[Suivi loup] Méthode utilisée en France, nécessité de son évolution et piste à l'étude
La population de loups en France est suivie annuellement par une combinaison de métriques (indicateurs) et de méthodes évaluées par les différents audits nationaux et internationaux comme une des plus complètes et efficaces en Europe.
La taille et l'étendue de la population de loups actuelle demandent des moyens logistiques, financiers et humains importants pour obtenir des indicateurs qui deviennent moins solides malgré l’ampleur des efforts déployés.
Ces indicateurs, qui étaient bien adaptés à une population d’espèce sauvage à ses débuts (cela a été confirmé par des audits externes), le sont aujourd’hui moins dans un contexte de croissance large. Une évolution méthodologique est nécessaire.
Méthode actuelle
Son déploiement à l'échelle nationale permet ainsi de :
- cartographier l'occupation territoriale et sa progression,
- estimer les effectifs assortis d'un intervalle de confiance tenant compte de la détectabilité imparfaite des animaux,
- mesurer les changements de croissance annuelle de la population.
Éléments issus de l'article Indicateurs de suivi de la population de loup en France et leurs limites
Les modalités et protocoles sont en place depuis près de 25 ans.
La pierre angulaire de ce suivi est le réseau multipartenaires loup-lynx, fort de près de 4500 correspondants formés, depuis ses débuts. Il fait référence et l’État s’y appuie pour décliner sa stratégie de gestion de l’espèce.
La collecte des indices de présence n’est pas limitée à des zones spécifiques : la totalité du territoire national est couvert, avec le renfort des agents de l’OFB, pour maintenir une veille sur les territoire où l’espèce n’est pas détectée.
Le suivi s’opère à 2 niveaux :
- un suivi opportuniste extensif permet d’obtenir des cartes de détection de l’espèce, mises à jour annuellement,
- le suivi intensif permet de dénombrer les groupes d’animaux territoriaux (cartes mises à jour 2 fois/an, à l’issue du suivi hivernal et estival), ainsi que leur effectifs a minima (on parle ici d’EMR) et d’en déduire un indicateur d’effectif de la population française de loups, mis à jour annuellement en sortie d’hiver.
Ce niveau de suivi opéré en France revêt un caractère exceptionnel. En effet, le loup est une des rares espèces de la faune française pour laquelle l’OFB rend des comptes à l’État à l’échelle de l’ensemble de son aire de répartition nationale, à une fréquence minimale annuelle.
Une évolution à concevoir
Révision des métriques actuelles : quelles questions ?
L’expansion du loup nécessite des alternatives prenant en compte :
- la densification géographique des groupes sociaux de loups,
- les caractéristiques des territoires hors Alpes qui impactent le suivi de la population,
- l'adéquation des moyens humains et financiers au besoin de gestion de cette espèce.
Cadre de travail : Plan national d’actions pour le Loup et le Pastoralisme, action 4.1
L'étude bibliographique distingue 5 options
- Enquêtes participatives : méthode dite « espagnole »
- Concaténation de cas d'expériences sur des sites pilotes et extrapolation : méthode dite « italienne »
- Recensement des groupes sociaux dont on déduit une estimation d’effectifs pour la population: méthode dite « scandinave option 1 »
- Mesure des tailles de populations spatialisées par suivi génétique intensif : méthode dite « scandinave option 2 »
- Mesure de l'occupation territoriale des animaux, indicatrice de la tendance démographique : méthode dite « américaine »
Analyse du rapport coût/bénéfice
4 critères cruciaux
- Capacité de la méthode à détecter les changements de l’état de la population (sensibilité aux tirs dérogatoires notamment)
- Capacité de la méthode à prendre en compte la détection imparfaite des animaux
- Possibilité d’intégrer l’indicateur final dans une approche de type gestion adaptative (cf. article détaillé)
- Faisabilité terrain à long terme, ses coûts logistiques et financiers
Conclusions : vers l'adoption d'une métrique spatiale (sur base cartographique, méthode dite "américaine")
Principe de base : le fonctionnement social du loup est de type territorial strict. Les loups ne s’accumulent pas de façon infinie sur une unité spatiale.
> Évaluer la manière dont l’espace est occupé ou non par le loup permet d'évaluer l’état de la population.
Résultats des travaux : une carte de France des lieu de présence sûre (indices retenus), et des lieux de présence à probabilité plus ou moins forte, sans détection.
L’OFB a déjà exploré cette voie, et une collaboration avec les équipes américaines est envisagée.
La mise en place de cette évolution suppose d'approfondir certaines connaissances, de proposer et tester les indicateurs.
Aller plus loin > L'article détaillé sur loupfrance.fr
Validation de la démarche
Octobre 2019 : présentation de l''ONCFS et du CNRSau conseil scientifique du plan national Loup > avis favorable.
Octobre-novembre 2019 : présentation à la commission technique du conseil d’administration de l’ONCFS, au conseil scientifique de l’ONCFS, et au groupe national Loup.
Printemps 2020 : mise en place d'un audit réalisé par des experts mandatés par le Conseil Scientifique de l’OFB.