Deux campagnes d’analyse sur plusieurs centaines de molécules émergentes

Afin de lutter contre la contamination des milieux aquatiques par les micropolluants, le ministère en charge du développement durable avait lancé en 2010 un plan national d’actions sur quatre ans (2010-2013). Ce plan prévoiyait dans son action 16, la mise à jour régulière des listes de substances qui doivent faire l’objet d’une surveillance.
Par ailleurs, le plan national sur les résidus de médicaments publié le 30 mai 2011, prévoyait une campagne d’analyse exploratoire permettant de rechercher des résidus de médicaments dans les eaux.

Répondant à ces besoins, deux études aux approches légèrement différentes ont été lancées par la direction de l’eau et de la biodiversité (DEB) du MEDDE. Elles se fondent sur 2 campagnes d’analyse :

  •  Une première campagne en 2011 a porté sur les eaux souterraines en métropole,
  •  Une seconde campagne en 2012 a porté sur les eaux de surface continentales et les eaux littorales (métropole et en outre-mer) et les eaux souterraines dans les départements d’outre-mer.

Le principal objectif de ces études était d’acquérir des connaissances, représentatives à l’échelle nationale, sur la présence de "polluants émergents" ou de molécules trop peu surveillées aujourd’hui. Elles permettront en outre d’identifier les substances sur lesquelles il est nécessaire de développer les connaissances toxicologiques et écotoxicologiques et de développer des techniques analytiques adaptées. Elles contribueront également aux réflexions sur les futurs programmes de surveillance.

Les agences de l’eau, le ministère de l’écologie et l’Onema en ont assuré le financement.

Les prélèvements ont été réalisés sur un nombre de stations limité représentatives des différents types de pression -agricole – urbaine – industrielle et, s’agissant des eaux souterraines, en fonction des caractéristiques hydrogéologiques. Le rôle des préleveurs était essentiel, l’absence de contamination du matériel de prélèvement et les pratiques sur le terrain devant être particulièrement maîtrisées. AQUAREF, laboratoire national de référence pour la surveillance des milieux aquatiques s’est chargé de l’élaboration des prescriptions techniques pour les opérations de prélèvements et la réalisation des analyses.

Les résultats et retours d’expérience de ces deux études prospectives ont été analysés par les experts nationaux en 2013, et présentés au public à partir de début 2015.

 La campagne de 2011 portant sur les eaux souterraines en métropole

Le BRGM s’est vu confiées la préparation du cahier des charges techniques et l’analyse des résultats.

Deux campagnes successives ont été réalisées en 2011, une en « hautes-eaux » (mars-mai) et une en « basses eaux » (septembre-novembre). Les analyses ont été réalisées par des laboratoires privés utilisés en routine par les agences de l’eau pour la surveillance des eaux.

         Les molécules visées

La liste des substances candidates pour l’étude campagne exceptionnelle métropole eaux souterraine (ESO) a été élaborée par le BRGM, appuyé par l’Ineris pour les molécules émergentes.

406 des 650 molécules sélectionnées ont pu être analysées. Elles se répartissent dans 3 familles de substances :

  •   substances phytopharmaceutiques (pesticides) : 99 substances
  •   substances pharmaceutiques et autres émergents (médicament, produits de soins corporels, plastifiants..) : 217 substances
  •   substances dangereuses pour les eaux souterraines définies au niveau national comme demandé par la directive fille sur les eaux souterraines (arrêté du 17 juillet 2009-lien) : 90 substances

 

  Les molécules analysées dans les eaux souterraines en métropole

        Les points de prélèvement

Les stations de prélèvement ont été choisies avec les Agences de l’eau.

 

    Nombre de points par bassin

  Eaux souterraines

Adour-Garonne

107

Artois-Picardie

24

Loire-Bretagne

140

Rhin-Meuse

28

Rhône-Méditerranée

102

Seine-Normandie

103

TOTAL

504

La campagne de 2012 sur les eaux de surface dans les DOM et en métropole et portant sur les eaux souterraines dans les DOM

La démarche de cette étude diffère quelque peu de la précédente. Comme dans l’étude de 2011, l’acquisition de connaissance sur les substances émergentes reste un objectif majeur ; mais il est cette fois question de disposer aussi de données complémentaires sur certaines molécules déjà surveillées avec des modalités de prélèvements ou d’analyses insatisfaisantes ; et également de capitaliser des connaissances sur des techniques analytiques de pointe à adapter par la suite pour la surveillance de routine.

En pratique les analyses de cette étude ont été réalisées par des laboratoires publics de recherche, choisis pour leurs performances en matière de quantification afin qu’elles soient en adéquation avec les données toxicologiques et écotoxicologiques disponibles pour interpréter les résultats.

L’Onema a été désigné maître d’ouvrage et assure la plus grande partie du financement. Il s’est appuyé sur des opérateurs publics (INERIS, BRGM et IFREMER) pour en assurer la mise en œuvre technique.

AQUAREF a été chargé de l‘animation des travaux relatifs aux analyses avec les équipes de recherche impliquées.

Trois campagnes successives réalisées sur la matrice eau et une sur la matrice sédiment ont été mises en oeuvre entre avril et novembre 2012 sur les cours d’eau. Une campagne est également menée sur des plans d’eau.

         Les molécules visées

La liste des substances candidates pour l’étude prospective eaux de surface (ESU) a été élaborée par un comité national d’experts.

Sur 2400 molécules, 186 ont été sélectionnées et constituent plusieurs familles de polluants émergents : pesticides, médicaments, produits de soins corporels, plastifiants,...

S’agissant des DOM parallèlement à cette campagne sur les eaux de surface, les eaux souterraines (ESO) sont également investiguées. La liste des molécules qui sont analysées dans les eaux souterraines (192 molécules) a été définie par le BRGM en collaboration avec l’INERIS. Cette liste n’est pas la même que celle des eaux de surface, toutefois on enregistre une cinquantaine de molécules communes aux 2 listes. Voir les listes de molécules classées par catégories d’usage

  Les molécules analysées dans les eaux de surfaces

  Les molécules analysées dans les eaux souterraines dans les DOM

 

        Les points de prélèvements

Les stations de prélèvement ont été choisies avec les Agences de l’eau pour la métropole et avec les Offices de l’eau pour les Dom.

 Métropole

 
    Nombre de points par bassin
  Cours d’eau Plan d’eau

Adour-Garonne

26

4

Artois-Picardie

4 0

Loire-Bretagne

30

5

Rhin-Meuse

8

2

Rhône-Méditerranée

31

5

Seine-Normandie

16

2

  115 points sur cours d’eau    18 points en plans d’eau    25 points en eau littorales

 Départements d’outre-mer

 
    Nombre de points par DOM
  Cours d’eau Plan d’eau Eaux littorales Eaux sous-terraines

Mayotte

5

0

4

3

Guadeloupe

5

0

5

10

La Réunion

4

2

5

8

Martinique

5

0

4

9

Guyane

4

1

5

10

 

Aller plus loin

 PARTENARIAT R&D