Raton laveur (Procyon lotor)

Données du document
Structure(s) autrice(s)
Centre de ressources Espèces exotiques envahissantes
Réseau Petits méso carnivores
Office français de la biodiversité (OFB)
UICN - Comité français
Éditeur(s)
Office français de la biodiversité (OFB)
Collection
Fiches Espèces
Date d'édition
Type
Fiche espèce
Statut de l'espèce
évaluée
réglementée
exotique
exotique envahissante
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Contenu

Le Raton laveur est un mammifère carnivore de taille moyenne caractérisé par un masque facial noir de "bandit" s’étirant des yeux jusqu’au museau et une queue annelée. C'est une espèce introduite en France et classée espèce exotique envahissante (EEE) en Hexagone, Martinique, Guadeloupe et à Saint-Martin.

Fiche d'identité

Nom

  • Latin : Procyon lotor (Linnaeus, 1758)

Classification : Carnivores / Procyonidae / Procyon

Statut de conservation (liste rouge UICN) :

  • Liste mondiale : Préoccupation mineure (LC)

Statut réglementaire : espèce exotique envahissante

Réglementation

Morphologie
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Raton laveur, critères d'identification (Extrait, EEE-Bassin-Loire_2018-ONCFS)
Critères d'identification du Raton laveur (ONCFS, 2018, Guide de terrain)

Le Raton laveur est un mammifère de taille moyenne.

Poids : 5 à 6 kg en moyenne, parfois jusqu'à 10kg

Longueur : jusqu’à 90 cm de long, sans la queue (20 à 40 cm)

Hauteur au garrot : 30-35 cm

Allure générale : silhouette ronde et trapue, avec un arrière-train surélevé. Tête courte et large, avec un masque facial noir s’étirant des yeux jusqu’au museau, oreilles larges et bien visibles. Longue queue touffue et annelée.

Pelage : dorsal gris brun, plus clair sur le ventre, queue avec 5 à 7 anneaux bruns à noir séparés par des poils plus clairs

Confusion possible :

  • Chien viverrin (Nycteuretes procyonides), EEE dans l'Hexagone, dont le masque facial ne recouvre pas le museau, et la queue n’est pas annelée.
  • Blaireau européen (Meles meles)

Habitat

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Ratons laveurs, affût au PN de Guadeloupe (Cyril Cottaz, OFB)

Le Raton laveur marque une préférence pour les habitats boisés parcourus de cours d’eau lents, de mares et d’étangs. Il peut fréquenter également des milieux plus ouverts comme les milieux agricoles, les marais mais aussi les zones suburbaines.

Il utilise des arbres creux comme gîte, ou des terriers de mammifères (renards, blaireau).

Cycle de vie (alimentation, reproduction et paramètres démographiques)

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Raton laveur au piège photographique en Guadeloupe (OFB)

Les informations sont considérées dans son milieu d’origine.

Régime alimentaire : omnivore

Opportuniste, il se nourrit de poissons, amphibiens, oiseaux, invertébrés, petits mammifères, œufs, insectes, fruits, graines, charognes, déchets domestiques.

Reproduction

  • Maturité sexuelle : entre 10 et 15 mois
  • Gestation : 63 jours
  • Portée : 1 fois par an de 3 à 5 jeunes

Longévité de 6 à 16 ans

Comportement (mode de vie, domaine vital)

Animal nocturne et crépusculaire, le plus souvent solitaire.

Domaine vital

La taille et le contours des domaines vitaux sont variables selon la disponibilité en gîtes et ressources alimentaires, de 500 à 2500 ha.
Plusieurs individus peuvent avoir un chevauchement des domaines vitaux : absence d'un comportement territorial très affirmé.
Le domaine des mâles adultes est généralement plus grand que celui des femelles et des jeunes, et peut englober celui de plusieurs femelles.

Répartition géographique et situation de l'espèce

Une espèce introduite par différentes voies

Originaire d’Amérique du Nord et centrale, des individus accompagnent les militaires nord-américains stationnés dans l'Aisne à la sortie de seconde guerre mondiale comme animal de compagnie. Certains s'en émancipent autour des années 1960 et créent un foyer dynamique.
Les zoos constituent la seconde voie d’introduction pour former les deux autres populations de l'Hexagone : en Auvergne et en Gironde. Il est également possible que certains soient échappés de chez des particuliers en détenant illégalement.
Aux Antilles, il a été ramené du continent américain dès le XIXe siècle en Guadeloupe, puis signalé en Martinique en 1954. Il était considéré comme une espèce endémique en Guadeloupe jusqu'en 2000.

Tendances et répartition du raton laveur

En France métropolitaine

Les populations de ratons laveurs montrent un fort dynamisme ces dernières décennies au sein de 3 foyers.

  • Aisne : ce foyer né vers 1960 déborde désormais sur les départements voisins de la Marne, les Ardennes, l’Aube, l’Oise pour former la plus ancienne et la plus importante population de France. Il commence à se fondre avec la population wallonne, issue d’introductions locales et de mises en contact avec la grande population allemande via le Luxembourg. Le foyer sembleprogresser vers l’est de la France dans les forêts de la Meuse, de la Meurthe-et-Moselle et du Bas-Rhin, en contact avec les individus provenant de la Rhénanie-Palatinat voisine.
  • Auvergne : des observations occasionnelles sont signalées dès la fin des années 1970 dans l’Allier et le Puy-de-Dôme, puis en Haute-Loire. À partir de 2007, les observations et constats de reproduction en nature se multiplient.
  • Gironde : les premières observations datent de 2007. Elles deviennent régulières sur certaines communes autour de Cadaujac avec des individus capturés dans certaines plus éloignées.

En Guadeloupe, Saint-Martin et la Martinique

Aucune estimation des effectifs n’est fournie pour ces territoires insulaires ni même de tendance. Il semble néanmoins plus présent en Guadeloupe qu’à la Martinique.

Cartes de répartition de l'espèce sur le site de l'INPN

Cartes de répartition de l'espèce sur Carmen

Impacts sur l’environnement, l’économie et/ou la santé

  • Prédation sur des oiseaux nichant au sol et leurs couvées, sur des petits mammifères.
  • Engendre des dégâts sur des cultures maraîchères et céréalières, notamment sur le maïs. Peut occasionner des dégâts dans les poulaillers et les élevages.
  • Vecteur de parasites, virus, dont certains transmissibles à l’Homme.

Réglementation

Statut juridique

Réglementation liée à la captivité

En France métropolitaine, tout comme au sein de l’Union européenne (hors régions ultra-périphériques) : détention autorisée uniquement dans les établissements procédant à leur conservation hors du milieu naturel (zoos) avec obligation de marquage. Règlement d’exécution (UE) 2014/1143 de la commission du 22 octobre 2014.

Arrêté du 8 octobre 2018 fixant les règles générales de détention d'animaux d'espèces non domestiques (annexe 2)

Réglementation liée à sa chasse

Contrôle par la chasse, en application de l’article R. 427-6 du code de l’environnement. Arrêté du 2 septembre 2016. Il peut être piégé toute l'année et en tout lieu, et peut être détruit à tir sur autorisation individuelle délivrée par le préfet entre la date de clôture générale et la date d'ouverture générale de la chasse.

Observation, étude et gestion

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Capture de Raton laveur dans une cage piège, Doubs (Richard Goutaudier, OFB)

Études et recherches menées à l'OFB

Suivi de la répartition

Dans le cadre du réseau Petits et mésocarnivores, l'OFB contribue au suivi de sa répartition nationale via la collecte de données, notamment par des enquêtes auprès de différents acteurs pour cette espèce discrète. Elle sont ensuite analysées pour produire des cartes de répartition nationales (portail Carmen), qui sont ensuite versées au SINP.

Amélioration des connaissances de l'écologie du Raton laveur, et des interactions humaines ou avec son environnement

En 2021 une investigation a été menée sur la structure génétique des populations, en collaboration entre l'OFB, l'université de Lyon et le laboratoire Antagène. Elle a confirmé que des évènements d'introduction différents sont à l'origine de chacune des 3 populations françaises (Larroque et al, 2023).

Une thèse est actuellement en cours depuis 2019 avec pour sujet : "Évaluation des risques d’impacts écologiques et sanitaires du Raton laveur (Procyon lotor) sur la faune sauvage et domestique en France", à l'université de Reims avec le soutien financier de l'OFB Les résultats sont attendus courant 2023.

Dans l'objectif de connaître l'effet d'un contrôle protocolé de la population, les équipes de recherche OFB ont également travaillé sur des estimateurs d'abondance. Des pièges photographiques ont permis de suivre l'évolution des populations suite à des opérations de gestion, en Gironde et en zone de peste porcine africaine en frontière avec la Belgique 2020-2022. Les résultats sont attendus courant 2023.

Le contrôle des espèces exotiques envahissantes (EEE)

Comme pour toute EEE, il s'agit de limiter la propagation de l'espèce :

  • en évitant le risque d'introduction de nouveaux individus, en particulier sur les territoires où elle est absente, le transport accidentel ou non,
  • en testant des modes de contrôles ou d'élimination.

Avant toute opération de lutte, merci de vous renseigner sur la réglementation en vigueur auprès de la Direction départementale des territoires de votre département.

En savoir plus :

Informations complémentaires et références

Bibliographie et documentation

Aller plus loin

Retours d'expérience de gestion : Raton laveur (Procyon lotor) | Retour d'expérience

Un retour d'expérience de gestion est disponible sur la régulation du Raton laveur, précisant les enjeux, interventions, mise en oeuvre, résultats et bilan, ainsi que les perspectives et des éléments de réglementation.

CPA2018_EEE-vol3_26-1-Raton-Gironde_couv.png
Périmètre du document
Emprise géographique
Internationale
Zone
France et autres pays
Langue du document
Français
Cadre réglementaire
Réglement européen des espèces exotiques envahissantes
Milieux
Milieux aquatiques continentaux
Milieux humides
Milieux boisés
Milieux agricoles
Zones bâties, sites industriels, autres milieux artificiels
Groupes d'espèces
Mammifères
Domaines d'action
Gestion des habitats et espèces
Données et connaissances
Communication et sensibilisation