Crapaud Calamite (Epidalea calamita)
Le Crapaud calamite est une espèce protégée d'amphibien. Il fréquente principalement les sédiments transportés et brassés par les cours d'eau, zones dites alluviales et plutôt dynamiques. Les adultes consomment des vers et des insectes tandis que les têtards sont herbivores ou détritivores.
Nom
Classification : Chordata / Amphibia / Anura / Bufinidae |
Statuts de conservation (liste rouge UICN)
Statut réglementaire : espèce protégée |
Habitat
Une préférence pour les sédiments dynamiques des cours d'eau
Les zones alluviales dynamiques constituent l’habitat primaire du Crapaud calamite, en particulier les zones de divagation des cours d’eau sur un substrat minéral ou les rives lacustres inondables avec une végétation clairsemée. La raréfaction de ces milieux entraîne le Crapaud calamite à trouver refuge dans les milieux anthropiques secondaires :
- gravières,
- sablières,
- et autres sites d’extraction, friches, décharges et chantiers divers.
Les biotopes favorables à la reproduction et au développement du Crapaud calamite peuvent se retrouver dans de nombreux habitats naturels, mais également dans des contextes plus artificiels, quand le régime de perturbation est favorable à la création de ces biotopes. Ces milieux ont en commun d’être pionniers, avec peu ou pas de végétation. Ce crapaud est une espèce spécialiste des plans d’eau pionniers, s’asséchant régulièrement et donc pauvres en prédateurs.
Les sites d’alimentation se trouvent en continuité, à proximité ou chevauchent les sites de reproduction et les aires de repos.
Aires de repos
Cet amphibien s’abrite le jour sous les pierres et les troncs, ou s'enfouit dans des terrains meubles tels que les dunes, les sablières, les carrières et gravières, les terrils… Les grands dépôts de bois charriés sont également des abris idéaux dans les milieux alluviaux.
Pour l’hivernation, il s’installe à l’abri d’un terrier, qui le protège du froid hivernal et des prédateurs.
Sites de reproduction
Le Crapaud calamite se reproduit dans des plans d’eau pionniers, temporaires, peu profonds et pauvres en végétation (sauf prairies inondables et berges lacustres). Sur les rivages, il peut vivre dans les dunes et dans les mares d'eau saumâtre. La reproduction est ainsi également observée dans les prairies inondables et dans des mares d’eau douce à saumâtres en zone littorale.
Il recherche les points d'eau peu profonds et une excellente exposition au soleil est indispensable pour assurer le réchauffement de l’eau. La rapidité du développement larvaire lui permet de s'accommoder de mares temporaires (parfois de petites ornières), sablières, gravières, sols sableux, carrières, roselières.
Les sites de reproduction appréciés par le Crapaud calamite sont souvent très jeunes, maigres et temporaires. Ces caractéristiques ne sont attractives que pour peu d’autres espèces. La pression de compétition et de prédation y est donc réduite. Ces plans d’eau pionniers sont désertés par le Crapaud calamite dès qu’ils se végétalisent.
Types d'habitats associés
- Typologie Eunis : C1.6 - Lacs, étangs et mares temporaires / C3 - Zones littorales des eaux de surface continentales / E3 - Prairies humides et prairies humides saisonnières / B1 - Dunes côtières et rivages sableux
- Corinne Biotope : 53 - Végétation de ceinture des bords des eaux / 37 - Prairies humides et mégaphorbiaies / 16 - Dunes côtières et plages de sable
Cycle de vie (alimentation, reproduction, paramètres démographiques...)
Alimentation
La période d'alimentation s'échelonne de mars à octobre, principalement autour de l'été :
- les adultes consomment des vers et des insectes,
- tes têtards sont herbivores ou détritivores.
Reproduction
Le Crapaud calamite présente de nombreux avantages reproductifs. Ses œufs et ses têtards tolèrent des températures élevées et sont particulièrement adaptés aux plans d’eau se réchauffant rapidement. Toutefois il n’est pas rare que des pontes ou des têtards meurent lors d’un assèchement prématuré en période sèche.
L’espèce est adaptée à ce risque grâce à :
- une longue période de reproduction qui s’étend d’avril à septembre,
- un nombre élevé d’œufs pondus,
- une vitesse rapide de développement des larves, lui permettant de s'accommoder d'habitats variés et temporaires. (voir partie Habitat).
En période de reproduction, le mâle chante de manière caractéristique (voir partie Comportement).
Comportement (mode de vie, déplacement, domaine vital...)
Le Crapaud calamite est actif de jour comme de nuit, mais plutôt nocturne. Il est terrestre, se déplace en courant au sol.
Un domaine vital centré sur les sites de reproduction
Les estimations concernant la dispersion, obtenues pour les populations d'Europe centrale et au Royaume-Uni indiquent :
- une zone centrale de 600 m autour du site de reproduction,
- une distance maximale de 2 250 m entre les sites de ponte pour maintenir la connectivité.
Déplacements : une colonisation par les juvéniles
Le Crapaud calamite s’éloigne peu des sites de ponte, mais recherche des milieux ouverts à proximité, notamment pour se nourrir.
Compte tenu de leurs excellentes capacités de dispersion, les juvéniles colonisent facilement des plans d’eau situés à plusieurs kilomètres de leur lieu de naissance.
Les déplacements sont souvent plus importants dans les biotopes au sol perméable puisque l'accès à l’eau y est plus limité (sable, pâtures…).
Sons / communication : les mâles chantent (très fort) pour séduire
En période de reproduction, le mâle chante : il se place généralement les pattes arrière dans l’eau, gonflant son sac vocal juste au-dessus de l’eau. Ce chant caractéristique du Crapaud calamite s’entend à plusieurs centaines de mètres.
Interactions écologiques et avec les activités humaines
Les modifications ou évolutions des habitats : milieux de vie et importance pour le déplacement
Le déplacements liés au cycle de vie ou quotidiens sont limités par :
- la disparition des éléments paysagers structurant l’habitat terrestre (notamment la disponibilité en refuge et abris),
- ou des ruptures de la continuité aquatique (par exemple par assèchement des zones humides).
Ainsi les populations de Crapaud calamite peuvent se retrouver isolées par la présence d’infrastructures linéaires de transport.
Répartition géographique et situation de l'espèce
Réglementation
Statut juridique
- Statut commerce international : aucun statut - Convention Cites
- Statut européen : Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe (Convention de Berne): Annexe II
- Statut communautaire : Directive 92/43/CEE (Directive européenne dite Directive Habitats-Faune-Flore): Annexe IV
- Statut national : espèce protégée – Arrêté du 8 janvier 2021 fixant la liste des amphibiens et des reptiles représentés sur le territoire métropolitain protégés sur l'ensemble du territoire national et les modalités de leur protection
Réglementation
- Arrêté du 28 juin 2021 relatif à la prévention de l'introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes sur le territoire de La Réunion - interdiction de toutes activités portant sur des spécimens vivants
Observation, étude et gestion
Méthodes de détection
Le Crapaud calamite étant toute la journée, mais plutôt la nuit, il peut être trouvé dans ses milieux de prédilection mais également dans :
- les zones cultivées,
- les lœss,
- les carrières avec de petites mares,
- les dunes de sable où il s'enterre.
En période de reproduction, le chant puissant des mâles est un moyen de trouver les individus.
Gestion : à savoir pour tout projet impactant les milieux concernés
- Se renseigner auprès des organismes scientifiques et techniques compétents (établissements publics, associations locales, fédération de pêche, associations naturalistes, bureaux d’études)
- Se rapprocher des services de l'État instructeurs de votre région (services chargés de l'environnement au sein des directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DRIEE en Île de France) ou au sein des directions départementales des territoires).
Informations complémentaires et références
Informations complémentaires
- Ministère de l'écologie, du Développement durable et de l’Énergie, 2012, Guide "espèces protégées, aménagements et infrastructures". 65p.
- Notice pratique pour la conservation du Crapaud calamite Bufo calamita. Centre de coordination pour la protection des amphibiens et des reptiles de Suisse, 2010
- Plan d’action Crapaud calamite Bufo calamita. Plans d’action espèces du Grand-duché de Luxembourg. 2009
- Les protocoles POPAmphibien : des outils pour la surveillance nationale des populations d’amphibiens, Société Herpétologique de France
Autres espèces protégées possédant des habitats similaires
- Crapaud vert, Bufo viridis (Laurenti, 1768)
- Sonneur à ventre jaune, Bombina variegata (Linnaeus, 1758)
- Rainette verte, Hyla arborea (Linnaeus, 1758)
- Rainette méridionale, Hyla meridionalis (Boettger, 1874)
Bibliographie
- Lescure J., de Massary J.-C. (coords), 2012. Atlas des Amphibiens et Reptiles de France. Biotope, Mèze ; Muséum national d’Histoire naturelle, Paris (collection Inventaires & biodiversité), 272p.
- Aubry A., Bécart E., Davenport J., Lynn D., Marnell F., Emmerson M., 2012. Patterns of synchrony in natterjack toad breeding activity and reproductive success at local and regional scales. Ecography 35, 749–759.
- Sinsch U., Oromi N., Miaud C., Denton J., Sanuy D., 2012. Connectivity of local amphibian populations: modelling the migratory capacity of radio-tracked natterjack toads. Anim Conserv 15, 388–396.
- Husté A., Clobert J., Miaud C., 2006. The movements and breeding site fidelity of the natterjack toad (Bufo calamita) in an urban park near Paris (France) with management recommendations. Amphibia-Reptilia 27, 561–568.
- Duguet R., Melki F. (eds.), 2003. Les Amphibiens de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France). 480p.
- Miaud C., Sanuy D., Avrillier J.-N., 2000. Terrestrial movements of the natterjack toad Bufo calamita (Amphibia, Anura) in a semi-arid, agricultural landscape. Amphibia-Reptilia 21, 357–369.