Territoires agricoles : eau, sol et biodiversité - Priorités d'actions

Un changement de paradigme est aujourd’hui indispensable pour aller vers une agriculture durable et résiliente, fondée sur des écosystèmes fonctionnels. L’agroécologie remet la biodiversité et les processus écologiques au cœur de l’agriculture et de la production à travers la valorisation de services écosystémiques. Elle est motivée par un objectif de réduction des impacts environnementaux de l’agriculture tout en maintenant un niveau élevé de sécurité alimentaire (comité scientifique AFB, 2018).

Afin de répondre aux enjeux environnementaux, aux enjeux de production agricole et à la demande sociétale, l’AFB s’est engagée à accompagner la mise en œuvre de la transition agroécologique. L’objectif est de travailler avec l’ensemble des acteurs pour contribuer à faire émerger des solutions de convergence entre la préservation de la biodiversité et une agriculture durable.

Contexte

Le modèle agricole dominant, en générant de multiples pressions (utilisation de produits phytosanitaire et fertilisant, artificialisation, consommation des ressources) apparaît comme une cause majeure du déclin de la biodiversité (oiseaux communs en milieu agricole, insectes…) et de la dégradation de l’état des milieux aquatiques.
Les états des lieux de 2013 des grands bassins hydrographiques français mettent en évidence que le sujet de la gestion des pollutions de l’eau par l’azote, les pesticides, le phosphore reste un enjeu majeur de la directive cadre sur l’Eau (> Pollutions diffuses).
Concernant la biodiversité en France :

  • depuis 1990 > -14% du nombre d’oiseaux et -38% du nombre d’oiseaux dans les milieux agricoles,
  • au cours du XXe siècle > -75% de la biodiversité génétique des plantes cultivées.

Plusieurs dispositifs peuvent aujourd’hui favoriser la transition agroécologique

Différentes politiques environnementales en milieu agricole existent pour la préservation de l’eau et de la biodiversité : la directive cadre sur l’Eau (DCE) et les schémas directeurs d’aménagement de gestion de l’eau (Sdage), la directive Nitrates, la directive Oiseaux, la directive Habitat Faune Flore… (> Politiques publiques)

De plus, des programmes et stratégies nationaux font des recommandations et/ou permettent la définition d’objectifs et la mise en œuvre d’actions : le plan Agroécologie, la Stratégie nationale pour la biodiversité, le plan Agroforesterie, la démarche Trame verte et bleue, la démarche du réseau Natura 2000, le plan Écophyto II+, la feuille de route interministérielle sur la politique nationale « captages », les recommandations de l’IPBES de Medellin 2018…

Objectifs

  • Produire des références techniques pour mettre en cohérence les politiques publiques environnementales et agricoles, à destination des gestionnaires de l’eau, de la biodiversité, des acteurs du monde agricole (conseillers, agriculteurs,…) et des agents techniques de l’AFB
  • Démontrer par l'exemple et l'innovation que la préservation de l’eau et la biodiversité sont des leviers de développement agricole économique et humain

La feuille de route de ces travaux de recherche est structurée en 3 axes thématiques détaillés ci-dessous.

Les projets suivis sont présentés, partagés et discutés au sein de différentes instances : groupes nationaux de travail avec les ministères en charge de l’écologie et de l’agriculture, les agences de l’eau, les collectivités, les chercheurs et groupes de travail européens.

Feuille de route Recherche, développement et innovation / Référents : Claire Billy & Nolwenn Bougon

I. Connaître les milieux et les acteurs des territoires agricoles

Objectif général : mieux comprendre le lien entre pratiques agricoles et biodiversité et caractériser l’état des territoires agricoles à travers les pratiques agricoles et leur localisation, les activités humaines, les éléments du paysage et la faune entre autres.

1.1 Aider à la caractérisation des milieux (aquatique et terrestre) et des pratiques agricoles

  • Fournir des éléments de connaissance sur l’état des sols, les milieux aquatiques, les dynamiques agricoles, l’usage de pesticides, de l’azote et du phosphore. Ces données peuvent notamment alimenter les outils pression-impact de l’axe thématique B
  • Fournir des connaissances supplémentaires sur les fonctions et les services rendus par la biodiversité des sols en milieu agricole

1.2 Appuyer la réalisation de diagnostic et sa mobilisation pour la construction des programmes d’actions territorialisés

  • Fournir des éléments méthodologiques pour la mise en place de projets territoriaux pour la protection des ressources en eau et de la biodiversité : réalisation  d’un diagnostic technique et socio-économique des milieux, des enjeux et des acteurs à l’échelle du territoire

1.3 Aider à l’expertise sur l’effet des changements de pratiques agricoles sur l’eau et la biodiversité

  • Fournir des éléments de connaissance permettant d’identifier l’effet des changements de pratiques agricoles sur la qualité des milieux (eau, sol) et de la biodiversité associée
  • Identifier les pratiques agroécologiques qui permettent de maximiser les réserves hydriques des sols en vue de limiter l’irrigation des cultures
  • Estimer la plus-value écologique et économique des mesures proposées par les maîtres d’ouvrage en milieu agricole, et de leur éligibilité potentielle au titre de la compensation

Étude 2022 - Efficacité et analyse des mesures agroécologiques au titre de la compensation des atteintes à la biodiversité

Cette étude porte sur un état des lieux sur l’efficacité des mesures agroécologiques pour la préservation de la biodiversité ainsi que sur l’analyse de ces mesures pour leur utilisation au titre de la compensation. Elle a été réalisée en 2022 par le bureau d’étude Biotope en prestation pour l’OFB.

Objectifs

  1. Réaliser l’état des lieux des connaissances sur la plus-value écologique engendrée par certaines pratiques agroécologiques
  2. Analyser l’éligibilité de quelques-unes de ces pratiques au titre de la compensation des atteintes à la biodiversité pour fournir un appui aux services instructeurs

Résultats

Contacts

1.4 Caractériser les interactions entre milieux : eutrophisation lien Terre/Mer

  • Évaluer les apports de MES, N et de P d’origine fluviatiles vers différents milieux récepteurs : cours d’eau, plans d’eau et zones littorales

II. Évaluer les risques et les effets des pratiques agricoles

Objectif général : développer et transférer des outils et des méthodes permettant d’identifier les déterminants intervenants dans la dégradation des milieux, d’estimer le risque de contamination des eaux lié aux usages (Nitrate/Phosphore/phytosanitaires), d‘évaluer et estimer l’effet des changements de pratiques agricoles sur les milieux (eau, sol) et la biodiversité associée, afin de répondre aux exigences réglementaires, aux politiques publiques et aux besoins opérationnels.

2.1 Développer des outils pressions-impacts pour le diagnostic et la prospective

  • Valoriser et diffuser les outils nationaux pressions-impacts développés, permettant d’estimer le risque de contamination des eaux de surface et des eaux souterraines par les nutriments et les phytosanitaires
  • Fournir des méthodes innovantes de suivi des pollutions diffuses d’origine agricole dans les milieux aquatiques (outils intégratifs ou méthodes de mesure haute fréquence…).

2.2 Développer des outils d’évaluation des systèmes agricoles au regard de leurs effets sur les milieux

  • Développer des outils et des méthodologies pour mesurer l’effet des changements de pratiques sur l’état des milieux (eau, sol)

III. Agir par les pratiques agricoles et l’aménagement du paysage

Objectif général : identifier les actions, les plus adaptées et efficaces et compatibles avec le contexte local, à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs de qualité des milieux souhaités.

3.1 Fournir des outils de gestion pour conduire des projets de territoire

  • Développer (et mettre à disposition) des outils, des méthodologies, des indicateurs d’efficacité pour évaluer les programmes d’actions et leur mise en œuvre

3.2 Appuyer la mise en place d’aménagements parcellaires et d’infrastructures agroécologiques

  • Développer des outils permettant de mettre en place sur des territoires des solutions d’aménagement limitant les transferts de polluant vers les eaux de surface et les impacts sur la biodiversité
  • Fournir des recommandations sur les modes de gestion des infrastructures agroécologiques