Les mammifères marins

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Grands dauphins dans le Parc naturel marin d’Iroise (B. Guichard/OFB)

En soutien aux politiques publiques nationales et européennes et aux engagements internationaux, les actions menées sur les mammifères marins visent 3 objectifs : mieux connaître ces espèces, mieux les protéger, et accompagner les acteurs et usagers de la mer pour faire évoluer les pratiques et leurs impacts sur cette grande faune marine.

Avec 70 espèces présentes dans ses eaux, la France a une responsabilité particulière en termes de connaissance et de conservation des mammifères marins. L’Office français de la biodiversité (OFB) contribue à ces deux missions en tenant compte de deux particularités de ces espèces : elles ont des aires de répartition très vastes et sont au sommet des chaînes alimentaires dont elles dépendent.
 

Ces grandes aires de répartition impliquent un suivi à différentes échelles, d’où la diversité des moyens de surveillance et de protection, et la nécessité de coopérer avec les autres pays.

Au sommet de leurs chaînes alimentaires, les mammifères marins jouent un rôle fondamental dans l’équilibre des écosystèmes marins. Une meilleure connaissance et des suivis réguliers de ces espèces sont donc stratégiques pour leur protection mais aussi celle du milieu marin dans son ensemble.

Quelques chiffres à retenir

  • 60 % des espèces de mammifères marins connues dans le monde fréquentent les eaux françaises
  • La France est présente dans 4 des 5 océans de la planète
  • L'espace maritime français (environ 10,2 millions de km²) représente le 2e espace maritime mondial derrière celui des États-Unis d'Amérique. Les Outre-mer correspondent à près de 96 % de ces espaces.

Des espèces protégées

En raison du déclin d’un grand nombre d’espèces, les mammifères marins sont protégés dans une majorité de pays. Leur chasse, leur destruction et leur commerce sont généralement interdits ou très réglementés. Plusieurs espèces figurent sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) où leurs populations sont classées « en danger critique d’extinction », « en danger » ou « vulnérable » (voir guide juridique en base de page).

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Phoques gris (à gauche) et veau-marin (à droite) en baie d’Authie (B. Guichard/OFB)

Selon les espèces, les mammifères marins font l’objet de différents statuts de protection aux niveaux international, européen ou national. Citons par exemple :

  • les espèces protégées par la convention intergouvernementale sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) ;
  • les espèces inscrites à l’annexe II de la directive européenne «Habitat-Faune-Flore» : marsouin commun (Phocoena phocoena), grand dauphin (Tursiops truncatus), phoque gris (Halichoerus grypus), phoque veau-marin (Phoca vitulina) ;
  • les espèces protégées par des accords régionaux (Accord sur la conservation des cétacés de la mer Noire, de la Méditerranée et de la zone Atlantique adjacente) ou des conventions régionales (Ospar en Atlantique Nord-Est, Carthagène aux Antilles, CCMLAR en Antarctique…).

Les principales pressions

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Les captures accidentelles dans les engins de pêche sont la principale cause anthropique de mortalité des dauphins communs (B. Guichard/OFB)

En dépit d’un statut fort de protection, les mammifères marins restent soumis à d’importantes pressions liées aux activités humaines :

  • collisions dus à la navigation,
  • dégradation des habitats (provoquée en particulier par l’urbanisation et le tourisme),
  • perturbations sonores,
  • captures accidentelles par les engins de pêche,
  • pollutions,
  • changement climatique.

Mieux comprendre les interactions entre mammifères marins et activités humaines est un enjeu fort pour la gestion et la protection de ces espèces.

Les actions menées

Les actions de l’OFB répondent à la fois aux missions de l’établissement (connaissance, police, mobilisation de la société), aux politiques publiques environnementales et aux engagements internationaux de la France. Elles contribuent par exemple à :

  • alimenter le suivi de la directive-cadre Stratégie pour le milieu marin (DCSMM) qui vise à rétablir le bon état écologique des eaux européennes. À ce titre, l’OFB coordonne le programme de surveillance « mammifères marins et tortues marines »,
  • qualifier l’état de santé des aires marines protégées,
  • appuyer la mise en place de mesures de gestion,
  • éclairer les décisions sur l’implantation d’activités économiques et industrielles en milieu marin,
  • accompagner les acteurs socioéconomiques dans l’évolution et l’adaptation des pratiques.

Exemples d’actions de suivis

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Campagne Mégascope à bord de la Thalassa, navire de la flotte océanographique française (B. Guichard/OFB)

Suivis à grandes échelles (programmes d’observation)

  • Dans l’Hexagone : campagnes de Suivi aérien de la mégafaune marine (SAMM), réalisées tous les six ans (été/hiver) dans le cadre de la DCSMM
  • À l’échelle régionale : campagnes SCANS (Small Cetaceans in european Atlantic waters and the North Sea) en 2022 dans l’Atlantique Nord-est et campagne ASI (ACCOBAMS Survey Initiative) en 2018 en Méditerranée.
  • En outre-mer : recensement des mammifères marins et autre mégafaune pélagique par observation aérienne (Remmoa)
  • Campagnes annuelles Mégascope à bord de navires de la flotte océanographique française.

Suivis aux échelles locales

Plan national d'action (PNA)

Coordination du PNA pour la protection des dugongs en Nouvelle-Calédonie

Suivi en parcs naturels marins ou autre aires marines protégées

Tursmed : pour une gestion pérenne du Grand dauphin en Méditerranée | Projet | Mis à jour le 05/09/22

Favoriser une gestion intégrée et pérenne du Grand dauphin sur la façade méditerranéenne française à travers le réseau des aires marines protégées (AMP), c’est le but du projet Tursmed. Les premiers résultats et outils sont disponibles, notamment pour les acteurs des AMP impliqués dans la préservation de l’espèce.

Groupe de grands dauphins en Corse, septembre 2020 (mission Tursmed 1). Chaque individu peut être identifié grâce aux marques individuelles et pérennes (encoches et cicatrices) situées sur la nageoire dorsale (Miraceti)

Des phoques suivis par balises en Manche-mer du Nord (p 4-7), revue Biodiversité, des clés pour agir de l'OFB, avril-juin 2022

Interactions avec les activités humaines : étudier et réduire les impacts

OBSCAMe(+) : comprendre les captures accidentelles de mammifères marins par les fileyeurs du golfe de Gascogne | Projet | Mis à jour le 14/09/23

Face au phénomène grandissant des échouages et des captures accidentelles de mammifères marins dans les eaux métropolitaines françaises, il est urgent de mieux les comprendre pour agir et les réduire. L’Office français de la biodiversité (OFB) est engagé dans différents travaux portant sur les interactions entre ces espèces protégées et l’activité de pêche maritime. OBSCAMe+ fait appel à des caméras embarquées par les fileyeurs du golfe de Gascogne pour fournir des données aux scientifiques.

Grands dauphins en plein saut (Sylvain Dromzée/OFB)

Lutter contre les risques de collisions : le programme Vigie sanctuaire

Chaque année entre juillet et octobre, les baleines à bosse migrent dans les eaux de Polynésie française pour s’y reproduire et mettre bas. Pendant cette période, elles sont particulièrement vulnérables et notamment aux risques de collisions avec les bateaux : première cause de mortalité chez ces grands cétacés.

Pour répondre à cet enjeu, l’association Oceania a lancé Vigie sanctuaire en 2018. Ce programme vise à comprendre et limiter le risque de collisions entre les baleines et les ferrys qui font les traversées entre l’île de Moorea et l’île de Tahiti. Cet axe concentre la majeure partie du trafic maritime polynésien. En pratique, des observateurs montent tous les jours à bord des navires et collaborent avec les armateurs. Équipés d’une paire de jumelles et d’une VHF pour communiquer avec le capitaine, ils sont chargés de détecter les grands cétacés sur de longues distances. Le risque de collision avec les baleines à bosse est ensuite limité au maximum par des manœuvres d’évitements si nécessaire : réduction de la vitesse, déroutement voire arrêt complet du bateau.

Depuis 2023, l’association Oceania bénéficie d’une subvention de l’Office français de la biodiversité au travers de l’appel à projet TeMeUm. Grâce à Vigie sanctuaire, plus de 800 manœuvres d’évitements ont ainsi été effectuées, et plusieurs centaines de personnes ont pu être sensibilisées grâce au volet associé.

Les réseaux d'échouages

Régulièrement, des mammifères marins et des tortues marines sont retrouvés échoués sur les côtes françaises. Des réseaux spécialisés sont mobilisés pour intervenir.

Contact

Benjamin Guichard, chargé de mission Mammifères marins - tortues marines, benjamin.guichard (a) ofb.gouv.fr

Formations en ligne sur les cétacés

Issues du projet européen CARI'MAM, 4 formations sont à disposition des acteurs de la protection des cétacés et des gestionnaires d'aires marines.
En savoir plus : site du sanctuaire Agoa dédié aux mammifères marins

Aller plus loin : guide juridique et autres projets sur la mégafaune marine

Les espèces marines protégées en France - Identification et régime juridique | Guides et protocoles | mars 2020

L’objectif de ce guide est de fournir un outil de terrain pratique pour aider les agents de contrôle dans l’exercice de leurs missions de police de l’environnement en mer. Il répertorie l’ensemble des espèces marines protégées en droit français (hors les oiseaux), sous forme de fiches donnant des éléments d'identification des espèces et leur régime juridique. À disposition : le guide en intégral, ainsi que les parties découpées par groupes d'espèces avec chaque clé d'identification associée, ou encore les 112 fiches espèces via des filtres de recherche.

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Programmes européens et internationaux | Rubrique

L’Office français de la biodiversité (OFB) est impliqué en tant que coordinateur, partenaire ou financeur dans de nombreux projets financés par des programmes de la Commission européenne (Life, Horizon, Interreg, etc.) ou via d'autres initiatives. Ils diffèrent selon les programmes, qui ont chacun leurs objectifs et leurs thématiques propres. Ci-dessous sont présentés les principaux projets de l’OFB financés par l’Union européenne (UE), et certains hors de ce contexte.