[Appel à projets de recherche] Fonctionnalités des milieux terrestres et efficacité des pratiques de gestion
L’OFB et le Centre méditerranéen de l’environnement et de la biodiversité (Cemeb), représenté par l’Université de Montpellier, ont lancé cet appel à projets de recherche (APR) pour soutenir des projets de recherche appliquée portant sur la fonctionnalité des milieux terrestres en France (hexagone et outre-mer), et permettant de venir en appui aux gestionnaires pour améliorer l’efficacité de leurs mesures de gestion.
Plus précisément, l’objectif des travaux de recherche est de développer des connaissances et d’apporter une meilleure compréhension des fonctionnements des écosystèmes terrestres dans un contexte de changements climatiques et de pression anthropique accrue, permettant de contribuer à l’évaluation de l’efficacité des pratiques de gestion.
Détail des projets retenus et résultats publiés
- Projet RenPop – Renforcement des populations comme source de sauvetage évolutif
Évaluer l'importance de la diversité génétique dans les actions de gestion, notamment lors des actions de renforcement de populations végétales. - Projet Tranecol - Transitions écologiques et flore protégée : la gestion conservatoire à l’échelle de la niche
Analyser la variabilité de la niche d’espèces végétales protégées en situation de transitions écologiques, très souvent en lien avec des impacts des activités humaines sur leurs populations. - Projet Fonte - Gestion des territoires et biodiversité fonctionnelle
Comprendre le rôle des trames écologiques sur la diversité multi-taxons dans un contexte croissant d’anthropisation des paysages. - Projet ManagForRes - Effet de la gestion forestière sur la réponse des écosystèmes forestiers guyanais aux changements climatiques
Évaluer les effets de l’exploitation sélective de bois d’œuvre en forêt tropicale guyanaise sur l’écosystème forestier, dans un contexte de changement climatique.
Projet RenPop – Renforcement des populations comme source de sauvetage évolutif
Porté par : Eric Imbert (Isem, Université Montpellier), Katia Diadema (CBN Méd., Reseda-Flore)
Un premier volet de l'étude a consisté à faire le bilan des connaissances de l'état de la diversité génétique sur les espèces végétales, en particulier pour les espèces protégées de la flore française.
Associé à ce bilan, une synthèse des plans de gestion portant sur 62 espèces végétales a permis de mettre en évidence l'intégration limitée de ce paramètre dans les mesures de gestion in situ, mais aussi une faible connaissance de traits biologiques impactant la diversité génétique.
En collaboration avec des gestionnaires du réseau Reseda-Flore, un guide méthodologique a été proposé pour une meilleure prise en compte de la diversité génétique lors des actions de renforcement.
Publications
- Eric Imbert, Juliette Ducrettet. Projet Renpop, RENforcement des POPulations comme source de sauvetage évolutif - Rapport final. Institut des sciences de l'évolution de Montpellier. 2023.
- Eric Imbert, Juliette Ducrettet, Sandrine Maurice. Gestion de la diversité génétique pour la conservation in situ des espèces végétales - Synthèse des principes fondamentaux et préconisations. Université de Montpellier (UM), FRA; Institut des sciences de l'évolution de Montpellier. 2021.
- Juliette Ducrettet, Sandrine Maurice, Laurence Meslin, Eric Imbert. Méthodes de caractérisation génétique des populations végétales - Aide à la construction d'un protocole de renforcement. [Rapport de recherche] Université de Montpellier (UM), FRA; Institut des sciences de l'évolution de Montpellier. 2022.
- Juliette Ducrettet, Sandrine Maurice, Eric Imbert. How much do we know and how much do we care about genetic diversity of threatened plants? A case study from the French flora. Botany Letters, In press, 170 (1), pp.110-118. ⟨10.1080/23818107.2022.2125902⟩.
Autres ressources
- Pour une prise en compte de la diversité génétique dans les actions de gestion. Biodiversité, des clés pour agir n°5, 2023
- Webinaire de clôture de l'appel à projets - présentation des résultats, 23 janvier 2024 : vidéo et diaporama.
Projet Tranecol - Transitions écologiques et flore protégée : la gestion conservatoire à l’échelle de la niche
Porté par : John Thompson, Perrine Gauthier, Ninon Fontaine (UMR 5175 Cefe), Cyllène Chatellier & Mathilde Latron (CBN Med & Cefe), Adèle Rauzier (Parc national du Mercantour), Jérôme Paoli (PNR de la Narbonnaise, RNR Sainte Lucie)
Ce programme comporte 5 études de cas. Dans le cadre de chaque étude, un lien fort et direct a été construit avec les gestionnaires d’aires protégées concernées. Il a couvert une gamme de situations où la microtopographie et divers paramètres du substrat varient très fortement à fine et à large échelle : les mosaïques de milieux côtiers, les gradients d’altitude et de climat, les écotones entre grands types de substrat en montagne.
- Deux espèces endémiques à très fort enjeux de protection en région méditerranéenne française, Myriolimonum diffusum et L. companyonis. Elles se trouvent sur une variabilité d’habitats dans la Réserve naturelle régionale de Sainte Lucie et d’autres sites du Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée.
- Quatre espèces de Génépi, Artemisia umbelliformis, A. glacialis, A. genipi et A. eriantha, à fort enjeu de conservation du fait de leur cueillette, sur différents types de substrat sur les crêtes et sommets dans le Parc national du Mercantour.
- Fritillaria moggridgei, une espèce endémique des sous-bois de mélézins et des alpages des Alpes maritimes et ligures dont certaines populations sont impactées par le pâturage.
- Lilium pomponium, une autre espèce endémique des Alpes maritimes et ligures qui pousse sur un gradient altitudinal important de 200 à 2 000 mètres (au-dessus du niveau de la mer).
- Atractylis humilis, une espèce commune dans l’est de l’Espagne mais rare (et protégée) en limite nord-est d’aire de répartition, en région méditerranéenne française, où certaines populations sont impactées par la transplantation d’une collection de vignes de référence.
Ces études illustrent, à travers une diversité de situations écologiques et de pressions anthropiques, comment une connaissance fine de la niche, à différentes échelles spatiales, peut informer les stratégies et actions de gestion. Elles montrent aussi comment les activités humaines peuvent créer des situations où les espèces sont très vulnérables au sein de leur niche réalisée.
Publications
- Chatellier, C., Pons, V., Gauthier, P., Andrieu, F., Molina, J. & Thompson, J.D. 2023. Variabilité de la niche écologique de deux espèces endémiques en situation de transitions écologiques. Ecologia Méditerranée, 49, 11-24.
- Fontaine, N., Gauthier, P., Casazza, G., & Thompson, J.D.Niche variation in endemic Lilium pomponium on a wide altitudinal gradient in the Maritime Alps. Plants, 11, 833.
Autres ressources
Projet Fonte - Gestion des territoires et biodiversité fonctionnelle
Porté par : François Chiron, Carmen Bessa-Gomes (ESE)
À l’échelle nationale, le rôle des principaux gradients paysagers sur la diversité des insectes pollinisateurs a été étudié. L’hypothèse testée est celle d’une complémentarité, synergie ou antagonisme entre écosystèmes urbains et non-urbains (10 ans de données du programme de science participative SPIPOLL).
Cette analyse a été complétée par une évaluation de l’efficacité des réservoirs de biodiversité dans un contexte de périurbanisation, à l’échelle du Plateau de Saclay (Île-de-France).
Enfin, une évaluation du rôle d’une variété d’espaces de nature en ville et leur gestion sur les communautés de chauves-souris en Ile-de-France a été menée.
Outre les effets de la fragmentation urbaine, cette étude met en lumière le rôle positif de la gestion et de l’entretien de ces espaces aux échelles locales et paysagères, et dans le temps.
Publications
- Rapport final du projet (mars 2023)
- Derminon S., Chiron F. (2021) Gestion des espaces de nature et biodiversité en ville - Synthèse des recherches internationales, Université Paris-Saclay, 54 pp. DOI:10.13140/RG.2.2.24808.55040
Autres ressources
Projet ManagForRes - Effet de la gestion forestière sur la réponse des écosystèmes forestiers guyanais aux changements climatiques
Porté par : Géraldine Derroire, Daniela Krebber, Vincyane Badouard (UMR Ecofog, Cirad), Olivier Brunaux, Caroline Bedeau (ONF).
Le rôle des interactions biotiques (positive ou négative) entre arbres voisins sur les performances individuelles des arbres (croissance) en réponse aux facteurs climatiques a été étudié via des modèles hiérarchiques bayésiens.
Un package R de simulation d’exploitation forestière sur des données d’inventaire forestier a également été développé.
En les combinant, l’effet de différents scénarios d’exploitation forestière a été testé en termes de dégâts produits et d’impact sur la croissance des arbres, en années au climat normal ou anormalement sec.
Publications
- Rapport final (2023)
- Vincyane Badouard, Sylvain Schmitt, Guillaume Salzet, Thomas Gaquiere, Margaux Rojat, et al.. LoggingLab: An R package to simulate reduced-impact selective logging in tropical forests using forest inventory data. Ecological Modelling, 2024, 487, pp.110539. ⟨10.1016/j.ecolmodel.2023.110539⟩.
- Nemetschek D, Derroire G, Marcon E, Aubry-Kientz M, Auer J, Badouard V, Baraloto C, Bauman D, Le Blaye Q, Boisseaux M, Bonal D, Coste S, Dardevet E, Heuret P, Hietz P, Levionnois S, Marechaux I, McMahon S, Stahl C, Vleminckx J, Wanek W, Ziegler C, Fortunel C, 2024.Climate anomalies and neighbourhood crowding interact in shaping tree growth in old-growth and selectively-logged tropical forests. Journal of Ecology, 112 (3) : 590-612.
Autres ressources
Les informations sur l'appel à projets
Cet APR vise à développer les connaissances et apporter une meilleure compréhension des fonctionnements des écosystèmes terrestres dans un contexte de changements climatiques et de pression anthropique accrue, permettant de contribuer à l’évaluation de l’efficacité des pratiques des gestionnaires d’espaces naturels.
Les projets de recherche pourront proposer par exemple, de manière non exclusive et non exhaustive, un état de l’art permettant de faire progresser les réflexions concernant la gestion d’espaces naturels terrestres, ou la réalisation d’une étude basée sur des expérimentations déjà mises en place ou à développer sur des espaces naturels gérés, ou encore des méthodes menant à la construction d’indicateurs fonctionnels.
Les résultats obtenus dans ce cadre devront être valorisables et transférables à d’autres territoires et diffusés au plus large public.
Cet APR est doté d’une enveloppe d’un montant de 340 000 euros nets de taxe permettant de financer quatre projets de recherche qui devront débuter en 2019. Il pourra financer jusqu’à :
- deux projets d’un montant maximal de 60 000 € (identifiés comme « financements A1 et B1 »)
- deux projets d’un montant maximal de 110 000 € (identifiés comme « financements A2 et B2 »)