OBSCAMe(+) : comprendre les captures accidentelles de mammifères marins par les fileyeurs du golfe de Gascogne

Données du projet
Contact(s)
Stéphanie Tachoires (stephanie.tachoires (a) ofb.gouv.fr) ou Marie-Claude Cote-Laurin (marie-claude.cote-laurin (a) ofb.gouv.fr)
Date de début
2021
Date de fin
2025
Mise à jour

Face au phénomène grandissant des échouages et des captures accidentelles de mammifères marins dans les eaux métropolitaines françaises, il est urgent de mieux les comprendre pour agir et les réduire. L’Office français de la biodiversité (OFB) est engagé dans différents travaux portant sur les interactions entre ces espèces protégées et l’activité de pêche maritime. Les projets OBSCAMe et OBSCAMe+ font appel à des caméras embarquées sur les fileyeurs du golfe de Gascogne pour fournir des données aux scientifiques.

Les mammifères marins, des espèces protégées en interaction avec les activités de pêche maritime

Le statut d'espèce protégée

Les mammifères marins, tels que le dauphin commun, sont des espèces protégées au titre :

  • de l’annexe IV de la Directive Habitats-faune-flore (DHFF) et
  • de l’arrêté ministériel, modifié, du 1er juillet 2011, fixant la liste des mammifères marins protégés sur le territoire national et les modalités de cette protection.

Ces textes prévoient une protection stricte de ces espèces dans les eaux françaises.

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Estimation de la mortalité due aux captures accidentelles de dauphins communs entre 1990 et 2021 (Dars et al., 2021)
Estimation de la mortalité due aux captures accidentelles de dauphins communs entre 1990 et 2021 (Dars et al., 2021)

Une intensification du phénomène d’échouage et de capture accidentelle

D’importants échouages de petits cétacés, en particulier en hiver, sont pourtant régulièrement observés sur les côtes françaises du golfe de Gascogne (en grande majorité du dauphin commun), la plupart présentant des traces d’engins de pêche. Ce phénomène n’est pas nouveau sur nos côtes, mais l’intensification des échouages depuis 2016/2017 reflète une intensification des interactions entre les activités de pêche et les mammifères marins.

Dars C. et al., 2021. Les échouages de mammifères marins sur le littoral français en 2021. Rapport scientifique de l’Observatoire Pelagis, Réseau national Échouages.

En 2023, le CIEM (Conseil international pour l’Exploration de la mer) a estimé à 9040 le nombre de dauphins communs capturés annuellement dans les engins de pêche sur la période 2019-2021 (à partir des données d’échouages). Dans ce même avis, une estimation annuelle plus basse de 5938 individus est faite sur la base des données d’observation embarquée. (ICES Advice 2023 - sr.2023.01)

Améliorer les connaissances sur les interactions pêche - mammifères marins

Si de récents travaux ont permis d’identifier certains engins de pêche à risque, de nombreuses incertitudes demeurent sur les facteurs influençant ces captures accidentelles. Une meilleure compréhension de ces facteurs est nécessaire afin de permettre l’élaboration de mesures adaptées aux enjeux socio-économiques et environnementaux.

Les systèmes de suivi « traditionnels », observations embarquées et déclarations, montrent actuellement certaines limites. Le CIEM recommande l’observation électronique à distance pour obtenir une meilleure connaissance via des données plus précises.

Observer les captures accidentelles des fileyeurs pour les réduire

Parmi les nombreux projets initiés en France pour répondre à cette problématique, le projet OBSCAMe porte sur l'Observation des captures accidentelles de mammifères marins par les fileyeurs du golfe de Gascogne. Le recours au dispositif électronique (caméra) en fait un projet innovant, porté par l’OFB. Il vise à équiper des navires de pêche français (fileyeurs) en caméra embarquée afin d’évaluer l’apport de ces dispositifs électroniques pour la compréhension de ces phénomènes de captures accidentelles.

Soutenu par le Feamp et en partenariat avec les ministères, scientifiques, représentants et professionnels de la pêche, le projet OBSCAMe lancé en 2021 s'est terminé en 2023. Il a rassemblé 5 navires volontaires en phase 1, puis 15 supplémentaires en phase 2, répartis le long de la façade atlantique française.
Le projet a d'abord permis de valider la faisabilité technique du dispositif à bord des fileyeurs, puis de montrer l'apport de l'observation électronique pour alimenter les connaissances sur les captures accidentelles de mammifères marins (cf. note de bilan).

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Un dispositif d’observation électronique, c’est quoi ? Projet Obscame, OFB

Le dispositif d’observation électronique, coté technique

Le dispositif électronique se compose de plusieurs éléments dont :

  • une (ou deux) caméra(s),
  • une unité centrale,
  • une antenne GPS,
  • une antenne 4G,
  • une antenne satellite (pour les navires hauturiers),
  • un capteur du vire-filet (en option),
  • ainsi que divers accessoires (tablette, etc.).

Les caméras sont installées sur les navires, et paramétrées afin de filmer l’opération de pêche : la remontée du filet à bord du bateau.

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Caméra dôme au-dessus du vire-filet sur un navire volontaire (OFB, OBSCAMe)
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Exemple d'image obtenue : remontée du filet avec un poisson (OFB, OBSCAMe)

Les données collectées à bord des navires sont sécurisées et cryptées, et les éventuelles images des marins supprimées.

Les vidéos sont visionnées par une équipe dédiée. Elle renseigne une base de données dès lorsqu’une capture accidentelle de mammifère marin est identifiée : espèce capturée, position GPS, date et heure de la capture, état de l’animal, engin de pêche, temps d’immersion du filet, etc.

     

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    Grands dauphins dans le Parc naturel marin d’Iroise (B. Guichard/OFB)

    Des données mises à disposition des scientifiques

    Depuis le début du projet en 2021, le projet OBSCAMe a permis en 2 ans d’identifier plus de 250 captures accidentelles de mammifères marins :

    Ces données, couplées aux autres sources (déclaration des pêcheurs, observations embarquées) sont précieuses pour les analyses scientifiques. Elles alimentent les réflexions sur la mise en place de mesures de gestion adaptées afin de réduire ces captures accidentelles d’espèces protégées.

    Poursuite du projet : une nouvelle déclinaison du plan d'action national

    Une problématique sous pression, et une procédure de contentieux avec l’Europe

    La problématique des captures accidentelles de mammifères marins est sensible et complexe d’un point de vue scientifique, technique, environnemental, social et économique. Elle fait l’objet d’une forte pression médiatique ainsi qu’une pression de la Commission européenne.
    En effet la Commission poursuit une procédure de précontentieux. Elle a adressé, en juillet 2022, un avis motivé pointant les manquements de la France à ses obligations, résultant du droit de l’Union Européenne concernant la protection des espèces marines protégées.
    Aussi, le conseil d’État a rendu une décision en mars 2023, suite au dépôt de plainte de 3 associations de défenses de l'environnement. Elle enjoint le gouvernement de :

    • fermer la pêche sur des zones et périodes appropriées, en complément des dispositifs acoustiques,
    • et de poursuivre l'observation en mer pour estimer plus précisément le niveau des captures accidentelles.

    2024-2026 : un nouveau plan d'action avec la poursuite du projet OBSCAMe+

    En réponse à ces enjeux, la France élabore un nouveau plan d’action national pour réduire les captures accidentelles de petits cétacés. Il est actuellement en cours de déclinaison.
    Le projet OBSCAMe+, qui s'inscrit dans le prolongement du projet OBSCAMe, doit intégrer ce nouveau plan d'action avec le suivi des captures accidentelles par caméras embarquées sur des navires supplémentaires.

    Financement
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