Les perturbations : incendies, pollutions et maladies

Depuis quelques décennies, une augmentation des risques d’incendies de grande ampleur est observée, notamment dans les régions méditerranéennes où la végétation combustible augmente en raison du recul des activités pastorales. Les espaces naturels protégés méditerranéens sont particulièrement touchés par ce phénomène. 

D’autres perturbations peuvent intervenir en milieu terrestre, mais également en milieu aquatique. C’est notamment le cas de la pollution des cours d’eau, provoquée par les activités agricoles ou minières. L’émergence ou la ré-émergence de maladies, notamment à la faveur des changements globaux, de transferts d’espèces animales et végétales ou d’introductions accidentelles d’animaux ou de plantes exotiques, constituent également une forte menace potentielle pour la conservation de la biodiversité. 

Ces perturbations ont des conséquences importantes sur la faune et la flore. La dynamique de récupération des populations après ces perturbations dépend largement des traits d’histoire de vie des espèces considérées : longévité, fécondité et capacité de déplacement. Connaitre ces différentes trajectoires est essentiel pour mettre en place des mesures de gestion post-perturbations adaptées et évaluer leurs effets.

Travaux en cours

Dynamique de reconquête de la faune et la flore après incendie sur le Cap Lardier (PN de Port-Cros)

Filet Coco
Reconquête de la végétation après incendie © T. Couturier

Le Cap Lardier a subi un incendie sur plus de 500 ha les 24 et 25 juillet 2017. Les impacts directs (mortalité) sur la faune et la flore ont été potentiellement importants et ont pu mettre en péril certaines populations d’espèces à forts enjeux de conservation. 

Le Parc national de Port-Cros a entrepris de mettre en place certaines mesures de gestion directement après le passage du feu afin de favoriser la reconquête par certaines espèces, notamment végétales. D’autres mesures de gestion pourraient être déployées dans les prochaines années, voire déclinées sur d’autres espaces incendiés si elles s’avèrent efficaces.

Il est donc important de comprendre les processus de reconquête des zones brûlées par différents taxons de faune et flore. La tortue d’Hermann, en tant qu’espèce patrimoniale, longévive, et fortement impactée par les incendies, est étudiée prioritairement. Les dynamiques de recolonisation de la végétation, des communautés d’orthoptères et des fourmis ont par ailleurs été comparées dans des sites gérés et témoins en cœur de zone incendiée. 

Livrable

Dynamique de reconquête de la faune et de la flore après incendie du Cap Lardier dans le Parc national de Port-Cros | Rapport d'étude | octobre 2019

En 2017, plus de 500 hectares du Parc national de Port-Cros ont été touchés par un incendie. Ce rapport porte sur la mise en place de protocoles visant à étudier les impacts immédiats sur la survie et l’extinction de la tortue d’Hermann et à suivre son processus de recolonisation ; et à suivre les effets des mesures de lutte contre l’érosion sur la régénération de la végétation, les communautés d’orthoptères et de fourmis. Il justifie les choix méthodologiques réalisés et propose un cadre pour le recueil, le stockage et l’analyse des données.
Couturier T., Geoffroy D., Jailloux A., Besnard A., 2019. Coopération AFB-CEFE. 49 pages.

Rapport Incendie Cap Lardier

Processus d’extinction et de recolonisation des cours d’eau par la Loutre géante en lien avec l’orpaillage (Parc amazonien de Guyane)

L'activité minière connait une croissance exponentielle depuis la fin du siècle dernier sur le plateau des Guyanes. Les écosystèmes d’eau douce sont fortement impactés par ces opérations minières, avec une déstructuration de certaines communautés telles que celle des poissons. Toute la chaîne trophique peut alors être affectée. 

Loutre géante d'Amazonie
Loutre géante d'Amazonie © C. Moulin

C’est notamment le cas de la Loutre géante d’Amazonie (Pteronura brasiliensis), à son sommet, dont certaines populations peuvent disparaître. Outre la diminution des ressources en proie, la perturbation de l’activité de chasse en raison de la turbidité de l’eau ou l'intoxication par le mercure sont d’autres menaces possibles. Après l'arrêt des perturbations, cette espèce a cependant la capacité de recoloniser les zones où elle s’est éteinte. 

Un protocole basé sur la collecte d’indices de présence de l’espèce (observations visuelles, présence de traces et de crottes) est appliqué sur les cours d’eau du Parc Amazonien de Guyane afin de suivre et prédire les processus d’extinction-colonisation de l’espèce. Ceci permettra de mieux anticiper sur les perturbations et leurs impacts et proposer des mesures de conservation adéquates. 

Publication prochaine du rapport.