Écoconcevoir les projets de parcs éoliens terrestres
L’éolien terrestre est connu pour impacter la biodiversité, notamment les oiseaux ou chauves-souris. Ces incidences variant selon les sites, bien les caractériser est primordial pour développer des solutions d'atténuation adaptées. Pour cette filière d'énergie renouvelable (ENR), tout l’enjeu réside donc dans le choix de sites d’implantation et la conception de parcs de "moindre impact".
La filière "éolien terrestre" est en plein essor ces dernières années. En juin 2024, la puissance totale installée était de 22,8 GW (RTE France). Il est prévu de la doubler d’ici 2035 pour atteindre 40 à 45 GW (Programmation pluriannuelle de l’énergie, PPE 2 et projet de PPE 3).
Les incidences potentielles des parcs éoliens terrestres sur la biodiversité varient au cas par cas, en fonction :
- de la nature des sites d’implantation des projets et des modalités techniques de réalisation des chantiers,
- puis de conception et d’exploitation des parcs.
En effet, aux pressions générées par les éoliennes dans la colonne d’air (effet de sillage, lumières, bruit), s’ajoutent parfois celles liées aux emprises au sol des machines (socle béton) et aux dispositifs ou activités connexes (défrichement puis gestion de la végétation ; installation de plateformes techniques, de pistes d’accès, de voies de raccordement électriques ; etc.).
Ces pressions modifient potentiellement les conditions d’habitats de la faune et de la flore sauvage et sont susceptibles d’engendrer au cas par cas, les impacts suivants :
- destruction, dégradation ou altération des habitats,
- perte d’habitat de certaines espèces par aversion (évitement du site d’implantation des aérogénérateurs par les individus),
- obstacle aux déplacements des animaux (effet "barrière"),
- mortalités directes par collision ou barotraumatisme.
Des solutions d’atténuation de certaines de ces incidences se développent. Il s’agit en effet de veiller à ce que le déploiement des ENR contribue à l’atténuation des effets du changement climatique sur la biodiversité, sans lui nuire par ailleurs.
L’Office français de la biodiversité (OFB) est mobilisé avec l’Agence de la transition écologique (Ademe) et d’autres partenaires pour :
- développer la connaissance scientifique et technique des incidences potentielles que peut générer cette filière énergétique sur la biodiversité et des solutions de remédiation possibles ;
- accompagner l’ensemble de la chaîne d’acteurs concernée, par la mise à disposition d’outils d’aide à la décision et à l’intégration de la biodiversité dans les pratiques de chacun.
Ainsi de nombreuses actions ont été menées : identification des leviers d’action par catégories d’acteurs, programmes de recherche scientifique, production de guides et outils d’accompagnement des collectivités territoriales, des développeurs de centrales, des bureaux d’études, etc. L’objectif est d’accompagner l’ensemble de la chaîne d’acteurs (financeurs, État, collectivités territoriales, développeurs...) dans le déploiement de ces infrastructures énergétiques en cohérence avec les objectifs de préservation voire de reconquête de la biodiversité.
Leviers d’action : des initiatives internationales sources d’inspiration pour la France
Une étude réalisée par l’OFB et Price Water-house Cooper (PWC) identifie et analyse 80 leviers internationaux d’intégration de la biodiversité dans les projets d'ENR. Il s’agit de leviers adaptés aux au grand public et aux collectivités territoriales (leviers socio-cognitifs), ou plus spécifiquement aux financeurs (leviers économiques) ou aux développeurs et services de l’Etat (leviers technico-régaliens). Certains de ces leviers s’appliquent spécifiquement aux parcs éoliens terrestres.
À noter : le nouveau site web de l’Observatoire des énergies renouvelables et de la biodiversité est à venir en 2025
Les ressources citées ci-dessous émanent de projets soutenus financièrement ou développés par l’OFB. Le site web de l'observatoire permettra de consulter une documentation plus exhaustive en matière de caractérisation des incidences ou de solutions d’atténuation à développer.
Risques d’incidences sur les oiseaux et les chauves-souris : des impacts ponctuels ou cumulés à caractériser
Synthèse des risques d’impacts à étudier
Les principaux impacts scientifiquement démontrés des parcs éoliens terrestres sur les oiseaux et les chauves-souris sont un risque d’altération de leur cycle de vie et de leur démographie, compte tenu des effets conjugués - ou non - des types d’incidences suivants :
- perte d’habitats par :
- altération, dégradation ou destruction au droit des emprises,
- ou report ou diminution du domaine vital compte tenu du comportement d’aversion envers la zone d’implantation des machines ;
- fragmentation des habitats et obstacle aux déplacements (effet barrière) migratoires ou non (ex : accès aux territoires de chasse),
- mortalités, résultant :
- des collisions, en raison de la hauteur et du comportement de vol de certains oiseaux et chauves-souris (cas du Milan royal, des Pipistrelles, Noctules, etc.),
- ou du barotraumatisme, dommages corporels mortels constatés chez certaines chauves-souris, générés par les variations de pression atmosphérique autour des rotors (cas pour les Pipistrelles et Noctules notamment).
L’implantation de parcs éoliens en milieu naturel peut aussi fragmenter les habitats au sol, réduisant alors la connectivité écologique ainsi que la disponibilité en zones de chasse et de nidification pour certaines espèces sensibles.
La modification du paysage et l’introduction de nouvelles infrastructures, comme les routes d’accès et les plateformes de maintenance, peuvent également perturber les écosystèmes locaux et engendrer la fuite de certaines espèces vers des habitats moins propices à leur survie.
- Gaultier, S.P., Marx, G., & Roux, D., 2019. Éoliennes et biodiversité : synthèse des connaissances sur les impacts et les moyens de les atténuer. Office national de la chasse et de la faune sauvage-ONCFS/LPO. 120 p.
- de Billy V. 2025. Éolien terrestre & biodiversité : risques d'impacts & solutions d'atténuation. Webinaire France Nature Environnement.
Incidences de la perte d’habitats sur la dynamique des populations
Afin d’évaluer la possibilité de développer une méthode d’évaluation de l’impact de la perte d’habitat sur la dynamique des populations d’oiseaux et de chiroptères, l’OFB et le CNRS ont lancé en 2025 un programme de recherche scientifique dédié : Mhalo.
Les premiers résultats sont attendus pour 2027.
Incidences des mortalités sur la dynamique des populations
Afin de quantifier l’impact des collisions engendrées par un ou plusieurs parcs éoliens terrestres sur la dynamique des populations d’oiseaux, l’OFB a soutenu financièrement avec un consortium d’autres partenaires publics et privés, le développement de l’outil EolPop par le CNRS.
Cette application a été créée dans le cadre du programme de recherche scientifique Mape. Elle s’adresse plus particulièrement aux bureaux d’étude en charge de l’évaluation des incidences des projets de parcs éoliens terrestres sur la biodiversité ; et aux services déconcentrés de l’État (Dreal, préfectures) en charge de l’instruction et de l’autorisation des projets.
- Application EolPop (2023)
- Chambert T, Duriez O, Besnard A. (2024) Methodological approaches to assessing population-level impacts of bird collisions with wind turbines: a critical perspective. Environmental Conservation. 51(1):1-5.
- Thierry Chambert, Olivier Duriez, Mathilde Deleaux, Aurélien Besnard, 2023. EolPop, a R-shiny tool for quantifying the demographic impact of species exposed to fatalities: Application to bird collisions with wind turbines, Journal of Environmental Management, Volume 345.
Impacts cumulés potentiels
Les territoires de vie des oiseaux et chauves-souris ont une étendue qui dépasse très largement les emprises d’un seul parc éolien terrestre. Ainsi, les impacts de ces infrastructures énergétiques sur ces espèces ne doivent pas seulement s’appréhender à l’échelle d’un seul parc éolien isolé, mais à celle de l’ensemble des parcs présents au sein de leur domaine d’activité.
Évaluer les conséquences de ces impacts cumulés sur la démographie des populations d’oiseaux ou de chauves-souris constitue, de fait, un enjeu majeur. Ça l'est notamment pour les espèces en mauvais état de conservation ou menacées d’extinction et particulièrement sensibles à l’éolien. L'étude des effets de cette ENR est donc nécessaire à des échelles spatiales plus vastes que celles des zones d’études habituellement utilisées.
Dans le cadre du 7e appel à projets du programme Ittecop, une première étude intitulée Cumul est en cours. Elle traite des effets cumulés des infrastructures énergétiques et routières sur l'utilisation de l'espace par les chiroptères et l’avifaune.
- Fiche de présentation du projet Cumul, incluant le webinaire et diaporama associé
Différentes solutions : priorité à l'évitement, puis à l’atténuation des impacts
Appui à l’identification des sites écologiquement sensibles
La première solution d’atténuation des risques d’incidences consiste à éviter la construction de parcs éoliens terrestres au sein ou à proximité de zones écologiquement sensibles, à fort enjeu de conservation (aires protégées, routes migratoires, forêts, zones humides, etc.).
La planification territoriale joue donc un rôle essentiel dans l’identification des zones de moindre impact, de même que le choix des sites d’implantation des projets par les développeurs.
Afin d’accompagner les acteurs dans le choix des sites de « moindre impact », différentes études ont été réalisées ou cofinancées par l’OFB. Elles mettent à disposition des cartes contribuant à l’identification des zones écologiquement sensibles à éviter en priorité.
Identification des sites favorables à l'éolien terrestre (2021) : zonages environnementaux à éviter
Outre les aires protégées listées à la Stratégie nationale pour les aires protégées, nombre de milieux peuvent présenter un niveau de sensibilité élevé à l’éolien terrestre. Cette sensibilité varie toutefois fortement entre sites, compte tenu de :
- la rareté, l’état de conservation ou les spécificités des habitats ou espèces présents,
- leurs fonctions écologiques : régulation du régime des pluies, des débits des cours d’eau, des processus d’érosion, des cycles du Carbone ou de l’Azote, etc. ; habitats de repos, de refuge, d’abris, de reproduction, d’alimentation pour la faune sauvage ; corridor de déplacement des espèces migratrices, etc.,
- leurs services rendus à la société : régulation du climat, protection contre l’érosion des sols, accès à l’eau potable, production de ressources alimentaires, paysage, bien être, activités de loisir, etc.
Une note d’aide à l’identification des sites écologiquement sensibles (MTE, OFB, MNHN, Patrinat, 2021) précise les milieux naturels à prendre en compte et à éviter en priorité. Elle vient en appui aux Dreal et collectivités territoriales missionnées pour identifier les sites favorables à l’éolien terrestre (instruction du Gouvernement du 26 mai 2021). Ces milieux sont notamment les :
- zones d'intérêt écologique - ZNIEFF de type I et de type II,
- sites de compensation des atteintes à la biodiversité,
- Trames vertes et bleues : voir schémas régionaux (de cohérence écologique - SRCE, liés à l'aménagement - SRADDET, SAR et PADDUC) et informations générales,
- milieux forestiers, dont les forêts anciennes,
- milieux potentiellement humides de France,
- haies et bocages,
- et tous les milieux riverains aux cours d’eau, plans d’eau et zones inondables.
Il est également recommandé d’éviter les domaines vitaux ou couloirs migratoires des espèces écologiquement sensibles (voir parties suivantes).
Cette note s'appuie sur les recommandations de la Commission européenne en matière de planification de la filière éolienne publiées en 2020. Elles portent notamment sur la prise en compte :
- des sites Natura 2000 et des milieux naturels adjacents liés sur le plan fonctionnel (dont les corridors écologiques),
- et des autres milieux naturels bénéficiant de classements nationaux ou régionaux.
Identification des Zones d'Accélération des ENR terrestres (2023-2025) : zonages exclus ou nécessitant l'avis du gestionnaire
Dans le cadre de l’identification des ZAENR prévue à la loi n°2023-175 du 10 mars 2023, l’OFB a rassemblé sur une interface cartographique l’ensemble des zonages environnementaux à prendre en compte, dont ceux concernant l’éolien terrestre.
Initialement créée à l’intention des collectivités territoriales, elle peut également accompagner les développeurs dans l’identification des sites écologiquement sensibles à éviter en priorité. Elle permet de visualiser facilement les différents types de zones d'exclusion ou nécessitant au préalable l’avis du gestionnaire.
Retrouver tous les détails dans la partie consacrée au Déploiement territorial sur la page présentant le cadre global lié aux ENR.
Identification des sites écologiquement sensibles à l'éolien terrestre : prise en compte des oiseaux et chauves-souris
Concernant les parcs éoliens terrestres, il s’agit d’éloigner suffisamment les aérogénérateurs des territoires de vie et corridors migratoires des oiseaux ou des chauves-souris risquant d’être fortement impactées compte-tenu de leur comportement de vol. Parmi elles, une attention toute particulière est portée aux espèces en mauvais état de conservation voire menacées d’extinction comme certains rapaces ou les Noctules.
Plusieurs programmes de recherche et développement soutenus ou suivis par l’OFB visent à :
- identifier le niveau de sensibilité des chauves-souris et des oiseaux à l’éolien terrestre,
- cartographier leurs aires d’activité et leurs corridors migratoires,
- caractériser les zones où les espèces présentes sont les plus sensibles et les plus vulnérables à l’éolien terrestre.
Chauves-souris
Le Programme Bat migration a permis d’identifier les aires d’activités de chaque espèce de chauve-souris, de même que les couloirs migratoires probables, en appui à la planification territoriale des ENR terrestres. L'objectif est de préserver les zones de conservation prioritaire des espèces les plus sensibles à l'éolien terrestre à l'échelle de la France hexagonale. Ce travail soutenu par l'OFB, et des cartes complémentaires sont en cours de réalisation dans le cadre du projet Carto-Chiro financé par l’Ademe.
- Indices de sensibilité des chauves-souris à l’éolien terrestre et méthode de définition de leurs aires d’activité : Roemer C., Bas Y. & Kerbiriou C. (2023). Cartes d'activité pour la planification territoriale. MNHN
- Bas Y., Kerbiriou C., Roemer C. & Julien J.-F. (2022) Cartes prédictives de distribution - Maps of predicted bat distribution. MNHN
- Application web Bat migration routes in Europe – Cartographie des voies de migration des chauves-souris. MNHN-Cesco
Oiseaux
Le projet Vulnéo (2022-2025) a permis de développer des indices de sensibilité et de vulnérabilité au risque de collision avec les éoliennes pour 142 espèces d’oiseaux fréquentant la France hexagonale. Commandé par l’OFB à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie marine et continentale (IMBE), en termes de méthodologie :
- la sensibilité à l’éolien terrestre est évaluée sur la base notamment du comportement de vol de chaque espèce (hauteur moyenne et temps passé en vol),
- la vulnérabilité est évaluée en combinant la distribution spatiale connue de chaque espèce d’oiseaux, leur sensibilité à l’éolien et leur taux d’exposition au risque (fonction de la répartition spatiale des parcs éoliens terrestres).
En complément, Vulnéo propose une cartographie des scores de sensibilité globale à l’échelle d’un maillage de 10×10 km sur l’ensemble de l'Hexagone, intégrant l’ensemble des espèces dont la présence est avérée dans chaque maille, en période de reproduction, de migration et/ou d’hivernage. De même, il a permis de pré-identifier les zones ayant la capacité de maximiser la production d’énergie éolienne tout en limitant les impacts sur ces espèces d’oiseaux.
- Rapport, indices de sensibilité par espèce et cartes de sensibilité et de vulnérabilité à venir mi-2025
Aller plus loin
- Sordello R., Reyjol Y., Amsallem J., Bas Y., et al. 2022. Les déplacements des espèces volantes: vers la mise en œuvre d’une «Trame aérienne » dans le cadre de la politique Trame verte et bleue? Naturae 2022 (9): 169-192.
Design des parcs
Une fois le site d’implantation du parc éolien terrestre défini en évitant les sites écologiquement sensibles, il est également possible de limiter les risques d’incidences de l’infrastructure sur la biodiversité en optimisant :
- la disposition des aérogénérateurs et des emprises des dispositifs connexes (pistes d’accès des engins, plateformes techniques, voies de raccordement électrique),
- les dimensions des machines, leur équipement et modalités techniques d’exploitation.
L’objectif est de réduire les emprises et pressions exercées par ces derniers sur les sols et la colonne d’air, et leurs incidences potentielles sur la biodiversité.
Choix des sites d’implantation des aérogénérateurs au sein du parc et optimisation des emprises
Au cours de ce choix, il s’agit autant que possible d’éloigner les aérogénérateurs et autres dispositifs (pistes d’accès des engins, plateformes techniques, voies de raccordement électrique…) des écosystèmes à forts enjeux écologiques (haies, zones humides, forêts, ripisylves, plans d’eau, etc.)..
- Gaultier, S.P., Marx, G., & Roux, D., 2019. Éoliennes et biodiversité : synthèse des connaissances sur les impacts et les moyens de les atténuer. Office national de la chasse et de la faune sauvage-ONCFS/LPO. 120 p.
Perception visuelle des éoliennes
Afin de réduire les impacts paysagers des éoliennes, celles-ci sont actuellement conçues pour être les moins perceptibles possibles pour les humains. Néanmoins, améliorer la perception des éoliennes pour d’autres espèces comme les oiseaux pourrait être une solution pour réduire le risque de collisions.
C’est ce qu’a exploré le programme de recherche scientifique Mape, cofinancé par l’Ademe, l’OFB et de nombreux autres partenaires institutionnels et industriels, publics et privés. Ces travaux ont permis de mieux comprendre les facteurs influençant la détection des éoliennes et l’estimation de la vitesse de rotation des pâles par les oiseaux. Ils semblent indiquer que des rayures noires et blanches peintes sur les éoliennes amélioreraient leur perception pour les espèces étudiées.
- Blary C. (2023) Perception visuelle des éoliennes par les oiseaux. Thèse de doctorat. Université de Montpellier. École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau. Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (Montpellier).
- Blary, C., Bonadonna, F., Dussauze, E., Potier, S., Besnard, A., & Duriez, O. (2023). Detection of wind turbines rotary motion by birds: A matter of speed and contrast. Conservation Science and Practice, 5(10), e13022.
- Blary, C., Duriez, O., Bonadonna, F., Potier, S. & Besnard, A. (2024) Perception visuelle des éoliennes par les oiseaux. Synthèse à destination de l’OFB. 34 pages.
- Blary, C., Duriez, O., Bonadonna, F., Mitkus, M., Caro, S., Besnard, A. & Potier, S. (2024)Low achromatic contrast sensitivity in birds: a common attribute shared by many phylogenetic orders. J Exp Biol ; 227
Régulation des aérogénérateurs
La régulation des aérogénérateurs vise à réduire les risques de mortalités par collision ou barotraumatisme. Plusieurs modalités de régulation sont possibles, les deux principales étant :
- le bridage passif pour les chiroptères, qui consiste à arrêter les éoliennes pendant les périodes où les chauves-souris sont les plus actives (généralement lors des nuits douces et peu ventées, entre le printemps et l’automne),
- et le bridage dynamique utilisant des systèmes de détection automatique pour les oiseaux (SDA). Ces derniers reposent sur différentes technologies permettant d’identifier la présence d’individus en vol à proximité des éoliennes. Lorsqu’un oiseau ou un groupe d’oiseaux est détecté, le SDA peut déclencher un ralentissement ou un arrêt temporaire des machines afin d’éviter les collisions. Certains SDA incluent également des émetteurs sonores ou visuels pour dissuader les oiseaux de s’approcher des turbines (système d’effarouchement).
Leur efficacité n’est pas encore clairement établie.
Évaluer la performance des systèmes de détection automatique pour les oiseaux (SDA)
Afin d'y répondre, deux outils ont été développés dans le cadre du programme de recherche scientifique Mape. Ils s’adressent plus particulièrement aux bureaux d’étude en charge de l’évaluation des incidences des projets de parcs éoliens terrestres sur la biodiversité, et aux services déconcentrés de l’État (Dreal, préfectures) en charge de l’instruction et de l’autorisation des projets. Ce sont :
- un ensemble de deux protocoles d’évaluation de la performance des SDA : en sortie d’usine (protocole "fournisseur") puis installés sur un parc éolien (protocole "parc"), incluant un Guide d'accompagnement (Dupont S. et al., 2023)
- l’application EolDistcalcule la distance minimale de détection requise pour limiter les collisions d’une espèce donnée.
- Publication scientifique associée : Ballester C., Dupont S.M., Corbeau A, Chambert T., Duriez O. et Besnard A. (2024). A standardized protocol for assessing the performance of automatic detection systems used in onshore wind power plants to reduce avian mortality, Journal of Environmental Management, Volume 354.
En complément, l’Ademe et l’OFB viennent de lancer l’étude SDA+ avec un double objectif :
- proposer aux fournisseurs de SDA un processus de certification volontaire de la performance atteinte par leurs systèmes en sortie d’usine,
- et définir un processus opérationnel d’évaluation à large échelle de la performance des SDA installés au sein des parcs éoliens.
Calculer la distance minimale de détection des oiseaux permettant de limiter les collisions d’une espèce donnée
- L’application EolDist permet son calcul, et le Guide utilisateur (Fluhr J., Besnard A. et Duriez O, 2022)
- Fluhr J., Besnard A., Alexis A. et Duriez O. (2021). Analyse des durées de ralentissement du rotor. Résultats issus d’une première série de tests.
- Fluhr J., Duriez, O., Blary C., Chambert T. et al (2025). Eoldist, a Web Application for Estimating Cautionary Detection Distance of Birds by Automatic Detection Systems to Reduce Collisions With Wind Turbines. Wind Energy, 28: e2971.
Former et se former
- Écoconception des parcs éoliens terrestres – prise en compte des chiroptères (1au 3/12/2025, date limite de demande : 15/06/2025), organisée par l'OFB en partenariat avec MNHN.
- Mortalités et impacts démographiques de l’éolien sur les oiseaux et les chiroptères : organisée par le CNRS avec la participation d'experts de l'OFB pour apporter les compétences théoriques et pratiques requises pour évaluer l’impact des collisions sur la dynamique démographique des populations d'oiseaux et de chiroptères.
Avertissement
Ces recommandations n’ont pas de valeur juridique. Elles relèvent de pistes de réflexion qu’il convient d’adapter systématiquement au cas par cas, à l’échelle locale. Par exemple, elles ne se substituent pas à l’état initial et à la caractérisation des enjeux que doivent effectuer les développeurs ou gestionnaires de centrales ou barrages hydroélectriques, lors de l’évaluation de la sensibilité environnementale des sites concernés par leurs projets.