Tursmed : pour une gestion pérenne du Grand dauphin en Méditerranée
Favoriser une gestion intégrée et pérenne du Grand dauphin sur la façade méditerranéenne française à travers le réseau des aires marines protégées (AMP) : c’est le but du projet Tursmed. Initié en 2018, il est renouvelé jusqu’en 2023 dans le cadre d’un contrat Recherche & développement entre l’OFB et l’association Miraceti. Les premiers résultats et outils sont désormais disponibles, notamment pour les acteurs des AMP impliqués dans la préservation de l’espèce.
Le Grand dauphin est particulièrement sensible aux activités nautiques
En Méditerranée, les cétacés subissent diverses pressions liées aux activités nautiques professionnelles et récréatives : captures accidentelles dans les filets de pêche, collision avec les navires, dérangement sonore dû au trafic maritime, approches non respectueuses et répétées… Le Grand dauphin (Tursiops truncatus), espèce côtière présente le long de la plupart des côtes méditerranéennes, y est particulièrement sensible.
Si la population mondiale de Grand dauphin est classée sous le statut « préoccupation mineure » de la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), des sous-populations peuvent avoir un statut local différent. C’est le cas en Méditerranée où l’espèce était considérée vulnérable jusqu’en 2021.
Un suivi au long cours en Méditerranée pour améliorer la préservation
Afin de mettre en place des mesures de préservation adaptées, il est essentiel de mieux connaître l’espèce et son comportement.
De 2018 à 2020, le projet de recherche Tursmed a permis d’initier et renforcer des actions de gestion et de suivi des cétacés au sein des aires marines protégées de Méditerranée. En 2021, l’OFB et l’association Miraceti se sont associés pour poursuivre ce travail à travers un second projet de recherche : Tursmed 2. Son but : pérenniser et valoriser les actions lancées lors du projet initial, mais aussi développer de nouvelles initiatives contribuant à évaluer l’état écologique des eaux méditerranéennes françaises dans le cadre de la Directive cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM) ; l’effectif de Grand dauphin en Méditerranée étant l’un des indicateurs de la DCSMM. D’autres actions, comme l’étude des impacts des activités humaines sur les populations au sein des aires marines protégées, ont également été lancées.
Un recueil de données homogènes pour toute la façade méditerranéenne
« Pour recueillir des données fiables et exploitables à l’échelle globale de la façade maritime méditerranéenne française (Provence, Golfe du Lion et Corse), un enjeu fort des projets Tursmed 1 et 2 était d’harmoniser les méthodes de suivi. Un prérequis essentiel pour acquérir de nouvelles connaissances sur l’espèce et mieux évaluer les enjeux de sa conservation », précise Anne Salvado, chargée de mission à la délégation de façade maritime Méditerranée de l’OFB.
Démarrées en 2021, des missions en mer auront lieu jusque fin 2023 pendant 30 semaines pour récolter diverses données :
- des observations (nombre d’individus, présence de nouveau-nés ou de jeunes…) ;
- des photos permettant l’identification individuelle des dauphins à l’aide de leur dorsale ;
- des informations comportementales (individus en train de s’alimenter, voyager, se reposer, se socialiser).
Ces missions en mer ont 3 objectifs :
- mieux connaître la structure des populations de Grand dauphin, leur mode de résidence et leurs zones vitales ;
- évaluer l’évolution de la distribution et des effectifs de Grand dauphin en Méditerranée française pour alimenter les suivis menés dans le cadre des deux directives européennes : DCSMM et Directive Habitat Faune Flore (DHFF) ;
- former des gestionnaires d’aires marines protégées au suivi et à la collecte de données sur les cétacés.
Résultats et outils
Une carte en ligne des suivis du Grand dauphin en Méditerranée
Cette carte montre notamment les tracés des sorties en mer réalisées depuis 2021 par les AMP contributrices et Miraceti. Elle fait aussi apparaître les tracés d’effort de prospection et les différentes observations réalisées (ou non) durant l’effort.
Que désigne l'effort de prospection ?
On parle d’effort de prospection lorsque l’on considère que, par conditions de bonne visibilité, tous les animaux présents dans la zone ont été vus ; autrement dit, si aucune observation n’a été réalisée, c’est parce qu’on était sûr qu’aucun animal n’était visible dans la zone. Grâce à la collecte de données en effort de prospection, on obtient des données de présence et d’absence des animaux qui permettent d’estimer des taux de rencontres et d’abondance relative, et de connaître la distribution spatio-temporelle des cétacés au sein d’une zone.
Un protocole standardisé
Les données sont issues du protocole standardisé « Cétacés-AMP-Med » développé sur l’application « ObsenMer expert » dans le cadre des projets Tursmed 1 et 2. Ce protocole a été créé par l'OFB (DFM Méditerranée) et Miraceti, à partir du recueil des besoins des gestionnaires d’AMP de Méditerranée. Il est ouvert spécifiquement aux gestionnaires ayant suivi les formations théoriques (voir catalogue de formation de l’OFB) et embarquées, dispensées par l'OFB et Miraceti.
À la demande des gestionnaires, le protocole traite plusieurs thématiques : cétacés, oiseaux, tortues, macro-déchets… ; la collecte des données sur les cétacés étant obligatoire contrairement aux autres données que les gestionnaires peuvent choisir de récolter ou non.
Ressources
- Guide pratique. Suivi et conservation des cétacés - Mise à jour 2022
- Rapport final Projet Tursmed 1 (2020)
- Revue sur les aires marines protégées et les cétacés en Méditerranée
Contact OFB
Anne Salvado, anne.salvado (a) ofb.gouv.fr
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Grand dauphin (Tursiops truncatus) | Fiches Espèces | septembre 2022
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