique des cours d’eau, comme le requiert dorénavant la directive cadre sur l’eau, l’Onema pilote la mise en place d’un suivi national des caractéristiques physiques des cours d’eau. Pour cela, il a élaboré, avec ses partenaires, un protocole de mesures de suivi - le protocole Carhyce - qui a été déployé en 2009 sur des stations du réseau de contrôle de surveillance. Ce suivi est désormais intégré dans le programme de contrôle de surveillance lié à la directive cadre sur l’eau.

Comment mesurer finement, à l’échelle d’une station, les caractéristiques physiques d’un cours d’eau ? Pour répondre à la demande de la directive cadre sur l’eau qui impose de prendre en compte ces caractéristiques dans l’évaluation de la qualité écologique des eaux de surface, un groupe d’experts de l’Onema, des agences de l’eau, du ministère en charge de l’Écologie, du Cemagref, des universités et du CNRS s’est réuni dès 2007 pour mettre au point une méthodologie et élaborer un protocole standard et national.

Le travail de terrain des délégations interrégionales de l’Onema et des bureaux d’études mandatés par les agences de l’eau Loire-Bretagne et Rhône-Méditerranée-Corse a permis de tester le protocole à l’échelle nationale, sur 70 cours d’eau. A l’issue de cette phase de test, le protocole a été optimisé et les 600 agents des services départementaux de l’Onema ont été formés. Le protocole Carhyce a ensuite été déployé prioritairement sur les stations de référence du Réseau de contrôle et de surveillance (RCS). Ces stations ont été choisies pour leur image représentative des cours d’eau français et pour l’historique des données biologiques dont elles disposent.

Un premier suivi sur 240 stations

Au total, près de 240 stations ont été échantillonnées en 2009. Sur le terrain, les agents ont ainsi relevé de nombreux paramètres : la géométrie du lit du cours d’eau - largeur, profondeur, pente de la ligne d’eau - le débit, les faciès d’écoulement, la granu-lométrie, le substrat (minéral et organique), le colmatage du lit, la nature et la structure des berges et de la ripisylve. Les données recueillies sont saisies dans une base de données et analysées avec l’appui du pôle d’hydro-écologie de Lyon, du Cemagref et de l’université de Metz.

Centraliser les données

Les agents de terrain procèderont désormais tous les six ans à ce contrôle des données hydromorphologiques sur l’ensemble des sites du programme de surveillance. En 2010, le protocole débouchera sur l’élaboration d’un guide méthodologique et sur une circulaire ministérielle. Une base nationale unique de données permettra de rassembler les données cartographiques et de terrain pour les confronter aux informations sur l’état des populations biologiques présentes dans les cours d’eau. La centralisation des données a pour objectif d’établir un lien entre l’état des peuplements aquatiques, la dégradation de leur habitat et, à plus large échelle, les pressions physiques globales. L’Onema est chargé de la maîtrise d’ouvrage de cette banque nationale des données hydromorphologiques.

A terme, le protocole Carhyce permettra de suivre l’évolution des caractéristiques hydromorphologiques d’un cours d’eau lors d’une opération de restauration et évaluer ainsi les bénéfices écologiques de l’opération. Il est déjà utilisé pour le suivi de l’évolution des caractéristiques hydromorphologiques dans le cadre de la restauration d’une portion de plus de 2 km de la Veyle dans le département de l’Ain.

Contact : jean-marc.baudoin@afbiodiversitefr

Septembre 2010
Les temps forts 2009

Aller plus loin

Interviews de partenaires

 

Stéphane Stroffek / Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse

Les altérations physiques des milieux aquatiques sont un facteur majeur de la dégradation écologique des cours d’eau : dans le bassin Rhône-Méditerranée, il a été estimé qu’elles compromettent l’atteinte de l’objectif de bon état écologique en 2015 pour environ deux tiers des cours d’eau du bassin...

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Le label « Rivière sauvage » est en cours d’élaboration sous l’égide du WWF. Nous avons, en effet, constaté et, avec nous, l’Onema et les services de l’État, un manque de lisibilité, pour le grand public, de la nécessité de conserver les écosystèmes aquatiques en excellent état...

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