Biodiversité et vulnérabilité, vers de nouveaux indicateurs

Contexte général

La plupart des travaux menés ces dernières années dans le domaine de la bioindication en milieux lacustres (et plus largement sur les écosystèmes aquatiques) visent à développer des outils de caractérisation de l’état écologique en vue d’identifier les milieux dégradés à restaurer. Cependant ces bioindicateurs n’offrent qu’une vision partielle de la biodiversité qui supporte le fonctionnement des milieux aquatiques et ils ne concernent pas certains compartiments biologiques pourtant importants d’un point de vue fonctionnel. C’est le cas par exemple des organismes de petite taille comprise entre 0,2 et 2-3 µm qui constituent le picoplancton, très largement ignoré et jouant pourtant un rôle très important au sein des réseaux trophiques comme producteurs primaires, recycleurs de la matière ou encore comme proies pour les maillons trophiques supérieurs.   
De plus, la directive cadre sur l’eau impose la préservation de la qualité des milieux non dégradés afin de garantir la pérennité des services et cette préservation peut, dans bien des cas, dépendre aussi d’une prise de mesures de gestion spécifiques. Enfin, la biodiversité qui supporte la plupart des fonctions écologiques et donc le fonctionnement des écosystèmes et les services rendus, est en passe de devenir une cause nationale. Sa conservation est un enjeu sous-jacent à l’atteinte de la plupart des objectifs de développement durable alors que l’évaluation de la biodiversité n’est que très partiellement réalisée dans le cadre des suivis actuels. Atteindre ces objectifs de développement durable suppose que l’on ait une vision plus intégrative de la diversité biologique et fonctionnelle présente au sein des écosystèmes, et que l’on dispose d’outils d’analyse du risque de dysfonctionnement (perte de fonctions et services) afin de prioriser les interventions et mesures de conservation. 

Enjeux opérationnels

Dans sa phase opérationnelle, le projet vise deux objectifs principaux. 

  1. Initier un travail d’analyse sur la possibilité d’utiliser le picophytoplancton (c'est-à-dire la fraction végétale du picoplancton comme marqueur des changements naturels ou anthropiques en lac (changements climatiques globaux, accroissement de la dose des ultraviolets dans les eaux de surface, eutrophisation des milieux grandissante), ou de trajectoire de restauration de ces écosystèmes. 
  2. Proposer de nouvelles métriques de vulnérabilité des écosystèmes lacustres. Il s’agira ici de développer un nouvel outil de gestion permettant de prédire le risque d’altération des milieux et d’informer sur les causes de dysfonctionnement potentiel. Des travaux préliminaires ont déjà été initiés dans ce sens en proposant une démarche à même d’apporter des informations sur la sensibilité des communautés de poissons en fonction du statut des espèces et des fonctions portées par les différentes espèces (Teichert et al., 2017 ; rapport AFB). Il s’agira dans un premier temps de définir un cadre conceptuel d’analyse de la vulnérabilité des milieux lentiques. Nous poursuivrons ensuite la démarche en caractérisant différentes composantes de la vulnérabilité des écosystèmes associées soir aux milieux, soit aux communautés.

(Dernière mise à jour : avril 2019)