Écoconcevoir les projets de parcs éoliens en mer (offshore)
Le développement de l’éolien en mer soulève des questions sur son impact sur les écosystèmes marins. Un référentiel technique recense les connaissances actuelles et propose des mesures pour limiter ces effets. Des études en cours et des retours d’expérience étrangers viennent compléter ces travaux pour affiner les stratégies de gestion et de planification maritime.
Comparées à des activités largement documentées, telles que la pêche maritime et l’aquaculture, les recherches restent encore limitées sur les interactions entre les parcs éoliens en mer et les écosystèmes marins.
Néanmoins, le développement des parcs éolien en mer ces dernières décennies, en particulier dans les pays d’Europe du Nord, a engendré une multiplication de travaux de recherche sur l’impact de cette activité sur les écosystèmes marins permettant ainsi de bénéficier d’un premier retour sur ce sujet ainsi que de premières prospectives sur les pressions exercées et leurs impacts sur la biodiversité.
Un Observatoire national de l’éolien en mer depuis 2022
L’Observatoire national de l'éolien en mer (Onem) est codéveloppé avec l’Ifremer et valorise les connaissances existantes, et mène de nouveaux programmes d’acquisition de connaissances sur le milieu marin et les impacts de l’éolien en mer.
Il a été mis en place par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, le ministère de la Transition énergétique et le secrétariat d’État chargé de la Mer.
Impacts sur la biodiversité : un premier état de l’art de la connaissance
Esco - Expertise Scientifique Collective relative aux impacts des éoliennes en mer sur la biodiversité et les écosystèmes marins et côtiers (en cours)
L’Esco Éoliennes en mer a pour objectif d’établir l’état de l’art et la synthèse critique des connaissances scientifiques sur les effets des parcs éoliens en mer et de leurs raccordements sur les milieux marins et côtiers, dans toutes leurs dimensions, en s’appuyant sur la littérature scientifique disponible en France et à l’étranger.
Effets cumulés des projets d'énergies marines renouvelables
Le groupe de travail sur les effets cumulés des projets d’énergies marines renouvelables sur l’environnement matin (GT Ecume) créé en 2018 est chargé de proposer une méthode d’évaluation environnementale du cumul des effets des projets d’énergies renouvelables en mer sur la biodiversité et les écosystèmes marins. Piloté par les ministères en charge de l’environnement et de l’énergie et coordonné par l’Ineris, il s’appuie sur un réseau d’experts d’organismes scientifiques. Ses objectifs incluent :
- l’amélioration des évaluations des projets d’énergies renouvelables en mer,
- l’identification des lacunes scientifiques
- et la prise en compte d’autres pressions écologiques.
Des recherches complémentaires explorées en triptyques :
- angle infrastructure : le bruit marin (Bruit Ecume), la pollution des anodes sacrificielles (Polluecume) et la modification des habitats marins (Habecume),
- volet oiseaux et chiroptères pour l'analyse les impacts des parcs de l’Atlantique : Bird Risk (collisions cumulées), Birdmove (déplacements) et Bird Dynamic (dynamique des populations).
Zoom sur : le bruit sous-marin lié à l'éolien en mer
Les activités liées à la mer, qu’elles soient biologiques, géologiques ou humaines, émettent une grande variété de sons. Se propageant beaucoup plus loin dans l’eau que dans l’air, le bruit tient une place prépondérante dans le monde aquatique. Diverses espèces, dont celles de mammifères marins, utilisent par exemple l’acoustique pour communiquer, se reproduire, repérer des proies ou des prédateurs et développer des stratégies de réponse.
L’augmentation rapide du bruit ambiant issu d’activités humaines a conduit les scientifiques à s'interroger sur les impacts de la pollution sonore sur les écosystèmes marins, suite notamment aux premières alertes avec l'observation d'échouages en masse de baleines à bec. La directive européenne cadre Stratégie pour le milieu marin (DCSMM) reconnaît les risques liés à la pollution sonore sous-marine depuis 2008. Étudier et caractériser la pression des sons anthropiques exercée sur l’écosystème marin est primordial pour en évaluer les risques.
Plaquette présentant en infographies synthétiques les sources, impacts et pistes d'amélioration pour Le bruit sous-marin de l'éolien en mer (SIMM)
Solutions d’atténuation : de premières préconisations techniques
Au regard des incidences potentielles des parcs éoliens offshore sur la biodiversité, il importe d'éviter autant que possible leur implantation sur les sites écologiquement sensibles et de mettre en place des mesures de réduction adaptées aux phases de chantier puis d'exploitation.
Appui au choix des sites d’implantation des projets
Dans le cadre de sa politique de réduction des émissions de carbone, la France a décidé de diversifier ses sources de production d’électricité. Afin de contribuer à cet effort de décarbonation, le Président de la République a fixé un objectif de développement de l’éolien en mer : 45GW installés à l’horizon 2050 pour couvrir 20% de la production nationale. Comme toute activité, l’installation, la mise en service et l’entretien de champs d’éoliennes en mer auront un impact sur la biodiversité. Les zones d’installation des parcs éoliens en mer ont été définies sur l’ensemble des façades maritimes dans le cadre d’une grande phase de concertation, en tenant en compte des données sur la biodiversité et des cartes d’enjeux écologiques issues de l’OFB. Ces éléments s’appuient notamment sur des données issues des projets financés dans le cadre de l’Observatoire national de l'éolien en mer.
Les synthèses des enjeux environnementaux sont à retrouver en annexes aux documents stratégiques des territoires concernés.
Documents stratégiques de façades (DSF) :
Documents stratégiques de bassins maritimes (DSBM) :
- Sud Océan indien (Réunion, Mayotte)
- Guyane
- Antilles
- Saint-Pierre et Miquelon (fiche synthétique des enjeux)
Étudier la faune volante en mer
Quelles que soient les zones géographiques étudiées, les études développées se focalisent sur les 3 mêmes groupes d'espèces : les oiseaux migrateurs terrestres, les oiseaux marins et les chauves-souris.
- Migratlane - Comprendre l’utilisation de l’arc Manche-Atlantique par la faune volante : la zone d’étude correspond aux sous-régions marines Manche-mer du Nord, mers Celtiques et golfe de Gascogne (des Hauts-de-France à la côte basque).
- Migralion - Combiner les technologies pour étudier la faune volante du golfe du Lion.
Approfondir les connaissances sur les poissons et les mammifères marins
- Atlas des poissons marins de France hexagonale (en cours) : l’objectif dest de rédiger le premier atlas des poissons marins de ce territoire et d’actualiser les bases de connaissance de référence actuelles sur les poissons. Il fera un état de l’art sur la biologie, l’écologie, l’état de conservation et la distribution des espèces de poissons marins et migrateurs des eaux territoriales de France métropolitaine. L'ouvrage final est attendu vers l'été 2025.
- Cartographie des frayères : menée par l’Ifremer, cette étude a pour but d’établir une cartographie la plus précise possible des lieux où se reproduisent les espèces faisant l’objet d’une pêche commerciale.
- Comprendre la distribution des populations de cétacés : des projets à l’échelle de la façade Atlantique et de la façade Méditerranée sont en cours afin de mieux comprendre l’abondance et la distribution des cétacés, à travers le développement de modèles multi-sources.
Un référentiel technique socle
Le Référentiel pour la préservation de l'environnement marin dans les projets d'éoliennes en mer (OFB, 2023 publié dans le cadre du projet européen Life Marha) centralise les informations disponibles à ce jour. Ce document établit une synthèse de l’état des connaissances sur les impacts potentiels de cette activité sur les écosystèmes marins, à partir de la littérature scientifique disponible en France et à l’étranger. L’objectif de ces travaux est également de préconiser les mesures environnementales à mettre en œuvre afin d’éviter ou de réduire ces effets potentiels. Ce référentiel technique a ainsi pour vocation d’apporter une aide à la décision, à la gestion et à la planification maritime au service de l’état, gestionnaires d’espaces naturels ainsi qu’aux porteurs de projet.
Aller plus loin : Poolpe, le portail d’observation des liens pressions-écosystèmes est un site web permettant un accès facile aux informations du référentiel.
La synthèse doit notamment mettre en évidence les controverses et lacunes de connaissances sur le sujet.
Des retours d'expériences des parcs à l'étranger
Le projet Retex (Biotope, OFB et Ifremer) a permis de synthétiser les retours d'expériences sur l'évaluation et le suivi des effets des parcs éoliens en mers étrangers sur la biodiversité.
- Phase 1 : présentation des parcs en exploitation en Europe
- Rapport de la phase 1 (2024)
- Synthèse du rapport de la phase 1 (2024)
- Rapport de la phase 2 – Gouvernance (2024)
- Rapport de la phase 3 – Méthodes de suivi, effets des parcs éoliens en mer sur la biodiversité et mesures ERC (2025)
Des connaissances scientifiques et techniques à développer
L’Observatoire national de l’éolien en mer a lancé ce 15 juin 2023 un appel à projets de recherche ouvert à l’ensemble de la communauté scientifique ainsi qu’aux bureaux d’études et associations pour développer des connaissances nouvelles sur le milieu marin et les impacts de l’éolien en mer sur ce milieu.
Le comité stratégique de l’Observatoire a sélectionné 7 projets lauréats. Ces projets concernent notamment les interactions entre l’éolien en mer et divers compartiments de la biodiversité comme les mammifères marins, mais aussi les écosystèmes pélagiques et benthiques ou encore les impacts cumulés sur l’avifaune ainsi que le développement de méthodes innovantes pour le suivi des effets des parcs éoliens en mer.