Gestion écologique des emprises de lignes électriques haute tension dans les forêts des Ardennes
Le Parc naturel régional des Ardennes propose un retour sur une expérience de gestion alternative de la végétation sous les lignes hautes-tensions, débutée en 2018 et ayant donné naissance au projet Pieesa, porté par le PNR des Ardennes et financé par le Réseau de transport d'électricité et l'Ademe. À juin 2023, le projet a permis de restaurer 100 ha de corridors écologiques dans les emprises de lignes électriques ardennaises.
Spécificités de cette expérience : thème d’activité Energies, ampleur de l'opération.
Un retour d'expérience du réseau Sinapce
Cette analyse est issue site du réseau national Sinapce, valorisant des démarches de sites innovants pour des activités en aires protégées compatibles avec les enjeux écologiques.
Le territoire du PNR Ardennes a la particularité d’accueillir à Givet le centre nucléaire de production d’électricité de Chooz, point de départ d’un réseau important de lignes électriques à haute tension. Ce réseau représente une longueur de 273 kilomètres sur une largeur d’environ 20 à 80 mètres selon les lignes électriques. Parmi elles, on compte 140 kilomètres de zones de déboisement, où, pour la mise en sécurité des lignes, il est nécessaire de limiter la hauteur de la végétation.
Le projet Life ELIA-RTE a révélé que des aménagements sous les lignes pouvaient être rentabilisés entre 6 à 12 ans par rapport à un gyrobroyage classique. Par rapport à une situation d’entretien « classique » (coupe complète et régulière par gyrobroyage), investir dans des aménagements à végétation basse est positif pour la biodiversité, pour RTE et pour les parties prenantes locales, qui ne voient plus les tranchées forestières régulièrement coupées.
Le projet PIEESA, « Pour une infrastructure énergétique écologique sûre en Ardenne », coordonné par le PNR Ardennes et financé par RTE (Réseau de Transport d’Électricité) et l’Ademe entre 2018 et 2021, avait pour objectif la mise en place, à long terme, de méthodes alternatives et innovantes de gestion de la végétation sous les lignes électriques à haute tension. Les aménagements réalisés s’inscrivent dans une approche globale permettant de recréer des réservoirs de biodiversité et des corridors écologiques .
Le projet PIEESA s’est terminé en septembre 2021. A l’issue de ces 3 ans, 100 ha d’emprises sous les lignes à haute tension ont été aménagés en faveur de la biodiversité. Le bilan relationnel est majoritairement très positif sur la majorité des sites, le projet ayant permis de créer un dialogue constructif entre RTE et les riverains.
Le projet a également permis de renforcer la mobilisation entre les acteurs à travers la signature de 9 conventions auprès d’une quinzaine de parties prenantes.
Le projet s'est déroulé en 5 grandes étapes. Une première phase d'identification des sites et d'accords communs entre les parties prenantes, une phase d'inventaires écologiques, une phase de stratégies d'actions (plan d'aménagement, de gestion et convention de gestion), une phase de travaux et enfin une phase d'entretien.
Une description technique exhaustive de chaque aspect du projet est impossible car celui s'étend sur plusieurs axes écologiques. On retrouve parmi les aménagements fait : la création et la restauration de lisières arbustives, qui s'est faites à l'aide d’essences végétales locales de faibles hauteurs favorisant les connexions entre les milieux forestiers et ouverts. Des prairies fleuries ont été mise en place, fournissant notamment des zones d’alimentation et de protection pour les insectes pollinisateurs. Les zones auparavant gyrobroyées sont maintenant entretenus par pâturage ou fauche. Un réseau de mares a été créé. Le projet a aussi veiller tant que possible a lutter contre les espèces végétales exotiques envahissantes. Enfin, certains sites ont été sélectionnés pour la plantation de fruitiers sauvages (pommiers, poiriers, néfliers…) constituant une réserve génétique (vergers conservatoires).
Plus de détails sont disponibles sur la fiche complète de retour d’expérience téléchargeable en haut de page, incluant entre autres :
- des précisions sur les enjeux de biodiversité principalement concernés par la recherche de compatibilité,
- le détail des actions menées autour de la problématique,
- le cadre dans lequel sont conduites les actions,
- le coût,
- les acteurs impliqués et la gouvernance du site,
- l'apport du statut d'aire protégée à la démarche,
- le potentiel de transférabilité des actions menées (au regard des publics intéressés, du nombre de territoires concernés et des enjeux actuels)