Étude portant sur les conditions de réussite préalables à la décision de recours à une opération de renforcement de population du lynx boréal en France
Cette étude identifie et décline de manière opérationnelle les conditions de réussite techniques, réglementaires et sociales de toute opération de translocation visant au maintien ou à l’amélioration de la viabilité de la population de lynx boréal en France. Elle précise les principes à suivre et les éléments à inclure dans l’élaboration, la préparation, la mise en œuvre et le suivi de tout projet. Elle ne préjuge pas de la volonté d'avoir recours à une opération de translocation. Elle vient compléter sur ce sujet l'expertise scientifique collective sur la viabilité des populations de lynx boréal en France, réalisée sur saisine ministérielle par le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et l’Office français de la biodiversité (OFB).
Une étude adossée à une expertise collective sous saisine ministérielle
En mars 2022, le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et l’Office français de la biodiversité (OFB) ont été saisis par la ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires et la secrétaire d’État chargée de la Biodiversité pour :
- réaliser une expertise scientifique collective sur la viabilité à terme du lynx boréal en France et l’impact potentiel d’un renforcement (dite Esco),
- ainsi qu'étudier les conditions de réussite (techniques, réglementaires, sociétales) préalables à la décision de recours à une opération de renforcement de population (cette "Étude").
Des conclusions opérationnelles, pour cadre à tout renforcement potentiel
Périmètre et méthodologie
L’Étude s’inscrit dans l’esprit de tout projet de conservation : tirer les enseignements des expériences antérieures avant d’engager une action. Elle s’est notamment appuyée sur les recommandations les plus récentes de l'UICN en matière de translocation (IUCN/SSC 2013) et sur le travail du groupe Linking Lynx, qui conduira à la publication, en 2024, de nouvelles recommandations de l'UICN concernant toute translocation de lynx boréal en Europe occidentale et centrale.
À noter : l'étude a élargi le questionnement de la saisine aux translocations de conservation, qui désignent le déplacement intentionnel d'organismes vivants d'un site vers un autre afin d’améliorer l’état de conservation de l’espèce concernée et/ou de restaurer le fonctionnement de l’écosystème ciblé. Elles recouvrent les réintroductions et les renforcements de population, les colonisations assistées et les remplacements écologiques (IUCN/SSC 2013).
Les travaux ont poursuivi deux objectifs :
- identifier et décliner de manière opérationnelle les conditions de réussite techniques, réglementaires et sociales de toute opération de translocation visant à maintenir ou à améliorer la viabilité de la population de lynx boréal en France ;
- présenter les principes à suivre dès lors qu’un projet de translocation serait envisagé et les éléments à inclure pour la prise de décision et dans l’élaboration, la préparation, la mise en œuvre et le suivi de tout projet de translocation du lynx boréal en France.
Ces travaux ont été menés dans une perspective plus large de restauration des populations visant à permettre à l’espèce de poursuivre sa trajectoire évolutive avec des pressions anthropiques minimales.
Résultats
Les résultats de l’Esco soulignent la pertinence d’un renforcement, seul à même de réduire à long terme les effets de la dépression de consanguinité au sein de populations de lynx boréal en Europe occidentale. Cette étude complémetaire fournit une perspective complète sur les étapes nécessaires à la mise en œuvre d'un projet de renforcement de la population de lynx boréal en France, ou même de sa réintroduction, une fois la décision prise.
L'étude précise les conditions de réussite, nécessitant que ce renforcement soit :
- accompagné d’une amélioration significative de la connectivité intra et inter-populations et d’une réduction drastique des destructions légales et illégales,
- mené de manière ambitieuse, c’est-à-dire impliquant :
- une planification opérationnelle des phases d’analyse de faisabilité et d’évaluation des risques éclairée par le plein déploiement d’approches interdisciplinaires en écologie et en sciences humaines et sociales,
- et des coopérations internationales ;
- inscrit dans un cycle de gestion adaptative, défini au niveau international comme un processus itératif de réduction de l’incertitude par l’apprentissage qui, contrairement à son acception dans le droit français (article L425-16 du code de l'environnement), ne concerne pas uniquement la gestion des prélèvements des espèces exploitées ou régulées activement par ces prélèvements.
Pour tout projet de translocation, l'étude identifie 3 composantes incontournables à de mener conjointement :
- une étude de faisabilité,
- une évaluation des risques,
- et un suivi en amont et en aval du projet.
Toute décision de procéder ou non à une translocation doit être fondée sur les conclusions respectives de l’étude de faisabilité et de l’évaluation des risques.
Citations
Isabelle Arpin, Francois Sarrazin, Guillaume Bal, Nolwenn Drouet-Hoguet, Richard Dumez, et al.. Étude portant sur les conditions de réussite préalables à la décision de recours à une opération de renforcement de population du lynx boréal en France. Rapport final. OFB; MNHN. 2024, 91 p.
Isabelle Arpin, Francois Sarrazin, Guillaume Bal, Nolwenn Drouet-Hoguet, Richard Dumez, et al.. Étude portant sur les conditions de réussite préalables à la décision de recours à une opération de renforcement de population du lynx boréal en France. Résumé exécutif. OFB; MNHN. 2024, 16 p.
Aller plus loin
Expertise scientifique collective sur la viabilité des populations de lynx boréal en France | Ouvrage | décembre 2024
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