Rétablir la connectivité d’habitats fragmentés ou leur fonctionnement écologique ou hydrologique

Lorsque des milieux sont fragmentés et/ou leurs fonctionnement modifiés (eau, sol...), la biodiversité s'en trouve impactée de même les services qu'ils rendent aux humains. Comprendre comment les espèces se déplacent dans ces paysages fragmentés, ou comment les milieux réagissent à un changement, est donc essentiel pour mettre en place des actions visant à les restaurer.

Rétablir la connectivité d’habitats fragmentés

La fragmentation des habitats est le processus par lequel un habitat est converti en plusieurs fragments plus petits, suite à un changement d’usage des terres (urbanisation, conversion en terres agricoles etc.) ou à la création d’infrastructures de transport. Ces îlots d’habitats se trouvent ainsi isolés, séparés : la perte de connectivité. Comprendre comment les espèces se déplacent dans ces paysages fragmentés est donc essentiel pour mettre en place des actions visant à restaurer la connectivité écologique d’habitats.

De nombreuses études scientifiques mettent en avant les conséquences de la fragmentation sur la biodiversité :

  • à court terme : cycle biologique contraint, mortalité directe par collision,
  • à moyen et long terme : isolement des populations voire leur extinction par limitation de la dispersion et des échanges métapopulationnels.

Ces actions s'intègrent dans la démarche Trame verte et bleue (TVB), outil phare pour identifier, préserver et restaurer les connectivités écologiques.

Efficacité de restaurations écologiques visant à favoriser la connectivité des habitats pour les rhopalocères au sein d'une matrice forestière (PN des Cévennes)

Individu de Petit nacré (Issoria lathonia) marqué © T. Couturier
Petit nacré (Issoria lathonia) marqué © T. Couturier

La connectivité du paysage accroît la diversité et l’abondance pour de nombreux organismes se déplaçant activement, dont les rhopalocères (papillons de jour). Ce groupe souffre particulièrement de la fermeture des milieux et notamment en contexte forestier.

Cette étude vise à évaluer dans quelles mesures la réouverture de corridors connectant des patchs d’habitats ouverts au sein d’une matrice forestière peut favoriser la diversité, l’abondance et les déplacements des rhopalocères.

Pour cela, deux protocoles ont été mis en place. Le premier vise à estimer la diversité et l’abondance des papillons de jour selon des points de comptage répartis sur les patchs d’habitats ouverts et les futurs corridors. Le second protocole vise à caractériser les déplacements de rhopalocères selon un dispositif de Capture-Marquage-Recapture (CMR) par marquage des ailes des individus. Suite à l’état initial réalisé en 2019, ces deux protocoles seront reconduits en 2024, après exécution des travaux de restauration, afin d’en mesurer les effets.

Rapport à paraître en 2025

Restaurer le régime éco-hydrologique de milieux naturels

Les milieux humides abritent une biodiversité exceptionnelle et assurent certaines fonctions écologiques et services écosystémiques. C’est notamment le cas des tourbières, milieux caractérisés par la présence, ou la formation, d’un sol composé de tourbe, c’est à dire de matière organique très peu décomposée. Pour que le sol des tourbières se forme, des conditions écologiques particulières doivent être présentes, et notamment une saturation du milieu en eau (stagnante, ou peu mobile) pendant une période suffisamment longue dans l’année. La raréfaction de l’eau dû aux sécheresses estivales et le drainage pour des besoins de l’agriculture peuvent mettre en péril le caractère humide des tourbières. Des opérations de restauration écologique basées sur la gestion des niveaux d’eau peuvent permettre de rétablir la fonctionnalité de ces écosystèmes fragiles.

Plus d'infos sur le site du Pôle-relais tourbières

Caractérisation de l’occupation spatiale de Dolomedes plantarius en lien avec la restauration éco-hydrologique de marais tourbeux alcalins (Conservatoire d’espaces naturels de Picardie)

Les Dolomèdes sont des araignées vivant exclusivement à proximité des zones humides pérennes (marais, bords de rivières calmes, tourbières, etc.). L’une des deux espèces présentes en France métropolitaine, Dolomedes plantarius, est classée « vulnérable » sur la liste rouge mondiale des espèces menacées. Les populations du Nord de la France représentent un réel enjeu pour sa conservation.

Le projet européen Life Nature Anthropofens vise à restaurer 480 ha de tourbières alcalines dans 13 sites Natura 2000, en régions Hauts-de-France et Wallonie, sur une durée de 6 ans. Les travaux de restauration écologique consistent notamment à rétablir un fonctionnement hydraulique naturel des sites. Des suivis écologiques sont envisagés sur toute la durée du projet en particulier en début (2020-2021) et fin de projet (2024) afin de comparer l'état des sites avant et après travaux.

Dolomedes plantarius a été retenue comme indicateur de suivi de l’efficacité des travaux. Toutefois, il s’agit d’une espèce dont la détection est faible et probablement variable dans le temps et dans l’espace. Par ailleurs, aucune information n’est disponible sur les changements éventuels d’occupation spatiale de cette espèce en réponse aux variations spatio-temporelles des niveaux d’eau. L’espèce pourrait ainsi souffrir des assecs rencontrés sur certains secteurs de tourbières. Cette étude cherchera  à évaluer les effets des variations hydrologiques saisonnières sur l’occupation spatiale de l’espèce. Les résultats obtenus devraient permettre de guider les orientations de gestion hydraulique.

Article scientifique à paraître en 2024