Blongios nain, Butor blongios (Ixobrychus minutus)
Le Blongios nain ou Butor blongios est une espèce protégée de héron, le plus petit d'Europe. Nicheur en France, il migre pour passer l'hiver au sud du Sahara.
Nom
Classification : Chordata/ Aves/ Pelecaniformes/ Ardeidae |
Statuts de conservation (listes rouges UICN) : Statut réglementaire : espèce protégée |
Habitat
Une espèce qui se cache dans les roselières ou les arbres proches des plans d'eau
« Le Blongios fréquente les roselières des plan d’eau (étangs gravières), même de taille modeste, les bords de fossés, les marais, les bordures de rivières, etc. On le trouve surtout dans les phragmitaies et les typhaies entrecoupées de saules en densité plus ou moins importante. Cependant, la présence d’arbres (saules principalement) semble bien être recherchée par l’espèce » (Cahier d'habitats Natura 2000 - Oiseaux).
Dans certains cas, lorsque son habitat optimal fait défaut, il lui arrive de profiter de certains bassins artificiels qu’il trouve dans les parcs urbains et les environnements anthropisés.
Sites de reproduction
« il établit son nid dans une végétation très dense. Les facteurs clefs du choix du site sont la quiétude de l’endroit et la présence de l’eau toute proche. […]. Les oiseaux sont assez fidèles à leur secteur de reproduction. […]. Le nid mesure 8 à 30 cm de haut pour un diamètre de 18 à 35 cm. Il est constitué de roseaux, de brindilles et d’herbes et se situe en général à 10 – 60 cm au-dessus de l’eau dans les phragmitaies, mais on en trouve également dans les saules, les aubépines, les églantiers et dans les ronciers, à des distances plus éloignées de l’élément liquide et jusqu’à deux mètres de hauteur, voire peut être davantage ». (Cahier d'habitats Natura 2000 - Oiseaux)
Aire de repos
Il se trouve la plupart du temps à proximité de plans d’eau, souvent caché dans les roselières relativement immobile, ou se reposant dans des arbres, en particulier des saules ou des aulnes. Les populations nichant en Europe établissent leurs camps d’hiver en Afrique subsaharienne à l’arrivée de leur migration post-reproduction.
Alimentation
« Le régime alimentaire du Blongios nain varie fortement en fonction des sites où l’oiseau est présent, de la disponibilité des proies et de la période de l’année ». (Cahier d'habitats Natura 2000 - Oiseaux)
Types d’habitats associés
- Typologie Eunis : C1.1 - Lacs, étangs et mares oligotrophes permanents / C1.2 - Lacs, étangs et mares mésotrophes permanents / C1.3 - Lacs, étangs et mares eutrophes permanents / D5.2 - Formations à grandes Cypéracées normalement sans eau libre
- Corinne Biotope : 22.11 - Eaux oligotrophes pauvres en calcaire / 22.12 - Eaux mésotrophes / 22.13 - Eaux eutrophes / 53.2 - Communautés à grandes Laîches / 53.3 - Végétation à Cladium mariscus
Cycle de vie (alimentation, reproduction, paramètres démographiques...)
Les Blongios nains possèdent une activité essentiellement diurne et crépusculaire, mais les mâles peuvent chanter presque tout au long de la nuit.
Reproduction
« L’espèce se reproduit en général isolément, même si autrefois elle pouvait parfois former des colonies lâches » (Cahier d'habitats Natura 2000 - Oiseaux).
Au printemps, les mâles patrouillent au-dessus de la végétation d’un vol léger et marquent leur territoire par leur chant en chassant les rivaux potentiels.
- Période d'activité principale : mai - août, secondaire : avril et septembre
Alimentation
« Le Blongios nain se nourrit principalement de petits poissons, d’amphibiens et d’invertébrés aquatiques » (Cahier d'habitats Natura 2000 - Oiseaux).
Comportement (mode de vie, déplacement, domaine vital...)
Domaine vital
Le territoire du Blongios nain s’articule autour des zones en eau et la végétation aquatique et littorale environnante (roseaux, arbres, arbustes…), qu’il utilise à la fois pour se nourrir et pour nicher.
Une étude en Picardie estime la taille du territoire des couples à quelques hectares : entre 4 et 30 environ.
De manière générale, les individus ne présentent pas de comportement grégaire marqué, parfois des « colonies » assez lâches de quelques couples se partageant quelques hectares.
Déplacements : une espèce migratrice
Les populations de la zone paléarctique migrent, après les naissances, vers le sud du Sahara d’août à octobre et retournent vers le nord entre mars et avril. En revanche, une fois installés pendant la période de reproduction, les déplacements des individus ne sont pas très importants, les nids étant situés à proximité des zones de pêche.
Périodes de migration
- Prénuptiale vers le nord : mars-avril à mai-juin
- Vers le sud du Sahara pour hiverner : août-septembre à octobre-novembre
- Hivernage : décembre-février
Interactions écologiques et avec les activités humaines
Des pressions multiples
« La dégradation et la disparition des sites de reproduction situés en zones humides par l’exploitation commerciale des roseaux, la coupe, les brûlis ou par l’assèchement des phragmitaies, mais aussi par le drainage ou la mise en culture des marais causent des préjudices à l’espèce. Les aménagements plus ou moins touristiques, en étang de pêche de loisir notamment, avec création de pontons (nombreux), sentiers en bord d’étang, avec gestion (faucardage estival, etc.) de la végétation du bord sont aussi des causes de dégradation et de disparition des sites de reproduction. La surpopulation de sangliers et de ragondins détruit localement les roselières où il niche. En Ile-de-France, associée à la fréquentation humaine, la présence de chiens en divagation est un facteur important de dérangement. La pollution des zones humides, le retournement des herbages et l’intensification de l’agriculture participent également à la réduction des surfaces propices à la nidification et l’alimentation » (Cahier d'habitats Natura 2000 - Oiseaux).
Répartition géographique
« En France, l’espèce est inégalement répartie et est même absente de beaucoup de régions. Les départements ou régions qui montrent les plus importants effectifs nicheurs sont la Somme, le Gard et les Bouches-du-Rhône, l’Ain, le Nord-Pas-de-Calais, la Côte d’Or, la Saône-et-Loire, l’Indre, la Lorraine, les Landes, le Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon » (Cahier d'habitats Natura 2000 - Oiseaux).
Réglementation
Statut juridique
- Statuts internationaux : Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS - Convention de Bonn) : Annexe II
- Statut européen : Espèce de faune strictement protégée Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe (Convention de Berne): Annexe II
- Statut communautaire : Annexe I - Directive Oiseaux (Directive 79/409/CEE), prise en compte dans les évaluations des incidences des sites Natura 2000 désignés pour l’espèce (Liste des zones de protection spéciale)
- Statut national : Espèce protégée - Arrêté ministériel du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection (article 3)
Réglementation: précisions
Arrêté du 29 octobre 2009 : article 3
L’arrêté concernant le Blongios nain interdit entre autres toute destruction intentionnelle des oeufs et des nids, ainsi que la destruction ou la perturbation intentionnelle des oiseaux. La protection de ses habitats (sites de reproduction et aires de repos) interdit toute intervention sur ces milieux particuliers à l'espèce et notamment tous types de travaux susceptibles de les altérer ou de les dégrader. Il est également interdit de détenir, de transporter ou de réaliser toute action commerciale avec des individus prélevés dans le milieu naturel.
Liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire et modalités de leur protection
Directive « Oiseaux » : annexe I
Le Blongios nain doit être pris en compte dans les évaluations d’incidences des sites Natura 2000 désignés pour l’espèce. Liste des zones de protection spéciale
Observation, étude et gestion
Méthodes de détection
Les individus sont très reconnaissables, il y a peu de chances de confusion notamment chez les mâles. Lorsqu’ils sentent un danger, ils se tiennent immobiles pour se fondre dans la végétation environnante. Ils sont plus facilement repérables au printemps pendant la compétition entre les mâles qui chantent et surveillent les rivaux.
Gestion : à savoir pour tout projet impactant les milieux concernés
- Se renseigner auprès des organismes scientifiques et techniques compétents (établissements publics, associations locales, fédération de pêche, associations naturalistes, bureaux d’études)
- Se rapprocher des services de l'État instructeurs de votre région (services chargés de l'environnement au sein des directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DRIEE en Île de France) ou au sein des directions départementales des territoires).
Informations complémentaires et références
Informations complémentaires
- Ministère de l'écologie, du Développement durable et de l’Énergie, 2012, Guide "espèces protégées, aménagements et infrastructures". 65p.
- Samraoui F., Nedjah R., Boucheker A., Alfarhan A.H. & Samraoui B., 2012. Breeding ecology of the Little Bittern Ixobrychus minutus in northeast Algeria. Bird Study 59, 496–503.
- Évaluation des incidences sur les sites Natura 2000, Centre de ressources Natura 2000.
- Numéro spécial sur le Blongios nain, L'Avocette, décembre 2009, n° 33
- Dubois P.J., Le Maréchal P., Olioso G. & Yésou P., 2008. Nouvel inventaire des oiseaux de France, Delachaux & Niestlé.
- Yeatman-Berthelot, D., Jarry, G., Société ornithologique de France (Eds.), 1995. Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France, 1985-1989. Société ornithologique de France, Paris, France.
Autres espèces protégées possédant des habitats similaires
- Rousserolle turdoïde, Acrocephalus arundinaceus (Linnaeus, 1758)
- Hibou des marais, Asio flammeus (Pontoppidan, 1763)
- Butor étoilé, Botaurus stellaris (Linnaeus, 1758)
- Busard des roseaux, Circus aeruginosus (Linnaeus, 1758)
Bibliographie - références
- Fiche projet – Hibou des marais - Cahiers d’Habitat « Oiseaux » - MEEDDAT- MNHN