S’adapter au changement climatique
Le changement climatique va progressivement augmenter la tension autour de la gestion quantitative de l’eau avec en France une diminution de la ressource disponible et une hausse de la demande en eau des usages. De plus, il existe des incertitudes sur l’ampleur et la dynamique de ces évolutions. La gestion de l’eau et les politiques publiques associées devront donc s’adapter tout en intégrant l'incertitude.
Une piste, diversifier les cultures et réduire la dépendance à l’eau
Sommaire :
Les dispositions prises à l’échelle européenne, nationale et des SDAGE ;
Les résultats des travaux portés par l’OFB pour faciliter l’élaboration des plans d’adaptation.
Les dispositions prises au niveau européen, national et des SDAGE
Adoption de la stratégie européenne sur le changement climatique en 2013
Suite à plusieurs publications sur l’adaptation au changement climatique (communication de 2005, Livre vert de 2007, Guide méthodologique de 2009 sur la DCE et le changement climatique, Livre blanc de 2009), la Commission européenne a adopté en 2013 sa stratégie pour l’adaptation au changement climatique.
Dans ce document, la Commission européenne constate que l'action des États membres en matière d’adaptation est, dans la majorité des cas, restée trop sectorielle et à un état embryonnaire. Elle souhaite notamment mettre en place un tableau de bord avec des indicateurs clés consacrés à la préparation à l'adaptation.
La stratégie de l’Union européenne comprend 8 actions qui s’articulent autour de 3 piliers :
- la promotion d’actions à l’échelle des États membres, en particulier l’appui au développement de stratégies nationales d’adaptation ou l’accompagnement financier dédié au renforcement de capacités d’adaptation et au passage à l’action ;
- la prise en compte du changement climatique dans les politiques européennes des secteurs considérés comme les plus vulnérables au changement climatique, en particulier l’agriculture, la pêche ou les infrastructures ;
- le renforcement de la connaissance et de la communication sur le sujet, via notamment la création de la plate-forme de partage d’information sur l’adaptation Climate-ADAPT.
Une évaluation de l'avancement de la mise en œuvre de la stratégie est prévue en 2017.
Création de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC)
Créé en 2001, l’ONERC coordonne la politique nationale en France pour l’adaptation au changement climatique. Il a 3 missions principales :
1. Collecter et diffuser les informations sur les risques liés au réchauffement climatique.
L’Observatoire fonctionne en réseau avec des organismes scientifiques (CNRS, Météo France, IRD, Inra, ...) pour connaître les impacts du réchauffement climatique et des phénomènes climatiques extrêmes en France (métropole et Outre-mer).
Il propose des outils pour aider les décideurs à mieux appréhender les enjeux et à planifier des actions d’adaptation – indicateurs, simulations du climat futur et documentation – et remet chaque année un rapport au Premier ministre et au Parlement.
2. Formuler des recommandations sur les mesures d’adaptation à envisager pour limiter les impacts du changement climatique.
3. Etre en liaison avec le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Elaboration d’un Plan national d’adaptation au changement climatique
En 2011, le ministère en charge de l’environnement a porté l’élaboration d’un Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), en impliquant les différents ministères, secteurs d’activité et les acteurs de la société civile concernés. Pour le secteur de l’eau, 5 actions ont été proposées, avec une mesure phare.
- "Améliorer notre connaissance des impacts du changement climatique sur les ressources en eau et des impacts de différents scénarios possibles d’adaptation.
- Se doter d’outils efficaces de suivi des phénomènes de déséquilibre structurel, de rareté de la ressource et de sécheresse dans un contexte de changement climatique.
- Développer les économies d’eau et assurer une meilleure efficience de l’utilisation de l’eau - Économiser 20% de l’eau prélevée, hors stockage d'eau d'hiver, d'ici 2020 (mesure phare).
- Accompagner le développement d’activités et une occupation des sols compatibles avec les ressources en eau disponibles localement.
- Renforcer l’intégration des enjeux du changement climatique dans la planification et la gestion de l’eau, en particulier dans les prochains programmes d’intervention des Agences de l’eau (2013 - 2018) et les prochains SDAGE (2016 - 2021)." (PNACC, 2011)
En savoir plus sur les études menées dans le cadre de l'action 1 :
Etude nationale : Explore 2070
Etudes de bassins : sur les eaux de surface, sur les eaux souterraines
Selon le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) qui a été chargé d’évaluer le PNACC (Rapport d’évaluation du PNACC), ce premier plan a principalement été consacré à l’élaboration de socles scientifiques, réglementaires et méthodologiques.
Le PNACC2 est disponible ici.
Intégration d’un volet « adaptation aux changements climatiques » dans les SDAGE
Pour répondre à l’action 5 du PNACC, les SDAGE 2016-2021 ont intégré un volet « Adaptation au changement climatique ».
Le rapport de l’ONERC sur l’évaluation de la démarche nationale (2016) sur l’adaptation au changement climatique précise que :
Lors de la révision du 10e programme d’intervention des agences de l’eau en 2015, une inflexion significative a été apportée pour mieux identifier et souvent renforcer les principales interventions qui concourent à l’adaptation au changement climatique, en cohérence avec les orientations et dispositions des SDAGE. »
Les liens vers les principaux documents produits ou pages web des agences et offices de l’eau :
Structures | Pages web sur le sujet | Plans d'adaptation | Volets du SDAGE correspondants | |
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Agences de l'eau |
Adour Garonne | En cours | Lien | |
Artois Picardie | Lien | Lien | Chapitre 2.2 | |
Loire Bretagne | Lien | En cours | P.29 | |
Rhin Meuse | En cours | Lien | ||
Rhône Méditerranée Corse | Lien | Lien | Orientation fondamentale n°0 | |
Seine Normandie | Lien | Lien | Chapitre 4.2.1 | |
Offices de l'eau |
Guadeloupe | Lien | ||
Guyane | Chapitre 2.6 | |||
Martinique | Chapitre V | |||
Réunion | Lien |
Retours d’expériences français sur des plans d'adaptation présentés lors de la COP23
A Bonn, le 10 novembre 2017, l'AFB, en partenariat avec Irstea, l’Agence de l’eau Seine Normandie, la communauté de l’agglomération Havraise et du Conservatoire du littoral, a contribué à la 23ème conférence des parties (COP23) en présentant :
- la mise en place de réseaux d’observations originaux et peu coûteux permettant de compléter les réseaux hydrométriques classiques et de mieux comprendre le fonctionnement des cours d'eau intermittents peu pris en compte dans la gestion actuelle ;
- une déclinaison de plans d'adaptation mettant en lumière les dispositifs de concertation et les mesures concrètes prises à différentes échelles : le bassin Seine Normandie, la ville du Havre et des zones humides littorales.
Télécharger les présentations correspondant aux deux parties ci-dessus : "observer pour mieux comprendre" et "agir"
Outils pour l’élaboration des plans d’adaptation
L’ensemble des travaux accompagnés par l’OFB sur la gestion quantitative de la ressource en eau contribue à réduire la vulnérabilité des écosystèmes aquatiques dans un contexte de changement climatique. Plus spécifiquement sur les plans d’adaptation, l’OFB élabore des outils, à destination des gestionnaires, pour faciliter leur élaboration.
Prise en compte de l’incertitude pour l’élaboration de programmes d’actions robustes
Les gestionnaires de l’eau doivent élaborer des programmes d’actions dans un contexte d’incertitudes techniques et socio-économiques : évolution démographique, mutation de l’agriculture et de ses pratiques, impact du changement climatique, évolution des techniques, …
L'objectif est de tester et définir un cadre méthodologique permettant de tenir compte de ces incertitudes dans la planification de la gestion de l’eau. S’appuyant notamment sur des démarches de prospective, ce cadre doit aider les gestionnaires à prendre des décisions dites robustes, c’est-à-dire capables de résister aux différentes incertitudes ou leur permettant d’adapter leurs actions aux évolutions de contexte. Les travaux se concentrent sur la planification des actions « engageantes », soit parce qu’elles ont un caractère irréversible à court terme, comme la construction de retenue par exemple, soit parce qu’elles sont relativement coûteuses et/ou nécessitent un fort investissement humain et technique au départ.