Des pièges à ADN pour inventorier les bousiers et mieux connaître ces « travailleurs du sol »

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Géotrupe du fumier (B. Guichard/OFB)

Alors que les insectes représentent plus des deux tiers des organismes vivants sur Terre, ils sont peu pris en compte dans les stratégies de préservation de la biodiversité. C’est le cas des coléoptères coprophages - ou bousiers - qui contribuent à des fonctions écologiques essentielles. Dans le cadre d’un projet de recherche réunissant le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE), 5 parcs nationaux de montagne et l’OFB, des pièges non destructifs ont été mis au point pour inventorier ces espèces et ainsi faciliter leur étude et leur préservation.

Quels rôles jouent les bousiers dans le sol ?

Du fait de leur régime alimentaire et de leur comportement nidificateur, les coléoptères coprophages assurent différentes fonctions écologiques essentielles. Lorsque que les bousiers fouisseurs et rouleurs enfouissent les déjections de vertébrés dans le sol, ils permettent :

  • de relocaliser la matière organique riche en nutriments (carbone, azote, potassium, phosphore, calcium, magnésium),
  • d’augmenter la porosité superficielle du sol et la densité de la microfaune du sol,
  • de favoriser la croissance des plantes et la dispersion des graines,
  • de réduire l’infestation des parcelles par les parasites gastro-intestinaux.

Ces insectes constituent ainsi un groupe clé de voûte des écosystèmes pastoraux.

Des insectes exposés aux changements des pratiques

Déprise agricole, densification des troupeaux, utilisation de xénobiotiques potentiellement toxiques pour les insectes (insecticides, médicaments vétérinaires) sont autant de perturbations qui ont un impact sur la composition et la structure des peuplements.

Malgré son intérêt évident, ce groupe d’insectes est encore trop peu étudié et connu, du fait de la difficulté que pose l’identification de certains complexes d’espèces et de l’ancienneté des référentiels taxonomiques (clés, faunes…).

Les coléoptères coprophages ou la super-famille des Scarabaeoidea

  • les Scarabaeidae, divisés en 2 sous-familles :
    • les Scarabaeinae (40 espèces en France métropolitaine) ;
    • les Aphodiinae (106 espèces)
  • les Geotrupidae (14 espèces).

De part la diversité de leurs comportements, on distingue 3 groupes :

  • les rouleurs (télécoprides), espèces les plus emblématiques, tel le Scarabée sacré ;
  • les fouisseurs (paracoprides) qui construisent leur galerie sous le dépôt d’excrément ;
  • les résidents (endocoprides) qui vivent directement dans l’excrément.

Des pièges non destructifs opérationnels

C’est pour pallier au manque d’outils et de connaissances que le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, les parcs nationaux des Cévennes, des Ecrins, du Mercantour, des Pyrénées, de la Vanoise, et l’OFB se sont associés pour développer, dans le cadre du projet ScaraB'Obs, une technique d’inventaire adaptée à ces espèces : des pièges non destructifs de collecte d’ADN.

Ces pièges reposent sur les techniques d’inventaire moléculaire dites « ADN environnemental » (ADNe). Ils permettent d’attraper les insectes sans les tuer, de récupérer l’ADN qu’ils laissent via des petits morceaux de tarses, des crottes… puis de les relâcher. L’analyse de cet ADN permet d’identifier les espèces présentes.
 

Aujourd’hui, cette méthode peut être mise en œuvre par les opérateurs de terrain. Elle implique néanmoins d’apporter un soin particulier à chaque étape ; des tutoriels complets sont à disposition (voir liens ci-dessous) et l’équipe de recherche peut offrir un accompagnement à la mise en place des protocoles. L’ADNe peut être utilisé pour réaliser des suivis ou pour répondre à des questions de recherche. Cette méthode ne permettra pas de combler toutes les lacunes de connaissance sur l’état de conservation de la biodiversité… mais son déploiement peut y contribuer.

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