Mouflon de Corse (Ovis gmelini musimon var. corsicana)

Données du document
Structure(s) autrice(s)
Office français de la biodiversité (OFB)
Éditeur(s)
Office français de la biodiversité (OFB)
Collection
Fiches Espèces
Date d'édition
Type
Fiche espèce
Statut de l'espèce
évaluée
menacée
protégée
réglementée
endémique
Image
Contenu

Le Mouflon de Corse est une espèce protégée d'ongulé sauvage, représentée historiquement par deux populations en Corse, dans les massifs du Cinto et de Bavella. Un 3e noyau a été créé sur le massif de Cagna en 2020, à partir de la réintroduction d’animaux issus de la population de Bavella. Encore méconnu et menacé, ce mouflon est le sujet d'études et de programmes de conservation.

Fiche d'identité

Noms

  • Latin : Ovis gmelini musimon var. corsicana
  • Selon l'âge :
    • 0 à 5 mois : agneau
    • > 5 mois : bélier (mâle) ou brebis (femelle)

Classification : Mammifères / Cétartiodactyles / Bovidés (caprinés)

Statuts de conservation (liste rouge UICN)

Statut réglementaire : espèce protégée et réglementée

Réglementation

Morphologie

    Poids (variable selon les saisons, mesuré en hiver)

    • Bélier : 30-44 kg
    • Brebis : 21-31 kg

    À noter
    Les mesures et indication de morphologie font référence à l’adulte, une fois la croissance terminée : à partir de 7 ans chez les mâles, 4 ans chez les femelles.
    Les 2 informations de hauteur et longueur proviennent de mesures réalisées sur des mouflons méditerranéens sur le continent, faute de données suffisantes sur le Mouflon de Corse. Ce sont des moyennes sans distinction de sexe.

    Image
    Mouflon de Corse mâle avec son pelage d'hiver à forme de selle blanche (RCFS d'Asco, OFB)

    Hauteur au garrot : 71-79 cm

    Longueur totale : 118-135 cm et petite queue de 5 cm

    Pelage

    • Variations saisonnières :
      • été : poils ras avec une robe brun-roux à fauve-claire, plus particulièrement chez les femelles.
      • hiver : livrée du mâle beaucoup plus marquée (brun-roux à chocolat foncé), qui fonce pour certaines femelles.
    • Chanfrein, tour de l’œil, intérieur des oreilles, bas des membres, ventre et disque caudal : blancs.
    • Masque facial blanc, avec une grande variabilité de taille entre individus.
    • Oreilles courtes grises.
    • Particularité chez les mâles : jabot noir de poils longs, peu développé, et selle blanche ou crème, surtout marqués l’hiver. 
    Image
    Distinction des cornages de Mouflon de Corse - fig. 49 (Comprendre pour agir, OFB, 2023)

    Cornes

    • Mâle :
      • épaisses, triangulaires à la base, symétriques, et s’enroulent avec l’âge,
      • 51-79 cm de longueur. 
    • Femelle : cornes le plus souvent absentes, lorsqu'elles sont présentes :
      • fines et plutôt circulaires à la base, symétriques,
      • courtes : < 20 cm.
    • Des particularités existent entre les 2 populations corses, de forme chez les mâles ou quant à leur présence chez les femelles (13 % de cornues sur le massif du Cinto contre 43% sur le massif de Bavella).

    Distinction mâle/femelle

    Fort dimorphisme sexuel en termes de taille, de masse corporelle (mâles jusqu’à 64% plus lourds que les femelles en automne), de pelage et de cornages (absence de corne chez une majorité des femelles).

    Distinction jeunes/adultes

    • Mâles : principalement par le développement des cornes avec l’âge. 
    • Femelles : par l'allure générale, l'échine et les flancs se creusent, et forme de la tête est de plus en plus rectangulaire.

    Habitat

    Image
    Mouflon de Corse mâle portant un éméteur pour suivi télémétrique et des plaque de couleurs pour son identification visuelle (étude de suivi d'Ascu, Cinto, OFB)

    Le Mouflon de Corse fréquente des milieux et zones très différentes :

    • à toutes altitudes : de 300 à 2500 m environ,
    • dans tous les types de reliefs, mais plutôt rocailleux et bien drainés comme les paysages forestiers de basse altitude, les étendues de landes oro-méditerranéennes, subalpines ou alpines ou de maquis.

    Moins rupestre que le chamois et le bouquetin, il recherche malgré-tout les zones de pentes pour se protéger des prédateurs. 

    Ces mouflons semblent privilégier (Benedetti et al., OFB, 2024 d'après Sanchis F., 2018) :

    • "les habitats frais d’altitude offrant un couvert thermique face aux chaleurs estivales (sites enneigés tardivement, formations à aulne odorant), [au contraire de l'hiver où ce sont les versants sud, sans neige persistante]
    • les habitats offrant une forte diversité de pente (et de végétations/stades phénologiques associés)
    • et les sites éloignés des infrastructures humaines."

    Cycle de vie (alimentation, reproduction, paramètres démographiques...)

    Image
    Mâle Mouflon de Corse s'alimentant sur un chêne vert, population du Cinto (Claire Allègre, OFB)

    Régime alimentaire : un opportunisme axé sur la végétation ligneuse

    Le Mouflon de Corse se caractérise par son éclectisme lui permettant de s'adapter aux ressources disponibles, généralement faibles et de pauvre qualité nutritionnelle, très différentes selon les zones de végétation.

    "En Corse, les ligneux représentent une proportion importante (> 60%) du régime alimentaire de l’espèce notamment en automne où ils pourraient constituer une alternative de meilleure qualité que les pelouses à graminées." Viennent ensuite les graminées (environ 27%) et les herbacées (près de 11%). (Benedetti et al., OFB, 2024)

    À noter : les besoins en eau sont satisfaits en grande partie par les végétaux consommés.

    Image
    Femelle et son agneau mouflons de Corse, population du Cinto (Claire Allègre, OFB)

    Reproduction : le mâle est polygame

    • Maturité sexuelle : bien que la puberté puisse être atteinte dès la 1re année de vie chez les 2 sexes, les premiers accouplements se font :
      • femelles : à partir de 18 mois,
      • mâles : en général pas avant 3 ans, en effet ils doivent avoir aussi atteint une certaine maturité physique pour s’engager dans les différentes tactiques d’appariement de l’espèce.
    • Rut : fin octobre à début janvier
    • Gestation : 5 mois (148 à 159 jours)
    • Naissances :
      • fin avril à début juin, avec un décalage de plusieurs semaines entre les 2 populations corses (rut, et donc naissances, plus précoces à Bavella que sur le massif du Cinto),
      • 1 agneau/femelle/an,
      • allaitement actif pendant 2 à 3 mois.

    À noter : le taux de reproduction des femelles Mouflon de Corse est particulièrement faible, notamment pour la population de Bavella (0,21 contre 0,39 au Cinto), en comparaison des populations de mouflons méditerranéens sur le continent (supérieur à 0,60). "La disponibilité alimentaire limitée en ressources herbacées pourrait expliquer la faible performance reproductive de l’espèce sur l’île." (Benedetti et al., OFB, 2024 d'après Josa M., 2018 et Pfeffer P., 1967)

    Éléments démographiques

    Longévité 

    • Maximale : 14 ans chez les mâles, 17 ans chez les femelles
    • De manière générale extrêmement peu d’individus survivent au-delà de 12-13 ans.

    Survie

    Elle est assez mal connue en Corse et repose sur des données collectées en hiver sur des animaux en quête de ressources, très jeunes ou âgés, donc probablement peu représentatifs de la population. Néanmoins, sur cet échantillon la probabilité de survie d’une année sur l’autre est estimée entre 0,46 et 0,55 pour les deux sexes (approche par capture-marquage-recapture ; Benedetti et al., OFB, 2024).

    Comportement (mode de vie, déplacement, domaine vital...)

    Image
    Groupe de femelles Mouflon de Corse (OFB)

    Comportement social : animaux généralement grégaires

    Les mouflons de Corse forment des groupes pouvant varier en taille et en composition, ainsi les mêmes animaux ne restent pas toujours ensemble.

    Le groupe matriarcal est formé par la femelle, son agneau et le jeune de l’année précédente. Puis la ségrégation sexuelle entre jeunes mâles et femelles augmente avec l’âge : les mâles passent progressivement des groupes matriarcaux à des groupes de jeunes mâles, puis rejoignent des mâles adultes. En dehors du rut et une fois adultes, mâles et femelles vivent dans des groupes séparés. Ils peuvent ou non utiliser les mêmes habitats selon les saisons et les besoins/contraintes de chacun.

    L’hiver peut provoquer de grands rassemblements, poussés par la réduction des disponibilités alimentaires, toutes catégories de sexe et d’âge confondues.

    Un domaine vital évolutif et varié (informations basées sur la population du Cinto)

    La taille des domaines vitaux sur l'année est d’environ 950 ha pour les femelles et 1 700 ha pour les mâles.
    Il existe cependant de très fortes variations, notamment chez les mâles, selon :

    • Image
      Migration observée le 22 mars 2013 à Asco (photo Dominique Alexandre/Cinto, extrait Comprendre pour agir, OFB, 2023)
      les saisons : en moyenne 285 ha en été, contre 405 ha en hiver,
    • et les individus : en été de 35 à 1 149 ha, et en hiver de 39 à 1 416 ha.

    Des déplacements liés aux saisons

    Sur la commune d'Asco (population du Cinto), des migrations saisonnières sont observées entre les quartiers d'été et des zones hivernales allant jusqu'à la vingtaine d'individus, hormis une exception : voir encadré.

    Un phénomène insolite : une migration de plus de 200 mouflons observée en 2013

    Cette observation du 22 mars 2013 est la 3e de ce type, mais unique par le nombre : plus de 200 mouflons en file indienne se dirigent vers Bocca di Guagnarola et l'Ouest. Elle révèle une cohésion sociale impliquant tous les âges et tous les sexes. Ce phénomène soulève de nombreuses questions : récurrent ou exceptionnel, facteurs de déclenchement ou explicatifs...

    Interactions écologiques et avec les activités humaines

    Une surveillance sanitaire instructive

    À noter : les informations ci-dessous sont issues d'observations faites durant l’hiver sur des animaux en quête de ressources, cela entraîne un biais par la sélection d'animaux potentiellement plus fragiles.

    "L’essentiel du suivi sanitaire des populations de Mouflons de Corse a été mené sur la population du Cinto entre 2011 et 2019 [...]. La synthèse des données collectées permet de dégager différents éléments (Gibert, comm. Pers) :

    • une population exempte de pathologies sur le plan viral et bactérien contrairement à ce qu’on peut rencontrer en faune domestique ;
    • une population qui présente un endo et ectoparasitisme couramment décrits chez le mouflon avec quelques spécificités [...] diversité des espèces de tiques récoltées [...] ; un nombre d’animaux parasités (parasites internes) important ;
    • un mauvais état physiologique (dénutrition marquée) à relier à plusieurs facteurs (nutritionnels, environnementaux, parasitisme).

    Les risques d’épizootie associés constituent une réelle menace pour les populations de mouflons en Corse dont la situation démographique est fragile en raison des effectifs limités et des niveaux de reproduction bas [...]." (Benedetti et al., OFB, 2024)

    Le Mouflon de Corse est impacté :

    par la dégradation de son écosystème

    • Changement climatique (augmentation de la fréquence et de l’intensité des canicules) et ses conséquences, à la fois directes en termes de thermorégulation et indirectes sur la disponibilité alimentaire
    • Incendies accidentels
    • Fermeture du milieu suite à la déprise pastorale
    • Compétition pour l’espace et les ressources avec les ongulés domestiques
    • Aménagements des milieux naturels qui augmentent la fragmentation et les sources de dérangement

    par des atteintes directes ou le dérangement sur les individus

    • Braconnage
    • Prédation
    • Risque sanitaire dont pathologies parasitaires
    • Risque d’hybridation avec la faune domestique
    • Surfréquentation liée aux activités récréatives, accessibilité aux refuges thermiques estivaux

    Répartition géographique et situation de l'espèce

    Image
    Carte de répartition du genre Ovis (M7creation-Bernard Martin dans Comprendre pour agir, 2024, OFB)

    Les mouflons de Corse sont les descendants retournés à l’état sauvage des premiers mouflons asiatiques(Asie mineure) importés par l’humain au début du Néolithique (il y a 6000 à 8000 ans) lors des premières vagues de migration du Proche Orient vers l’Europe. Ces mouflons forment aujourd’hui les souches de Corse et partagent une proximité génétique et morphologique très forte avec les populations originelles d’Asie (voir carte de répartition du genre Ovis ci-contre).

    Seulement deux populations historiques

    Ces noyaux ont perduré sur 2 zones éloignées l'une de l'autre :

    • massif du Cinto, au nord de l’île
    • massif de Bavella, au sud.
      Image
      Limite des aires de répartition du Mouflon de Corse, fig. 29 (Comprendre pour agir, OFB, 2023)
      Évolution à l’échelle infra-communale de l’aire d’extension du Mouflon de Corse de 1977 à 2004.

    Depuis 2020, un nouveau noyau de population a été créé par réintroduction dans le massif de Cagna, au sud de l’aire de répartition de la population de Bavella, à partir d’individus de cette population. 

    Cartes de répartition de l'espèce sur Carmen

    À noter
    L’espèce est notée présente sur le continent selon certaines données (voir INPN), mais des doutes pèsent sur la "pureté" des individus et noyaux de populations continentaux identifiés et la distinction avec le Mouflon méditerranéen.

    Une évolution positive fragile

    "Dans l’ensemble, les effectifs de mouflons ont progressé sur l’île depuis les années 1950, deux mesures essentielles ont contribué à cette augmentation ; sa chasse interdite en 1953 et la création des Réserves de chasse de Bavella et d'Asco.[...]
    Depuis 2004, la progression/l’expansion géographique de l’espèce semble avoir fortement ralentie, ce qui devrait encourager les gestionnaires à mettre en place une nouvelle enquête pour quantifier cette tendance.
    " (Benedetti et al., OFB, 2024)

    Réglementation

    Statut juridique

    Précisions

    Protégé auparavant par un artifice législatif interdisant le prélèvement d'animaux via les arrêtés départementaux annuels d’ouverture et de clôture de la chasse, le Mouflon de Corse était nommé sous différentes appellations et inscriptions taxonomiques, selon les auteurs et les nomenclatures.

    La protection réglementaire vient avec l’arrêté de 2019 qui "précise et intègre le « taxon » correspondant aux populations originelles de Mouflons de Corse en son article 2 « Ovis gmelini musimon var. corsicana , specimen des populations naturelles du territoire de la Collectivité de Corse »." (Benedetti et al., OFB, 2024)

    En complément, à des fins de protection génétique, une instruction ministérielle du 10 février 1989 porte sur l'interdiction d'importation sur l'île d’ongulés vivants, dont le mouflon de souches allochtones.

    Observation, étude et gestion

    Image
    Pose d'un équipement GPS sur un Mouflon de Corse (OFB)

    Études et suivis menés à l'OFB

    Le réseau Ongulés sauvages a pour but de récolter les informations liées au suivi des 14 espèces présentes en France hexagonale, dont le Mouflon de Corse, et mène des études sur certaines espèces particulières. Il produit notamment des fiches de synthèse sur les données de suivi : répartition, habitats occupés, prélèvements, état sanitaire...

    Le Mouflon de Corse est le sujet de différentes études et programmes, et l'Office français de la biodiversité a publié fin 2023 un ouvrage faisant l'état de l'art des connaissances sur l'espèce, base de la présente fiche espèce : Les Mouflons de Corse – Ovis gmelini musimon var. corsicana – 50 ans de travaux de recherches et d'actions de conservation. Il s’appuie sur une importante étude bibliographique de la littérature scientifique et de rapports d’études internes réalisés depuis 1968 jusqu’à 2021, ainsi que des entretiens avec les experts scientifiques concernés.

    Depuis 2024, un plan national d’actions (PNA) en faveur du Mouflon de Corse

    Ce PNA porte sur une période de 10 ans, dans le but d’atteindre un état de conservation favorable pour l’espèce. Il fait suite au constat d’une situation de vulnérabilité pour la population du Cinto, et un état de danger pour la population de Bavella.

    En mobilisant les différents acteurs concernés en Corse et au-delà, le PNA est un outil opérationnel qui se décline en 11 actions mises en œuvre de manière coordonnée pour la restauration de l’espèce et de son habitat. Cet outil de protection de la biodiversité et des espèces sauvages est requis en renfort des dispositifs existants lorsque la nécessité est identifiée.

    Étude et gestion de l'espèce : historique, grands principes et perspectives

    Image
    Relâcher en nature de Mouflon de Corse (Comprendre pour agir, OFB, 2024 - partie B)

    Une stratégie de conservation basée sur la réintroduction depuis les années 1970

    Visant l'augmentation des effectifs et de la répartition spatiale, la conservation de l'espèce a porté sur :

    • la protection de l'intégrité génétique, par l'interdiction d'importer sur l'île des ongulés de souches allochtones,
    • la réintroduction d'animaux, principalement à partir d'individus élevés en enclos et issus de mouflons capturés en nature. La population de Cagna a ainsi été créée en 2020 puis renforcée les années suivantes.

    De plus : "Les RCFS [Réserves de chasse et de faune sauvage] d’Asco (1953), Tartagine (1994) et Bavella (1950) ont été des éléments majeurs de la conservation des deux populations de Mouflon en Corse. [...] La Stratégie nationale pour les aires protégées (SNAP), publiée en janvier 2021, pourrait permettre d’envisager l’évolution statutaire de ces réserves vers un statut de protection forte."

    Ainsi, en termes de gestion, les propositions actuelles s'appuient sur 2 grands principes.

    • Réadapter le réseau de réserves de faune grâce à des aménagements des milieux respectueux des habitats, et une meilleure coopération et concertation entre les acteurs concernés par la préservation de l’espèce.
    • Favoriser en priorité le maintien et développement des deux noyaux de populations existants et en créer des nouveaux par réintroduction à partir de souches corses. 

    Historique des études et perspectives (extraits de Benedetti et al., OFB, 2024)

    "Les résultats de ces études ont permis d’engager sa reconnaissance officielle et de faire évoluer son statut réglementaire à la hauteur de sa valeur patrimoniale, en l’inscrivant sur la liste nationale des espèces protégées en mars 2019 sous la dénomination d’Ovis gmelini musimon var. corsicana, telle que l’avait définie J.M. Cugnasse en 1994.
    Près d’un siècle après son effondrement, et malgré les actions de conservation engagées, le Mouflon de Corse est toujours vulnérable aujourd’hui.

    Quelles que soient les limites techniques associées aux différents protocoles utilisés [...] Ils ont permis de suggérer que les populations avaient probablement dépassé le seuil critique d’extinction dans le contexte insulaire, au moins pour la population du Cinto (Dubray et Roux, 1990).
    [...] Il reste par contre un enjeu pour la population de Bavella où les suivis réalisés depuis 2011 révèlent la vulnérabilité de cette population, en particulier en terme de reproduction [...].
    La démographie observée au sein de la population de Bavella suscite même de nombreuses interrogations, notamment sur sa capacité à persister sur le long terme dans un contexte de changements globaux, de fragmentation des habitats et de développement d'activités humaines (élevage, activités de plein air...). Jusqu’à maintenant, les actions de recherches et de conservation étaient restées centrées sur l’espèce. Mais les effets du changement climatique et les pressions anthropiques que subissent les espaces naturels contraignent aujourd’hui les écologues à orienter leurs travaux vers une approche «écosystémique» qui impose la mise en place de nouveaux axes de recherches et de conservation. Ils seront désormais déployés à travers un Plan national d’action (PNA), à la demande du ministère de la Transition écologique (MTE), dont la rédaction a été engagée dès la fin 2021 par l’OFB, en collaboration avec les partenaires habituels (cités précédemment), sous l’égide de la DREAL Corse et de l’OEC. [...]

    Une meilleure connaissance du régime alimentaire à l’année, des ongulés sauvages et domestiques présents sur l'île, reste un objectif prioritaire aussi bien pour mesurer le niveau de compétition entre les différentes espèces que pour cartographier précisément le paysage alimentaire du mouflon et le mettre en lien avec son écologie spatiale et sa démographie."

    Informations complémentaires et références

    Références / bibliographie

    Informations complémentaires

    Aller plus loin

    Le Plan national d’actions en faveur du Mouflon de Corse | Page éditoriale

    Face à la fragilité des 2 seules populations existantes, un plan national d’actions (PNA) en faveur du Mouflon de Corse va débuter en 2024 pour une période de 10 ans. En mobilisant les différents acteurs concernés en Corse et au-delà, le PNA est un outil opérationnel qui se décline en actions mises en œuvre de manière coordonnée pour la restauration de l’espèce et de son habitat. Il est en cours de rédaction par l’Office français de la biodiversité (OFB), qui assure le suivi de l'espèce depuis près de 50 ans.

    Pose d'un équipement GPS sur un Mouflon de Corse (OFB)
    Périmètre du document
    Emprise géographique
    Nationale
    Régionale
    Zone
    France hexagonale
    Corse
    Langue du document
    Français
    Milieux
    Milieux ouverts
    Milieux boisés
    Groupes d'espèces
    Mammifères
    Domaines d'action
    Données et connaissances
    Communication et sensibilisation