Préserver et restaurer l'hydromorphologie et la continuité des cours d’eau

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Grand cours d'eau avec ripisylve dense (Yoann Bressan, OFB)

Les rivières en bon état écologique abritent une biodiversité exceptionnelle et assurent des services écosystémiques essentiels : approvisionnement en eau, régulation des inondations, services culturels… Cette richesse et cette capacité à fournir durablement les services sont cependant soumises à différentes pressions. La préservation et la restauration du fonctionnement naturel des rivières sont des leviers indispensables pour assurer une meilleure résilience des milieux et amortir les conséquences de ces pressions, dans le cadre d'une vision intégrée des enjeux eau-sol-climat à l’échelle du bassin versant.

Les cours d'eau sont soumis aux 5 grandes pressions identifiées par l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) : changements d’usage et d’occupation des bassins versants, pollutions, surexploitation du vivant, dérèglement climatique, introduction d’espèces exotiques envahissantes. De plus, face au changement climatique, ces modifications profondes du fonctionnement des hydrosystèmes créent des tensions supplémentaires sur les usages de l’eau, des risques accrus sur les écosystèmes aquatiques et pour la société.

1- Diagnostiquer

Le diagnostic vise à établir un état des lieux du fonctionnement du cours d’eau, de sa biodiversité et de son bassin versant, et à déterminer les risques d’altérations ou à évaluer les dégradations que la rivière subit et leurs causes. Il est un préalable incontournable à l’élaboration d’un projet, notamment de préservation ou de restauration du fonctionnement du cours d’eau. Le diagnostic doit également tenir compte du territoire concerné par le projet et des acteurs qui le composent.

Diagnostic du milieu | Page éditoriale

Le diagnostic écologique du milieu porte sur sa qualité biologique, ses paramètres physico-chimiques et son hydromorphologie. Il doit également permettre d’en caractériser l’état initial, afin de pouvoir suivre et évaluer la réponse du milieu suite à l’intervention.

Diagnostic du territoire | Page éditoriale

En amont du démarrage du projet, la caractérisation du territoire sur le plan socio-économique permet d’identifier les acteurs et les activités qui pourraient être concernés, tout comme les enjeux spécifiques au territoire. Ces informations sont précieuses pour définir les objectifs du projet et mobiliser les acteurs autour de celui-ci.

Projet intégré dans le bassin versant | Page éditoriale

Le diagnostic permet de déterminer les objectifs du projet et d’identifier les opportunités pour le territoire. Différentes options peuvent alors être envisagées pour les atteindre. Pour garantir la dimension intégrée du projet, elles doivent être partagées avec les acteurs du territoire et tenir compte des usages. Le choix de l’option la plus adaptée doit se faire dans le cadre d’une vision stratégique tenant compte du changement climatique.

2- Mobiliser

La réussite du projet requiert l’implication d’une maîtrise d’ouvrage adaptée, et la mobilisation de tous les acteurs concernés grâce à des actions de sensibilisation et à leur participation à l’élaboration du projet. La mobilisation doit être menée tout au long de la démarche.

Sensibilisation des élus, des acteurs locaux et des usagers | Page éditoriale

La sensibilisation vise à faire comprendre les enjeux et les bénéfices d’un cours d’eau en bon état, pour favoriser l’adhésion des acteurs du territoire au projet. Elle s’appuie sur des actions pédagogiques, ainsi que sur le partage d’expériences et de témoignages. De nombreux outils et exemples existent et peuvent être réutilisés.

Participation : élément clé de la programmation | Page éditoriale

La participation permet l’implication des acteurs du territoire concernés par le projet. Elle peut prendre différentes formes : information, consultation, concertation ou même coconstruction. Des outils et des dispositifs permettent la participation du public et des acteurs en amont du projet, pendant sa réalisation et à son issue.

Possibilités de financement | Page éditoriale

En complément du soutien financier des agences de l’eau, de multiples sources de financements existent. Certaines d’entre-elles favorisent la mise en œuvre de projets intégrés au territoire, tels que les fonds européens.

3- Agir

Les résultats du diagnostic écologique et l’identification des menaces potentielles et des pressions que subissent les milieux aquatiques permettent de déterminer les actions de préservation à mener : protection règlementaire, gestion partenariale, intervention sur les sols et paysages, etc. Lorsque le cours d’eau subit déjà des altérations, celles-ci peuvent être réduites par des actions de réduction des impacts ou de restauration écologique.

Actions sur le cours d'eau | Page éditoriale

Les échelles du lit mineur et majeur sont adaptées pour agir sur l’hydromorphologie, les zones humides alluviales, les ruptures de continuités écologiques et les habitats. Ces actions ont pour objectifs de favoriser la résilience des milieux aquatiques, et peuvent présenter des cobénéfices tels que la prévention des risques inondations et l’amélioration du cadre de vie des riverains.

Actions sur le bassin versant | Page éditoriale

Certaines actions doivent être menées dans l’ensemble du bassin versant pour préserver le bon état écologique, la dynamique fluviale et la qualité chimique des rivières. Ces actions concernent alors un secteur d’activité ou un type d’occupation du sol, afin de réduire les altérations du cycle de l’eau tout en diminuant les sources de pollution.

Gestion de la ressource en eau | Page éditoriale

Les prélèvements sur la ressource en eau peuvent conduire à des modifications importantes du débit des rivières ou du niveau des nappes et entraîner des conflits d’usages entre eau potable, industrie, agriculture, loisirs et biodiversité. Il est nécessaire d’organiser une gestion équilibrée et durable de la ressource en eau, adaptée à chaque territoire.

4- Suivre et évaluer

Le suivi et l’évaluation des actions menées est indispensable pour mesurer la réussite du projet et pouvoir y apporter des ajustements si cela est nécessaire, constituer des retours d’expérience étayés, et communiquer sur les résultats obtenus. Deux échelles d’évaluation co-existent : celle de l’action unique, et celle du projet dans son ensemble.

Evaluation de l’action mise en œuvre | Page éditoriale

Un suivi structuré est essentiel pour caractériser l’évolution du milieu après une intervention : efficacité de l’action menée, atteinte des objectifs fixés. Ce suivi doit être mené sur un temps suffisamment long pour permettre la réponse des différents compartiments du milieu. Il peut aussi porter sur les aspects économiques et sociologiques.

Evaluation d’un programme d’action | Page éditoriale

Le suivi et l’évaluation d’un programme d’actions, à l’échelle du bassin versant ou du sous-bassin, permettent de déterminer son état d’avancement et l’effet global de l’ensemble des mesures mises en œuvre. Le bilan écologique à large échelle est un outil d’aide à la décision qui vise à orienter les futures politiques ou actions.

À noter

Ces pages ont été élaborées grâce à la contribution du comité de pilotage composé de l'Office français de la biodiversité, du ministère en charge de l’écologie, des agences de l’eau, des Dreal de bassin et l’OIEau.