Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale)

Données du document
Auteur(s)
Renaud Puissauve, Patrinat
Structure(s) autrice(s)
Patrinat
Office français de la biodiversité (OFB)
Éditeur(s)
Office français de la biodiversité (OFB)
Ressource(s)
Collection
Fiches Espèces
Date d'édition
Type
Fiche espèce
Statut de l'espèce
évaluée
protégée
réglementée
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Contenu

L’Agrion de Mercure est une espèce de libellule qui se développe dans les milieux d'eau douce courante, claire et bien oxygénée, type ruisseaux, sources, suintements, fossés...

Fiche d'identité

Nom

  • Nom latin :

    Coenagrion mercuriale (Charpentier, 1840)

Classification : Arthropoda/ Insecta/ Odonata/ Coenagrionidae

Statuts de conservation (liste rouge UICN) :

Statut réglementaire : espèce protégée

Réglementation

Morphologie
Image
Agrion de Mercure (Sébastien Gautier, OFB)
Agrion de Mercure (Sébastien Gautier, OFB)
Image
Agrion de Mercure (Willy Dufrechou, OFB)
Agrion de Mercure (Willy Dufrechou, OFB)

Habitat

Une espèce des eaux courantes très liée à la végétation

L’Agrion de Mercure se développe dans les milieux lotiques (eaux courantes) permanents de faible importance, aux eaux claires et bien oxygénées, oligotrophes à eutrophes et bien végétalisés. Ce sont en général des ruisseaux, rigoles, drains, fossés alimentés ou petites rivières (naturels ou anthropisés), mais aussi sources, suintements, fontaines, résurgences…

Les prairies qui bordent les ruisseaux ou fossés ont une grande importance pour l'espèce. Elles sont utilisées comme site de maturation des imagos, comme terrain de chasse et lieu de repos.

Aire de repos

Les adultes se tiennent principalement dans la végétation herbacée rivulaire des tronçons ensoleillés, et sur les herbiers émergents ou encore à l'intérieur de la végétation.
De manière générale, les mégaphorbiaies et friches herbacées le long des berges ou les layons et prairies adjacents jouent un rôle de refuge important pour les adultes.

Les subadultes, durant leur phase de maturation, peuvent voler dans des milieux annexes plus éloignés, comme divers friches et layons ensoleillés en milieu forestier.

Zone de reproduction

La ponte se fait dans la partie immergée des plantes. Les larves sont peu mobiles et se tiennent dans la végétation des secteurs calmes, parmi les hydrophytes, les tiges ou les racines des hélophytes et autres plantes riveraines.
La larve supporte très mal l’assèchement, même de courte durée. Elle est relativement sensible à la charge organique et se développe préférentiellement dans des milieux où la concentration d’oxygène dissous est élevée.

Types d’habitats associés

  • Typologie Eunis : C2.1 - Sources, ruisseaux de sources et geysers / C2.2 - Cours d’eau permanents, non soumis aux marées, à écoulement turbulent et rapide / C3.1 - Cours d’eau permanents, non soumis aux marées, à écoulement turbulent et rapide / C3.4 - Végétations à croissance lente, pauvres en espèces, du bord des eaux ou amphibies
  • Corine Biotope : 54.1 - Sources / 24.1 - Lit des rivières

Cycle de vie (alimentation, reproduction, paramètres démographiques...)

Alimentation

Pendant la phase de maturation et de reproduction, les adultes se nourrissent d’insectes qu’ils chassent en vol, dans les prairies riveraines, le long des berges ou encore au-dessus de l’eau, puis les consomment posé sur la végétation.

Les larves sont carnassières et se nourrissent de zooplancton, de jeunes larves d’insectes et d’autres micro-invertébrés.

Reproduction : de nombreux stades larvaires

La reproduction peut s'étendre d'avril à septembre, mais les adultes sont principalement présents de mai à juillet.

Le développement larvaire :

  • comprend 12 à 13 mues,
  • dure environ 20 mois : l’espèce passe 2 hivers au stade larvaire.

Comportement (mode de vie, déplacement, domaine vital...)

Domaine vital des noyaux de population

Les informations précises manquent à ce sujet, cependant les noyaux de populations semblent se maintenir sur des petites surfaces à condition qu’une connexion existe avec d’autres noyaux. Cette connexion demande une distance inférieure au kilomètre et la présence d’habitats « relais » favorables.

Déplacements dans la végétation et au ras de l’eau

A la suite de l’émergence, l’imago s’alimente durant quelques jours à proximité de l’habitat de développement larvaire (prairies environnantes, bordures de chemins ensoleillés, etc.), parfois dans des zones plus éloignées.

Ensuite les adultes s’éloignent peu des habitats de développement larvaire. Ils peuvent toutefois parcourir des distances de plus d’un kilomètre pour la recherche d’habitats, de nourriture... L’Agrion de Mercure se déplace surtout dans la végétation et au ras de l’eau. Ainsi, des tronçons de fossés, même défavorables au développement larvaire, peuvent jouer le rôle de corridors écologiques.

Interactions écologiques et anthropiques

Facteurs limitant ou favorisant le déplacement

La présence de petits cours d’eau sous les voies ferrées ou les autoroutes semblent ainsi favoriser le passage des adultes.
À l'inverse, les zones riveraines boisées ou avec des broussailles réduisent très fortement la dispersion.

Réglementation

Statut juridique

Réglementation : précisions sur l'arrêté du 23 avril 2007 : article 3 

Il interdit entre autres toute destruction ou perturbation intentionnelle des insectes à tous les stades de développement. Il est également interdit de détenir, de transporter ou de réaliser toute action commerciale avec des individus prélevés dans le milieu naturel.

Observation, étude et gestion

Méthodes de détection

L’Agrion de Mercure peut passer inaperçu du fait de la discrétion de ses habitats larvaires et des effectifs réduits.

Informations complémentaires et références

Informations complémentaires

Autres espèces protégées possédant des habitats similaires (fiches INPN)

Bibliographie

  • Hassall C., Thompson D.J., 2012. Study design and mark-recapture estimates of dispersal: a case study with the endangered damselfly Coenagrion mercuriale. J Insect Conserv 16, 111–120.
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  • Dijkstra K.-D.B., Lewington R., 2009. Guide des libellules de France et d’Europe. Delachaux et Niestlé, Paris.
  • Rouquette J.R., Thompson D.J., 2007. Patterns of movement and dispersal in an endangered damselfly and the consequences for its management. Journal of Applied Ecology 44, 692–701.
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  • Purse B.V., Hopkins G.W., Day K.J., Thompson D.J., 2003. Dispersal characteristics and management of a rare damselfly. Journal of Applied Ecology 40, 716–728.
  • Thompson D.J., Rouquette J.R., Purse B.V., 2003. Ecology of the southern damselfly: Coenagrion mercuriale, Conserving Natura 2000 Rivers Ecology Series No. 8. English Nature, Peterborough.
Périmètre du document
Emprise géographique
Nationale
Zone
France hexagonale
Langue du document
Français
Milieux
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Milieux humides
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Insectes et araignées
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