Explore 2070

Comment déterminer les impacts du changement climatique sur votre territoire ? Comment construire une démarche d’adaptation au changement climatique qui tienne compte de l’eau ?

Le projet Explore 2070, qui s’est déroulé de juin 2010 à octobre 2012, a eu pour objectif :

  • d'évaluer les impacts du changement climatique sur les milieux aquatiques et la ressource en eau à l'échéance 2070, pour anticiper les principaux défis à relever et hiérarchiser les risques ;
  • d’élaborer et d’évaluer des stratégies d’adaptation dans le domaine de l’eau en déterminant les mesures d’adaptation les plus appropriées tout en minimisant les risques.

Le projet a été porté par la direction de l’Eau et de la biodiversité du ministère en charge de l'écologie avec la participation de l’Onema, du CETMEF, des agences de l’eau, des DREAL de bassin, du CGDD, de la DGEC et de la DGPR. Il a rassemblé une centaine d’experts venant d’établissements de recherche et de bureaux d’études spécialisés.

Les informations présentées ci-dessous sont issues des documents cités.

Méthodologie, hypothèses et incertitudes

Afin d’explorer les futurs possibles et de faciliter la compréhension des enjeux autour du changement climatique et de l’adaptation, l'analyse a été basée sur la comparaison de deux photographies de la France : situation actuelle et situation future.
Justification des hypothèses prises pour le projet

Compartiments

            Climatologie

            Le scénario d’émission de gaz à effet de serre choisi pour ce projet est le A1B du GIEC (Groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat).
            C’est un scénario médian (ni optimiste ni pessimiste) qui conduit à une augmentation de la température moyenne mondiale de + 2.8°C en 2100 par rapport à l’an 2000.
            Etude climatologie de la métropole, diaporama sur l'étude climatologie

            Hydrologie de surface

            Objectif de l’étude

            L'objectif est de réaliser une évaluation de l'impact possible du changement climatique sur le débit des cours d’eau et la température de l’eau à l’horizon 2046-2065 en France métropolitaine et 2040-2070 sur les départements d’Outre-mer, par rapport à un état de référence (1961-1990).
            L’évaluation a été réalisée sur la base du scénario A1B et d’un ensemble de modèles climatiques et hydrologiques.

            Principaux résultats à retenir

            Sur la métropole, les résultats obtenus indiquent (cf.synthèse ci-dessous pour en savoir plus) :

            • une augmentation possible des températures moyennes de l’air de l’ordre de +1.4°C à + 3°C selon les simulations ;
            • une évolution incertaine des précipitations, la plupart des modèles s’accordant cependant sur une tendance à la baisse des précipitations en été,de l’ordre de -16% à -23% ;
            • une diminution significative globale des débits moyens annuels, de l’ordre de 10% à 40% selon les simulations, particulièrement prononcée sur les districts Seine-Normandie et Adour-Garonne ;
            • pour une grande majorité des cours d’eau, une diminution des débits d’étiage encore plus prononcée que la diminution à l’échelle annuelle ;
            • des évolutions plus hétérogènes et globalement moins importantes sur les crues.

            Les rapports

            Téléchargement des fiches hydrologiques

            Guide de lecture des fiches
             Téléchargement des fiches via une cartographie en ligne

            Hydrologies souterraines

            Objectif de l’étude

            L'objectif est de réaliser une évaluation de l'impact possible du changement climatique sur la piézométrie et la recharge des nappes à l’horizon 2050-2070 en France métropolitaine et sur les départements d’outre-mer, par rapport à un état de référence (1961-1990).
            L’évaluation a été réalisée sur la base du scénario A1B et d’un ensemble de modèles climatiques et hydrologiques.

            Principaux résultats à retenir

            Explore 2070 fait ressortir une baisse quasi générale de la piézométrie associée à une diminution de la recharge comprise entre 10 et 25%, avec globalement deux zones plus sévèrement touchées : le bassin versant de la Loire avec une baisse de la recharge comprise entre 25 et 30% sur la moitié de sa superficie et surtout le Sud-Ouest de la France avec des baisses comprises entre 30 et 50%, voire davantage.
            Toutes les modélisations réalisées montrent une baisse du niveau moyen mensuel des nappes liée à la baisse de la recharge. Cette baisse serait très limitée au droit des plaines alluviales (grâce à l’alimentation des cours d’eau) mais pourrait atteindre 10 m sur les plateaux ou contreforts des bassins sédimentaires. Cette diminution entraînerait une baisse du même ordre de grandeur des débits d’étiage des cours d’eau et une augmentation de la durée des assecs.
            Autre enseignement : la surélévation du niveau marin et une forte demande estivale en zone littorale risquent de générer une remontée du biseau salé (limite eau douce/eau de mer) qui pourrait mettre en danger la qualité des eaux dans les estuaires, les zones de marais et les aquifères côtiers, notamment sur le pourtour méditerranéen entre Marseille et l’Espagne.

            Les rapports

            Écosystèmes aquatiques

            Objectif de l’étude

            L'objectif est de d'évaluer l’impact du changement climatique sur les écosystèmes aquatiques en France métropolitaine et en Outre-mer.
            Deux thèmes ont été abordés :

            • la vulnérabilité des zones humides et des services écosystémiques que celles-ci rendent à la société face au changement climatique en France métropolitaine. Cette étude a été complétée pour l’Outre-Mer par un travail portant sur les étangs du Gol et de St Paul situés sur l’île de la Réunion ;
            • la vulnérabilité des poissons d’eau douce au changement climatique en France métropolitaine. Cette étude a été complétée pour l’Outre-Mer par une synthèse bibliographique concernant l’impact du changement climatique sur les écosystèmes d’eau douce Guyanais.

            Principaux résultats à retenir

            Les résultats obtenus mettent en avant des réponses très variées au changement climatique, fonction de la sensibilité des habitats naturels, de leur niveau d’exposition, des espèces étudiées ou encore des pressions anthropiques ou des aménagements hydrauliques existants sur les cours d’eau. Néanmoins, les principaux points suivants ressortent de l'étude :

            • des zones humides fortement vulnérables au changement climatique selon leur localisation géographique et leur fonctionnement hydrologique ;
            • les espèces du domaine amont des cours d’eau menacées au profit des espèces des domaines aval et intermédiaire ;
            • des communautés piscicoles plus diverses mais moins typiques – prélude à une banalisation des milieux ?

            Les rapports

            Milieux côtiers

            Objectifs de l’étude

            L'objectif est de d'évaluer les effets du changement climatique sur la vulnérabilité physique du littoral à l’érosion côtière et à la submersion marine à deux échelles : une échelle nationale et une échelle régionale (Languedoc-Roussillon et La Réunion).
            Proposer des solutions pour intégrer ces évaluations de la vulnérabilité dans les pratiques existantes en faveur de l’adaptation au changement climatique, de la prévention à long terme (50 à 100 ans) des risques littoraux et des exercices de prospective portant sur le développement des zones côtières.
            Analyser les apports d’une cartographie décisionnelle multicritères (l’Analytical Hierarchy Process) pour l’évaluation de la vulnérabilité physique de la zone côtière.

            Principaux résultats à retenir

            En cohérence avec les attendus basés sur l’état des connaissances actuelles et quel que soit le scénario de changement climatique retenu, les résultats mettent en évidence la vulnérabilité plus importante des flèches sableuses, des estuaires, des zones basses, et d’une fine bande au sommet de falaises côtières sujettes à l’érosion.
            Dans le scénario avec élévation du niveau marin, les aléas « érosion côtière » et « submersion marine » sont, dans ces zones, aggravés.

            Les rapports

            Prospective socio-économique et démographique

            Objectif de l’étude

            L'objectif est de quantifier les pressions anthropiques et les besoins en eau en fonction des évolutions démographiques, socioéconomiques, à partir de plusieurs scénarios incluant ou non l’influence du changement climatique et des mesures d’adaptation.

            Principaux résultats à retenir

            • Démographie : d’ici 2070, une hausse de 13 millions d’habitants en France métropolitaine : 75 millions d’habitants contre 62 millions en 2007, qui se traduit par une augmentation du nombre de ménages de 0,5% par an inférieure à celle observée par le passé (proche de 1% par an). Cette population se déplace progressivement vers la façade atlantique et vers le sud du pays.
            • Economie : la croissance économique est estimée à 1,7% par an en moyenne entre 2008 et 2070 (5,1% par an entre 1949 et 1975, et 2,3% par an entre 1975 et 2008)
            • Pressions anthropiques sur la ressource en eau : évolution des consommations d’eau par usage à climat changeant ?

            Les rapports

            Évaluation des stratégies d'adaptation

            Objectif de l’étude

            L'objectif est de réaliser une analyse globale et transversale, à partir des résultats issus des cinq thématiques du projet Explore 2070 (hydrologie de surface, hydrologie souterraine, écosystèmes aquatiques, littoral et prospective) pour élaborer puis évaluer des stratégies d’adaptation au changement climatique dans le domaine de l’eau.

            Principaux résultats à retenir

            Un modèle de confrontation offre/demande en eau a permis de tester 3 stratégies d'adaptation à l'échelle de la France.
            Si les stratégies testées ne contrebalancent pas totalement les impacts négatifs du changement climatique en tout point de la France sur la disponibilité de la ressource en eau, le projet a démontré son intérêt à décloisonner les réflexions sur l'adaptation, entre secteurs, entre territoires locaux et national, entre scientifiques et décideurs.

            Les rapports

            Aller plus loin

            Contact(s) référent(s) : maud.berel@developpement-durable.gouv.fr - Ministère en charge de l'écologie