Érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala)

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Office français de la biodiversité (OFB)
Éditeur(s)
Office français de la biodiversité (OFB)
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Fiche espèce
Statut de l'espèce
évaluée
menacée
protégée
réglementée
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L'Érismature à tête blanche est une espèce menacée de canard plongeur, reconnaissable également à son bec renflé à la base, qui vire au bleu chez les mâles en période de reproduction. Habituée des lacs, elle est considérée comme espèce nicheuse disparue en France.

Fiche d'identité

Nom

  • latin : Oxyura leucocephala (Scopoli, 1769)

ClassificationChordata / Aves / Ansériformes / Oxyurinae

Statuts de conservation (listes rouges UICN) :

Statut réglementaire : espèce protégée

Réglementation

Morphologie
Image
Érismature à tête blanche mâle en Algérie, 2020 (aissadjamelfilali, CC-BY-SA-42.0)


Poids : 510-900g

Taille

  • Envergure : 62 à 70 cm
  • Longueur : environ 48 cm

Caractéristiques : " Petit canard rondelet, à la silhouette typique, ramassée et légèrement « voûtée » (surtout le mâle adulte), l’Érismature à tête blanche a le corps brun chaud, à reflets plus ou moins roussâtres, la tête blanche, avec une petite calotte noire. Du noir est également présent à la base du cou, mais peu visible. Le bec, renflé à la base, est bleu pâle en période nuptiale, gris-marron en plumage d’éclipse. Le mâle et la femelle ont une longue queue effilée, souvent tenue à 45° au-dessus de l’eau. " (Cahier d'habitats Natura 2000 - Oiseaux).

Distinction mâle / femelle principalement par les couleurs de la tête :

  • mâle : tête blanche surmontée d’une couronne noire, cou noir et bec bleu en période nuptiale,
  • femelle : tête et joues brunâtres barrées de raies noires, barre blanche sous l’œil.
    Image
    Érismature rousse en Isère (Philippe Massit)
    Érismature rousse mâle, bec non renflé, tête plus noire

Distinction jeunes / adultes : les jeunes de première année ressemblent à la femelle, hormis :

  • la couleur de leurs joues : plus grise que celle des femelles,
  • leurs sous-caudales de couleur beige pâle.

Confusion possible des érismatures à tête blanche sont suffisamment rousses avec l'Érismature rousse (Oxyura jamaicensis), qui se distingue par :

  • ses front, couronne et nuque noirs, et donc une surface de noir à la tête plus importante,
  • des couvertures sous-caudales blanches,
  • son bec n'est pas renflé à la base, contrairement à l’Érismature à tête blanche,
  • sa taille légèrement plus petite.

Habitat

Image
Érismature à tête blanche mâle en Espagne, 2017 (MdeVicente, CC0)

Une espèce plongeuse de plan d'eau

Les érismatures à tête blanche volent mal et passent la plupart de leur temps sur l’eau. Elles fréquentent les lacs de plaine à eau profonde, lagunes saumâtres et occasionnellement plans d'eau artificiels, avec une végétation abondante (roselière).

"Excellente plongeuse, cette érismature a besoin de larges superficies d’eau libres et d’une végétation rivulaire dense où pouvoir bâtir son nid. Cependant elle choisit fréquemment pour nicher de petits plans d’eau. En Espagne, elle vit aussi sur des lagunes ou de petits lacs d’eau douce, fréquentant, à l’occasion, des milieux plus saumâtres en période internuptiale." (Cahier d'habitats Natura 2000 - Oiseaux).

Des habitats différents selon la saison

  • En période reproduction : lacs et de lagons saumâtres bordés de végétation herbacée émergente.
  • En hiver : lacs plus vastes et dégagés mais toujours entourés de végétation palustre.

Cycle de vie (alimentation, reproduction, paramètres démographiques...)

Alimentation : omnivore

  • Image
    Érismature à tête blanche femelle en Espagne, 2005 (Ferran Pestana, CC-BY-SA-2.0)
    Petits invertébrés et plus particulièrement larves d’insectes comme celles de chironomes Chironomus sp., crustacés et mollusques.
  • Végétaux (parties végétatives des Potamogeton et de Ruppia notamment) et graines.

Reproduction : espèce polygyne

En effet le mâle forme un couple avec plusieurs femelles. La femelle bâtit seule son nid. Les jeunes sont nidifuges, quittant le nid dès l'éclosion : ils suivent ainsi la femelle dès leur naissance.

  • Une ponte par an, comportant 5 à 10 œufs
  • Incubation : 25 à 26 jours
  • Envol : intervient à l’âge de 8 à 9 semaines

Comportement (mode de vie, domaine vital)

Un comportement social alternant couple et groupe

L'Érismature à tête blanche est grégaire en période inter-nuptiale et forme des couples plus ou moins lâches en période de reproduction.

L’espèce peut également être observée avec d’autres canards plongeurs, notamment les fuligules Aythya sp. Les petits groupes passent alors facilement inaperçus dans les grandes bandes de Fuligules milouins A. ferina.

Une espèce migratrice au comportement méconnu

Les routes migratoires restent mal définies, avec des comportements qui semblent différents entre les populations.

  • La population européenne (principalement espagnole) migre très peu. Après la période de reproduction, les individus se retrouvent sur un même lac.
  • Pour les autres populations plus à l'est en Asie, de larges regroupements d’individus sont observés en automne et durant l'hivernage sur les grandes pièces d'eau :
    • à partir de février : retour vers les sites de reproduction, avec un pic migratoire de fin avril à début mai,
    • mi-septembre : migration vers le site d’hivernage.

Des flux de migrations sont probables entre la population résidente en Espagne et au Maroc et celle en Tunisie et Algérie (voir Répartition).

Interactions écologiques et avec les activités humaines

Les populations sont soumises à des pressions différentes induites par les activités humaines

La population orientale est menacée par :

  • la modification et la destruction des habitats (zones humides),
  • ainsi qu'une surexploitation par la chasse et le braconnage.

En Espagne, elle est menacée par :

  • la raréfaction de son habitat humide,
  • et par l’expansion de l'érismature rousse (Oxyura jamaicensis), échappée de captivité depuis la Grande-Bretagne dans les années 1950. Le mâle d’Érismature rousse a un avantage compétitif et s’hybride avec O. leucocephala. L’érismature rousse bénéficie d’un plan européen d’éradication piloté en France par l’OFB. Sa gestion est passée par la mise en place d’un projet Life spécifique, le Life Oxyura.

Répartition géographique et situation de l'espèce

Une répartition géographique mal connue

Malgré le manque de connaissances sur la répartition des populations de l’Érismature à tête blanche, 4 populations sont supposées, de la Méditerranée occidentale aux steppes d’Asie :

  • 2 populations migratrices :
    • une petite et sur le déclin dans l’est de l’Asie,
    • une nicheuse surtout en Asie centrale et hivernante au Moyen-Orient, en Europe de l’Est et jusqu’à la Grèce;
  • 2 populations résidentes :
    • en Espagne et au Maroc,
    • en Tunisie et Algérie.

Des populations fragiles

L’Érismature à tête blanche a une distribution fragmentée en 3 populations s’étendant de la Méditerranée occidentale aux steppes d’Asie centrale.

Les 2 populations les plus orientales sont les plus importantes, or leur effectif a fortement chuté. Il est passé d’environ 100 000 individus dans les années 1930 à moins de 15 000 en 2000. Ces populations subissent les effets conjugués de la pression de chasse excessive, de la dégradation des zones humides par assèchement, de la pollution et des sécheresses. Néanmoins, 20 000 individus ont été dénombrés au Kazakhstan en 2016, laissant supposer une sous-estimation des effectifs.

La population occidentale, résidente, niche principalement en Espagne et plus occasionnellement en Afrique du Nord, du Maroc à la Tunisie. Cette population a frôlé l’extinction avec seulement 22 individus en 1977. Elle a bénéficié en Espagne de mesures de conservation efficaces consistant à protéger ses habitats de la destruction et à interdire la chasse. Actuellement, la population espagnole oscille entre 1 600 et 2 500 individus. La population d’Afrique du Nord est de l’ordre de 400 à 600 oiseaux et semble stable.
À noter : les Érismatures rousses évoluant en France peuvent entrer en contact avec cette population.

En France

L'Érismature à tête blanche était autrefois un nicheur sédentaire en Corse et un migrateur très accidentel en hiver sur le continent. L’espèce a niché dans le sud de la Corse à la fin du 19e siècle, ainsi qu’à Biguglia en Haute Corse jusqu’en 1966. La destruction de ses habitats et le braconnage ont été les principaux facteurs à l’origine de sa disparition comme nicheur.

Depuis la fin des années 1980, les observation sont en recrudescence en France. Par exemple, l’espèce est désormais notée quasi annuellement avec un effectif exceptionnel de 12 oiseaux entre septembre 2000 et janvier 2001, à Grand-Lieu (44). Ces observations plus fréquentes sont probablement à mettre en lien avec l’accroissement de la population espagnole. Elles se situent surtout en période hivernale, principalement dans la moitié ouest du pays.

Réglementation

Statut juridique

Réglementation : précisions

Arrêté du 29 octobre 2009 : article 3

L’arrêté interdit entre autres toute destruction intentionnelle des oeufs et des nids, ainsi que la destruction ou la perturbation intentionnelle des oiseaux. La protection de ses habitats (sites de reproduction et aires de repos) interdit toute intervention sur ces milieux particuliers à l'espèce et notamment tous types de travaux susceptibles de les altérer ou de les dégrader. Il est également interdit de détenir, de transporter ou de réaliser toute action commerciale avec des individus prélevés dans le milieu naturel.

Liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire et modalités de leur protection

Directive « Oiseaux » : annexe I

L'espèce doit être prise en compte dans les évaluations d’incidences des sites Natura 2000 désignés pour l’espèce.

Observation, étude et gestion

Cette espèce ne fait pas l'objet d'études spécifiques de la part de l'OFB, mais est indirectement concernée par des mesures d'anticipation de la menace que pose l'Érismature rousse (voir partie Interactions).

Informations complémentaires et références

Informations complémentaires

Bibliographie - références

Périmètre du document
Emprise géographique
Nationale
Zone
France hexagonale
Langue du document
Français
Cadre réglementaire
Directive Oiseaux (DO)
Milieux
Milieux de transition
Milieux littoraux
Milieux aquatiques continentaux
Milieux humides
Groupes d'espèces
Oiseaux
Domaines d'action
Données et connaissances
Communication et sensibilisation