Perdrix rouge (Alectoris rufa)
Nom
Classification : Aves / Galliformes / Phasianidae / Perdicinae 3 sous-espèces : A. rufa rufa (France continentale, corsa en Corse), A. r. hispanica (nord-ouest de l’Espagne et du Portugal), A. r. intercedens (reste de l’Espagne) |
Statuts de conservation (liste rouge UICN)
Rapportage Directive Oiseaux 2019 :
Statut réglementaire : espèce dont la chasse est autorisée en France, inscrite à l’Annexe II/2 de la Directive Oiseaux et à l’Annexe III de la Convention de Berne. |
Poids
La Perdrix rouge est un galliforme de taille moyenne.
- Mâle adulte : 480 g en moyenne
- Femelle adulte : 400 g en moyenne
Taille
- Taille moyenne : 32-34 cm
- Envergure : 47-50 cm
Plumage (adulte)
- Tête et cou : bande frontale noire et fine qui s’étend autour de l’œil et forme un collier autour de la gorge, puis se termine en un large bavoir de taches noires.
- Flancs : gris-lavande, barrés verticalement avec des lignes blanches, noires et noisette.
- Bec, cercle orbital et pattes rouge vermeil.
Distinction de sexe : le dimorphisme sexuel est très peu marqué. En nature, quand les perdrix sont en couples, les deux sexes se distinguent par la taille, le mâle étant plus grand que la femelle. Chez l’adulte, la présence d’un ergot sur chacune des pattes caractérise le mâle; l’absence d’ergot sur une ou les deux pattes peut faire conclure à une femelle.
Distinction d'âge
- En nature, les jeunes peuvent être distingués des adultes jusqu’à l’âge de 3 mois environ.
- En main, on peut déterminer assez précisément l’âge des jeunes de l’année jusqu’à ce qu’ils aient 130 jours ; il est encore possible de les distinguer des adultes jusqu’au début de l’automne suivant (1re et 2e rémiges primaires pointues avec une tache blanche sur la pointe).
Confusions possibles
Visuellement, la Perdrix rouge peut être confondue avec la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca) ou la Perdrix choukar (Alectoris chukar). La première s’en distingue par son collier noir sans échancrure et deux barres noires sur les plumes des flancs (une seule chez la Perdrix rouge). Cependant, ces trois espèces ont des aires de répartition distinctes, exception faite de A. rufa et A. graeca dont les aires se chevauchent partiellement dans les Alpes, donnant des hybrides féconds appelés perdrix rochassières (Alectoris graeca saxatilis).
Sur le centre de la France, la Perdrix rouge et la Perdrix grise (Perdix perdix) sont présentes ensemble. Il est facile de les distinguer, la Perdrix grise ne présentant aucune bande frontale.
Habitat
- Lieux secs et ensoleillés de basse et moyenne altitude, où l’hiver est assez doux.
- Espèce de lisière qui affectionne les paysages présentant une mosaïque d’habitats alternant des zones à fort recouvrement herbacée pour se nourrir et des secteurs à végétation buissonnante pour se mettre à couvert ou nicher.
Habitats méditerranéens de la Perdrix rouge (photos J-B. Puchala/OFB)
Cycle de vie (alimentation, reproduction, paramètres démographiques...)
Régime alimentaire : essentiellement végétarien, partiellement insectivore
- Poussins : les invertébrés (fourmis, sauterelles, araignées, coléoptères, larves…) peuvent prendre une place dominante dans le régime alimentaire des poussins de moins de 3 semaines, proportion qui diminue au fur et à mesure qu’ils grandissent.
- Adultes : essentiellement végétariens : fleurs (printemps-été), graines (été-automne), parties vertes des plantes (toute l’année) dont une dominance de graminées (y compris des céréales cultivées), mais aussi des légumineuses (luzerne, trèfle…) ou des composées. Faible proportion d’invertébrés.
Reproduction et paramètres démographiques
- Maturité sexuelle : 1 an
- Formation des couples : février (sud de la France) / espèce monogame
- Ponte : avril-mai, 12 œufs en moyenne
- Double nidification dans 20 à 40% des cas. Ponte de remplacement (dite de recoquetage) en cas de destruction du premier nid : 8 œufs en moyenne.
- Nids installés à couvert et à même le sol dans la majorité des cas : dans des cultures (prairies de graminées, vignes, céréales) ou dans une végétation basse (plantes piquantes, buissons, graminées).
- Couvée : 23 - 24 jours
- Eclosion et élevage des jeunes : éclosions synchrones (environ 90% des œufs éclosent en même temps) qui peuvent s’étaler de fin mai à fin août (pic entre fin juin et début juillet). Les jeunes sont précoces et quittent tôt le nid. Ils sont capables de voler à l’âge d’environ deux semaines mais restent avec leurs parents tout leur premier hiver. Ils atteignent la taille adulte à partir de 10 semaines.
Survie
- Adultes : 27 à 29 % (+/- 6 %)
- Jeunes : 17 % (+/- 7 %)
- Pour les perdrix d’élevage issues de lâchers en fin d’été, la survie jusqu'au printemps suivant est très faible (< 5 %)
Principales causes de mortalité : pratiques agricoles, prédation, maladies, collisions, chasse.
Comportement (mode de vie, déplacement, domaine vital...)
Comportement social
Au début de l’automne, les oiseaux se rassemblent en groupes ou « compagnies », composés d’un ou des deux parents et de leurs jeunes de l’année, auxquels se joignent des adultes sans jeune.
Ces groupes se dissocient dès le mois de février (sud de la France) et les couples se forment. C’est la pleine période du chant, prélude à la reproduction. Lorsque commence la ponte, les observations d’individus isolés deviennent progressivement plus fréquentes que celles de couples. Puis, au fur et à mesure des éclosions, des compagnies se reforment.
Les perdrix passent la nuit dans un dortoir situé à même le sol. Du début du printemps à l’automne, elles sont surtout actives au lever du jour et au coucher du soleil (alimentation, chant…). Le reste de l’année, le pic d’activité est atteint en milieu de journée.
Domaine vital : une espèce sédentaire
En hiver, le domaine vital des groupes d’oiseaux est très variable ; la superficie moyenne oscille autour de 30 ha. Il se réduit en période de reproduction, atteignant entre 4 et 6 ha pendant l’incubation. Après les éclosions et jusqu’à 9 semaines environ, la zone d’activité des nichées est en moyenne de 5 ha.
Interactions écologiques et avec les activités humaines
Pressions sur l’espèce
- Perte ou dégradation d’habitats de nidification et d’alimentation : la déprise agricole (abandon de terres cultivées ou du pâturage, arrachages de vignes) en région méditerranéenne a provoqué une homogénéisation des paysages et leur fermeture (enfrichement, maquis ou garrigues). On observe également, à l’inverse, l’arrachage de haies et l’intensification de l’agriculture en d’autres espaces ou la modification des pratiques agricoles (goutte à goutte, traitements phytosanitaires...), ainsi que l’artificialisation des espaces.
- Événements météo dits extrêmes : violents orages estivaux, sècheresses aux périodes de pousse de la végétation
- Prélèvements par la chasse qui peuvent devenir excessifs, particulièrement lorsqu’ils sont accompagnés de lâchers d’oiseaux d’élevage
- Prédation : prédateurs sauvages, chats ou chiens errants
Répartition géographique et situation de l'espèce
La Perdrix rouge est une espèce méditerranéenne, endémique dans le sud-ouest de l’Europe.
Répartition en France
L’espèce est présente sur une large partie du territoire national en étant plutôt associée aux habitats agricoles et en évitant les grandes zones urbaines. L’essentiel des populations se trouve dans les deux tiers sud du pays, y compris en Corse. Elle est quasiment absente au nord et à l’est d’une ligne reliant le Mont Saint-Michel à Paris, Dijon, Lyon et Briançon, ainsi que de l’ouest du Massif Central et de la pointe de la Bretagne. Elle est quasiment absente au-dessus de 1 200 m d’altitude mais exceptionnellement observée jusqu’à 2 000 m d’altitude.
Des individus issus de lâchers pour la chasse peuvent néanmoins être observés en dehors de ces limites.
Répartition de la Perdrix rouge en France (site du MNHN)
Répartition mondiale
Les trois quarts des effectifs nichent dans la péninsule ibérique et dans les îles Baléares ; le reste occupe la France continentale, la Corse et le nord de l’Italie. L’espèce a été introduite avec succès en Grande-Bretagne en 1673 et en 1790, ainsi qu’aux Açores, à Madère et dans les îles Canaries.
Évolution
À l’échelle européenne
Le déclin prononcé de l’espèce, observé entre 1970 à 1990, s’est poursuivi entre 1990 et 2010 avec une chute des effectifs dénombrés de - 30% en 10 ans.
Son statut européen d'état de conservation est passé de Préoccupation mineure (LC) en 2015 à Quasi-menacée (NT) en 2021. La tendance de la population semble diminuer à un rythme modérément rapide, et se rapproche des seuils de vulnérabilité.
La population européenne nicheuse est estimée à 4.970.000-6.850.000 couples. (Source : BirdLife International. 2021. Alectoris rufa. The IUCN Red List of Threatened Species 2021. )
En France
L’espèce montre un déclin régulier significatif estimée à - 32 % entre 2001 et 2018 par le réseau STOC (CRBPO-MNHN) et à - 51% entre 2009 et 2019 par le réseau « oiseaux de passage ».
Effectifs
- Population européenne : entre 4.970.000 et 6.850.000 couples
- Population française : 214.000 couples entre 2008 et 2017 (132.000 - 300.000) lors du rapportage 2019 au titre de la Directive Oiseaux. L’enquête précédente menée en 1998 par l’ONCFS au niveau national estimait la population nicheuse à 300.000 couples.
Réglementation
International
L’espèce est en annexe III de la convention de Berne
Union européenne
Alectoris rufa est classée en annexe II/2 B de la Directive Oiseaux (2009/147/EC), ce qui signifie qu’elle est chassable, et à l’annexe III (vente, détention et transport pour la vente autorisés).
Observation, étude et gestion
Mesures de gestion
- Gestion de l’habitat : restauration de paysages en mosaïques avec alternance de parcelles cultivées ou de zones pâturées, et de haies ou zones incultes (friches, matorral), pratiques agricoles respectueuses de l’environnement.
- Gestion des populations : pratique d’une chasse durable en ajustant les prélèvements cynégétiques aux populations sauvages existantes (plan de chasse ou différentes mesures de plan de gestion, particulièrement en cas de pratique de lâcher d’oiseaux d’élevage), repeuplements avec arrêt de la chasse.
Informations complémentaires et références
- Cahiers d’Habitat « Oiseaux » - MEEDDAT/MNHN - Perdrix rouge
- PECBMS. 2022. Species trends Alectoris rufa. Pan-European Common Bird Monitoring Scheme.
- BirdLife International 2021. Alectoris rufa. The IUCN Red List of Threatened Species.
- BRO E., GUITTON J.S., PONCE F., AUBRY P. 2017. Estimations des prélèvements des espèces de petit gibier sédentaire de plaine en France pour la saison 2013-2014. Faune Sauvage 317, 102-105.
- PONCE F., FRUITET L., PUCHALA J.-B., JOULAIN M., REITZ F. 2017. Le réseau de sites Perdrix rouge. Un outil pour une gestion durable de l’espèce. Faune Sauvage 317, 10-13.
- SOUCHAY G., BESNARD A., MATHON J.-F., PUCHALA J.-B., LE BRUN T., FAVAS J.-C., PONCE F. 2017. La survie de la perdrix rouge. Importance des facteurs environnementaux et performances des oiseaux d’élevage. Faune Sauvage 317, 49-52.
- PONCE-BOUTIN F., JAKOB C., CARSUZAA S., VILLAIN F., PUCHALA J.-B., FAVAS J.C., BESNARD A., FRUITET L. 2014. La technique du rappel au magnétophone pour estimer l'abondance de la perdrix rouge. Faune sauvage 303, 8-13.
- PONCE-BOUTIN, F., CROSNIER A., REITZ F. 2012. Situation de la perdrix rouge en France en 2008. Faune Sauvage 295, 25-28.
- PONCE-BOUTIN F., BRUN J.C., MATHON J.F., RICCI J.C. 2006. Propositions pour une gestion durable des populations de perdrix rouges. Quelle place pour les lâchers ? Faune Sauvage 274, 48-55.
- PONCE-BOUTIN F., BRUN J.C., RICCI J.C. 2006. La Perdrix rouge et sa chasse en région méditerranéenne française : résultats d'une enquête. Faune Sauvage 274, 40-47.
- PONCE-BOUTIN F., LE BRUN T., MATHON J.F., MOUTARDE C., CORDA E., KMIEC L. 2004. Aménagement des milieux et Perdrix rouge en collines méditerranéennes françaises. Faune Sauvage 262, 42-46.
- PONCE-BOUTIN F., MATHON J.F., PUCHALA J.B., LEBRUN T., PIN C., FAVAS J.C. 2003. Bilan des connaissances sur la Perdrix rouge Alectoris rufa. Faune de Provence 21, 31-42.
- BIRKAN. M. 1990. La Perdrix rouge. Plaquette ONC, 36p.
- PONCE F. 1989. Etude du régime alimentaire du poussin de Perdrix rouge Alectoris rufa en relation avec la gestion des milieux. Mise au point du protocole et prétest. Montpellier/Paris, E.P.H.E/Office national de la chasse.
Pour obtenir les autres publications citées, faire une demande par mail à l'adresse : doc @ ofb.gouv.fr
À lire aussi
Dataviz - Observer les oiseaux nicheurs et hivernants présents en métropole | Dataviz | mai 2021
Cette datavisualisation porte sur les populations de certaines espèces d’oiseaux sauvages, essentiellement migrateurs, présents en France au moins une partie de l’année. Elle présente l’évolution de leur abondance, leur distribution et l’estimation de tendances des effectifs. Elle s’appuie sur le suivi de 20 espèces d’oiseaux de métropole (migrateurs, migrateurs partiels, sédentaires) par le réseau Oiseaux de passage (OFB/FNC/FDC).