Point d'étape 2010 : mise en oeuvre du plan national de gestion
Après avoir subi un brusque effondrement dans les années 80, la population d’anguilles européennes a poursuivi son déclin et est aujourd’hui en danger critique d’extinction. L’espèce a bénéficié dès 2009 des premières mesures du plan national de gestion de l’anguille qui répond au règlement européen adopté en 2007. L’Onema s’est activement mobilisé aux côtés de nombreux acteurs. L’objectif : reconstituer le stock d’anguilles européennes.
Le plan national de gestion de l’anguille, approuvé par la Commission européenne en février 2010, s’attaque aux diverses causes du déclin de l’anguille, aujourd’hui en voie de disparition : circulation entravée du fait de nombreux aménagements sur les cours d’eau, dégradation des habitats, pollution des eaux et des sédiments, pêche et braconnage.
Piloté par les ministères en charge de la pêche et du développement durable, il résulte d’une concertation avec les pêcheurs professionnels et amateurs, les hydroélectriciens, les associations de protection de l’environnement, les services de l’État, les agences de l’eau, les EPTB et l’Onema. Ce dernier a fortement contribué à élaborer la feuille de route du plan national et à préciser le rôle de ses services, des services déconcentrés de l’État et des agences de l’eau dans la mise en oeuvre du plan.
Une réduction progressive des efforts de pêche et des mesures pour faciliter la circulation des anguilles
Parmi les mesures appliquées dès 2009, des quotas pour la pêche des civelles ont été attribués par bassin hydrographique, la saison de pêche a été réduite pour l’anguille jaune et la pêche à l’anguille argentée quasi interdite. Les taux admissibles de capture de civelles ont été proposés par un comité scientifique piloté par l’Onema et impliquant le Cemagref, l’Inra et l’Ifremer. Les déclarations journalières obligatoires permettent de suivre au jour le jour l’évolution du quota. Les données concernant la pêche en eau douce sont publiées quotidiennement sur le site internet de l’Onema.
Concernant les obstacles sur les cours d’eau, l’Onema, les agences de l’eau et les missions inter services de l’eau (Mise) ont défini une zone d’action prioritaire dans laquelle 1 555 obstacles devront être rendus franchissables pour l’anguille, d’ici cinq ans. Un programme de recherche, piloté par l’Onema et co-financé par les producteurs d’hydroélectricité, est consacré à améliorer les équipements hydroélectriques pour faciliter la migration des anguilles.
Enfin, un séminaire organisé par l’Onema et le ministère en charge du développement durable pour les gestionnaires, scientifiques et techniciens, a permis de partager les actions phares en faveur de la circulation de l’anguille. Des actions ont déjà été entreprises sur le terrain : diagnostics de continuité, diagnostics de l’évaluation de l’effet cumulé des ouvrages hydroélectriques, suivi de l’arrêt de turbinage, expériences de mises en place de grilles fines, évaluation de la stratégie migrateurs sur le Rhône.
Assurer le suivi des populations et renforcer les contrôles
Les inventaires réalisés sur les 1 500 stations du réseau de contrôle et de surveillance au titre de la DCE et d’autres stations permettront d’évaluer les stocks et la répartition des anguilles et de détecter les pathologies. Un réseau de rivières « index » permettra d’évaluer les civelles entrant sur le territoire français et le nombre d’anguilles argentées qui repartent vers la mer. Ainsi, les données de la station observatoire de l’Onema située à Eu (76) sur la Bresle indiquaient que le flux montant des civelles a baissé d’un facteur trois à quatre sur les quinze dernières années de suivi.
Le plan de gestion sera accompagné d’un renforcement de la police de l’eau et des milieux aquatiques. Le plan prévoit ainsi de renforcer les plans de contrôle en matière de continuité écologique et de lutte contre le braconnage de la civelle et de l’anguille.
Contacts :
benedicte.valadou@afbiodiversite.fr
laurent.beaulaton@afbiodiversite.fr
La pêche : l’instauration de quotas de capture de civelles, l’encadrement renforcé de la pêche de l’anguille jaune et l’interdiction partielle de la pêche de l’anguille argentée permettent une limitation des prélèvements.
Les ouvrages : la définition d’une zone d’action prioritaire et les procédures de classement des cours d’eau imposent l’aménagement d’obstacles tant à la montaison qu’à la dévalaison, favorisant ainsi la restauration de la libre circulation des espèces.
Le repeuplement : le transfert de civelles pêchées vers des secteurs favorables afin qu’elles puissent y croître est une disposition expérimentale devant contribuer au rétablissement des stocks.
Le suivi et l’évaluation : le programme de suivi mis en place permettra accroître les connaissances, d’évaluer l’efficacité des mesures et de les ajuster aux besoins.
Septembre 2010
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