Sagir, le réseau de surveillance des maladies de la faune sauvage
Le réseau Sagir est un dispositif national de surveillance épidémiologique dédié à la faune sauvage (oiseaux, mammifères terrestres, amphibiens et reptiles). Il a pour but de détecter précocement l’émergence de maladies qui peuvent affecter la conservation des espèces, la santé des animaux domestiques, la santé humaine, l’économie des filières agricoles ou qui peuvent indiquer la dégradation de la qualité de l’environnement.
Pour assurer cette surveillance épidémiologique, le réseau Sagir s’appuie sur la détection de signaux anormaux de mortalité et le diagnostic des causes de mortalité.
Objectifs
- Détecter précocement l’apparition de maladies nouvelles quelle qu’en soit la cause (infectieuse, parasitaire, toxicologique, traumatique, immunitaire, etc.) sur le territoire ou pour une espèce donnée (franchissement de barrière d’espèce, changement de virulence, etc.) et décrire les processus morbides et épidémiologiques.
- Détecter les agents infectieux transmissibles à l’homme et/ou partagés par la faune sauvage et les animaux domestiques.
- Caractériser dans le temps et dans l’espace les maladies des espèces sauvages à enjeu pour la santé des populations sauvages et domestiques ou pour la santé humaine.
- Participer à la surveillance des atteintes aux milieux et espèces via l'articulation entre Sagir et la police judiciaire.
- Surveiller les effets aigus non intentionnels de l’utilisation agricole des produits phytopharmaceutiques sur les espèces sauvages.
L’acquisition de ces données contribue :
- à l’évaluation et la gestion des risques de propagation des agents infectieux et des transferts de toxiques dans la faune sauvage. Il s’agit là de répondre aux enjeux de santé animale, de santé publique et de conservation des espèces reliés dans le concept « une seule santé » ;
- à identifier les maladies à enjeu pour la préservation ou la gestion des populations sauvages ;
- à alimenter la recherche en épidémiologie, écotoxicologie ou écologie.
Quelques chiffres
- Environ 2300 évènements investigués par an, en dehors des crises sanitaires, dont plus de 150 font l’objet d’analyses toxicologiques
- 25 composés toxiques régulièrement recherchés dont principalement des insecticides (carbamates/néonicotinoïdes), des rodenticides (anticoagulants AVK), et occasionnellement des métaux (plomb, cadmium, mercure…)
- Plus de 350 espèces ont fait l'objet d'analyses, et en moyenne plus de 150 par an, dont une part croissante d'espèces protégées (plus de 30% entre 2022-2024), éventuellement sous plans nationaux d’action.
Fonctionnement
Administré par l’Office français de la biodiversité (OFB), le réseau Sagir repose sur un partenariat avec les fédérations de chasseurs et les laboratoires vétérinaires départementaux (LVD). Il existe dans sa forme actuelle depuis 1986 et couvre la France hexagonale et l’Outre-mer (Antilles et La Réunion). Il collabore aussi avec les terres australes et antarctiques françaises (Taaf) pour la surveillance événementielle de la faune sauvage.
Les intervenants du réseau
Pour les constats d’animaux morts, le réseau s’appuie sur des observateurs de terrain, coordonnés par deux interlocuteurs techniques départementaux, l’un au sein de la Fédération départementale des chasseurs (FDC) et l’autre au sein du service départemental de l’OFB.
Pour le diagnostic de l’origine de la mort, le réseau s’appuie sur un réseau de proximité (LVD) et sur des laboratoires spécialisés et les laboratoires de référence (Anses, Institut Pasteur...)
3 types complémentaires de surveillance
Une vigilance opportuniste, évènementielle, généraliste et continue
Il s’agit de détecter des signaux de mortalité/morbidité anormaux, sans présumer de l’étiologie. La mise en évidence d’un agent pathogène ne résulte pas d’un dépistage systématique, mais d’une démarche diagnostique pour déterminer les processus ayant abouti à la mort des animaux.
Des « cas audiovisuels »
Ce sont des photos ou vidéos, transmises par les interlocuteurs techniques du réseau, dans le cas d’animaux viables ou non transportables mais qui présentent des signes cliniques marqués. Le diagnostic est alors différentiel et hiérarchisé.
Une surveillance renforcée pour certaines maladies
Ces protocoles spécifiques concernent certains pathogènes (influenza aviaire, tuberculose, pestes porcines, virus West-Nile, brucellose) et peut aussi être mis en place lorsqu’un problème sanitaire émerge par exemple.
L’échantillon des animaux collectés est alors harmonisé, renforcé et ciblé sur le risque. Sont identifiés par exemple :
- des espèces d’intérêt, par exemple les oiseaux d’eau pour l’influenza aviaire hautement pathogène, les corvidés pour le virus du Nil occidental, les sangliers et les blaireaux pour la tuberculose,
- des zones à risque, par exemple les zones humides des couloirs de migration pour l’influenza aviaire hautement pathogène, le pourtour méditerranéen pour le virus du Nil occidental,
- des périodes à risque, par exemple les périodes de migration des canards plongeurs pour la surveillance des virus de l’influenza aviaire hautement pathogènes.
Collaborateurs
Laboratoires spécialisés (Anses, PavTox - VetAgro Sup), experts (Faunapath, Pôle d’expertise vétérinaire et agronomique - VetAgro Sup), équipes de recherche académique, associations de protection de la nature (SFEPM, conservatoires d’espaces naturels, LPO...), autres réseaux de surveillance (Smac, parcs nationaux, réserves naturelles des Taaf…).
Contacts
E-mail : sagir (a) ofb.gouv.fr
Adresse : Saint-Benoist - BP 20, 78612 Le Perray-en-Yvelines
Publications du réseau
Lettre d’information du réseau Sagir | Page éditoriale
Ce numéro spécial présente le bilan de l'activité du réseau Sagir sur l’année 2023 à travers le volet généraliste associé au réseau de surveillance de la mortalité anormale des chiroptères (Smac), et les surveillances renforcées relatives à des maladies ou des espèces. Ainsi sur 8 années, il y a eu 21 031 évènements de collecte pour un total de 25 965 échantillons, c'est-à-dire cadavres, saisis dans la base de données Épifaune.
À retrouver dans cette lettre, les informations du réseau de surveillance des maladies de la faune sauvage Sagir : une circulation intense en 2023 de virus transmis par des vecteurs (maladie hémorragique épizootique - MHE, flavivirus), la détection d’une nouvelle souche d’EBHSV (virus du syndrome du lièvre brun européen), des cas cliniques de maladie de Carré en faune sauvage et bien d’autres actualités.