[Appel à projets] Biosurveillance : écotoxicologie pour le suivi et l’évaluation de la qualité des rejets et milieux aquatiques
L’Office français de la biodiversité a lancé en 2023 un appel à projets de recherche afin de soutenir des projets qui faciliteront la prise en main opérationnelle des outils issus de l’écotoxicologie, pour évaluer la qualité chimique de l'eau des rejets aqueux (eaux usées domestiques, urbaines, industrielles, pluviales...). Les deux projets seront réalisés sur 3 ans (2024-2027) par des consortiums associant chercheurs et gestionnaires. Ils contribueront, ensemble, à préciser l'utilisation de ces outils et leur apport dans un cadre opérationnel et règlementaire, et produire des compléments méthodologiques.
L'enjeu : améliorer la surveillance de la qualité chimique des rejets et des risques associés
Mieux prendre en considération les risques pour les humains et l’environnement liés à l’exposition à de multiples produits chimiques, provenant de différentes sources, est une nécessité. Cela passe notamment par le développement, la validation sur le terrain et le transfert vers les gestionnaires de méthodes d’évaluation alternatives, dont font partie les méthodes biologiques issues du domaine de l’écotoxicologie (bioessais, biomarqueurs, etc.). Plus "intégratives", elles doivent rendre compte :
- de la toxicité de l’ensemble des substances chimiques présentes sur un site ou dans un échantillon, ainsi que de leurs produits de dégradation/transformation,
- et des effets de la combinaison de ces substances, ou effets de mélange.
Malgré le grand nombre de méthodes écotoxicologiques aujourd’hui disponibles, leur utilisation pour la surveillance de la qualité des milieux aquatiques ou des rejets reste encore limitée. De plus, au-delà d’avoir une vision globale des outils existants et de leur maturité technique, elle nécessite d’évaluer leur applicabilité effective dans ces contextes et de définir les modalités pratiques de leur utilisation.
Cet appel à projet s'inscrit dans ce travail, en lien avec le partenariat OFB-Aquaref, réunissant scientifiques des secteurs public et privé et gestionnaires.
Les résultats sont attendus pour 2027-2028, et seront publiés sur la présente page.
Financé par l’OFB, cet appel à projets s’inscrit dans la continuité des travaux réalisés par le groupe de travail mis en place dans le cadre du partenariat OFB-Aquaref relatif aux nouveaux outils et connaissances permettant d’améliorer les stratégies de surveillance. Ce groupe a permis d’établir au préalable un inventaire des méthodes existantes, de caractériser leur niveau de performance selon une série de critères scientifiques et technico-économiques et de proposer des batteries de bioessais adaptées au contexte d’application.
Aquaref participe à faire évoluer les méthodologies pour une prise en compte plus exhaustive des effets toxiques des contaminants chimiques présents en mélanges complexes dans les matrices environnementales (eau de surface, sédiment, effluent). Il contribue également à différents plans nationaux et stratégies (plan micropolluants).
Objectifs de l'appel à projets
- Éprouver les batteries de bioessais proposées par le groupe de travail afin de valider la faisabilité de leur mise en œuvre d’un point de vue technique et économique. Ces batteries pourront également inclure des couples biomarqueurs / espèces présentant un degré de maturité élevé.
- Évaluer la plus-value de ces méthodes biologiques en comparant les informations acquises (notamment vis-à-vis de la caractérisation des impacts) à celles provenant des méthodes habituellement utilisées dans le cadre de la surveillance règlementaire de la qualité des rejets et des milieux aquatiques, à l’aide d’analyses multicritères devant intégrer les coûts de mise en œuvre et d’analyses.
- Proposer des grilles/référentiels d’interprétation des résultats, des indices multi-métriques intégrant l’ensemble des informations et utilisables par les opérationnels.
Deux domaines d’applications pour les exercices de démonstrations
- L’appui à la surveillance DCE pour l’évaluation de la qualité des eaux de surface : en priorité les eaux de surface continentales (ESC).
- La caractérisation de l’impact de rejets aqueux sur le milieu aquatique récepteur, notamment pour ce qui est des rejets urbains, les activités agricoles, élevage et cultures et rejets industriels dans une moindre mesure.
Cet AAP est doté d’une enveloppe globale de 800 000 € TTC, pour 2 à 3 projets soutenus.
Le financement de l’OFB ne pourra pas dépasser 80 % du coût complet du projet pour l’ensemble des partenaires et chacun des partenaires. Les montants demandés doivent être compris entre 250 000 € TTC et 400 000 € TTC par projet.
Ces aides financières seront versées sous la forme d’un marché de recherche et développement.
Deux projets ont été retenus dans le cadre de cet AAP.
Sentinelle Acte - Université Clermont-Auvergne, avec le bureau d’étude Anthroposed, agences de l’eau Adour-Garonne et Loire-Bretagne
Domaine d’application : évaluation de la qualité des eaux de surface.
Le projet Sentinelle Acte éprouvera une batterie composée de bioessais et de biomarqueurs sur 5 cours d’eau et 20 stations issues des réseaux de surveillance afin d’évaluer l’impact de la pollution dans ces milieux.
Biocaire - Régie de l'eau Bordeaux Métropole, avec Inrae, Ineris, UMR Epoc, Orléans Métropole et Suez
Domaine d’application : caractérisation de l’impact de rejets aqueux.
Le projet Biocaire éprouvera une batterie de bioessais pour caractériser l’impact de deux rejets aqueux sur le milieu récepteur : les eaux pluviales d’un exutoire routier dans la Jalle de Blanquefort (Bordeaux) et les eaux usées traitées d’une station d’épuration des eaux usées dans la Loire (Orléans).
Le présent appel à projets était ouvert à des consortiums/groupements de chercheurs des secteurs public et privé et de gestionnaires (collectivités territoriales, entreprises de l’eau, syndicats mixtes et services publics de l’eau, etc.).