Dispositif de traitement des effluents de production fromagère en estive dans les Pyrénées
Le Parc national des Pyrénées propose un retour sur une expérience de traitement des effluents de production fromagère en estive débutée en 2017. Une collaboration entre les institutions du territoire (Départements, Région, Parc national, Agence de l'eau...) et des experts en assainissement a été mise en place afin d'offrir aux éleveurs une solution simple, robuste et efficace pour traiter le lactosérum quand ils sont en estives. Cette assainissement des effluents permet de maintenir dans un état de conservation favorable les pelouses et ruisseaux alentours, ces derniers étant particulièrement sensible à la pollution organique.
Spécificités de cette expérience : thème d’activité Pastoralisme, innovation technologique dans le traitement du lactosérum.
Un retour d'expérience du réseau Sinapce
Cette analyse est issue site du réseau national Sinapce, valorisant des démarches de sites innovants pour des activités en aires protégées compatibles avec les enjeux écologiques.
Le lactosérum, sous-produit issue de la fabrication de fromages, est souvent épandu sur des prairies ou rejeté en milieu naturel. Il est pourtant source de plusieurs pollutions.
Il existe des solutions permettant de le valoriser, mais qui sont peu utilisées ou difficiles à mettre en oeuvre dans le contexte montagnard (méthanisation, greuil, fabrication de poudre de lait, alimentation des cochons). Cette diversité d’usage illustre bien que le lactosérum est parfois une vraie ressource mais qui n’est pas forcément évidente à valoriser, surtout dans un contexte de fabrication en estive.
Les institutions du territoire ont émis le souhait de réaliser un programme expérimental avec des exploitations partenaires afin d’assurer un traitement du lactosérum avant épandage ou rejet pour diminuer considérablement sa charge en polluants. Le but de cette démarche est d’offrir une solution technique supplémentaire et sans obligation pour les exploitants. A terme, l'un des objectifs des institutions est de rendre ce dispositif d’assainissement du lactosérum avant rejet éligible aux dispositifs PDRA des ateliers de transformation à la ferme ou à toute autre subvention possible.
Le premier comité de pilotage a eu lieu en 2017 et a validé 2 programmes expérimentaux : un pour les sites en plaines et un pour les sites d’estives. Les 2 années suivantes ont été consacrées à la conception des dispositifs de traitement et à la réalisation d’études préalables. Dans les zones d’estives du Parc national, 3 cabanes ont été diagnostiquées puis 2 ont été équipées (la Hosse et Lurbe). Les travaux d’installation des dispositifs et les premières analyses se sont déroulés en 2020 et 2021. 2023 sera la dernière année d’inventaire de la biodiversité du ruisseau attenant la cabane de la Hosse.
La démarche consiste en la création et l'installation d’un système d’épuration par bactéries fixée sur lit de compost, déjà éprouvé en Suisse. Ce dispositif est relativement rustique et autonome, avec une bonne tenue pour dans le temps (usage saisonnier) et une bonne capacité épuratoire mais qui nécessite une veille de l’usager. Il est nécessaire de mettre en hivernage le dispositif pour le passage de l’hiver, ce qui entraîne des interventions ponctuelles mais chronophage.
Afin de s'assurer de son efficacité, 2 types de suivis ont été mise en place, l’un portant sur la qualité des effluents après assainissement pour tous les sites équipés, et l’autre, sur un seul site (la Hosse), sur la qualité écologique du milieu récepteur (ruisseaux).
Le premier suivi, sur la qualité des rejets des systèmes d’assainissement, a duré 2 ans. Il a ciblé la mesure des paramètres physico-chimiques suivants : DBO5, DCO, pH, Orthophosphate, Azote Kjedhal et matières en suspension ainsi que la mesure des débits entrants (quantité de lactosérum produite et injectée) et sortants (quantité restituée au milieu naturel ou évaporé).
Le second suivi, sur la qualité écologique du milieu récepteur (ruisseaux de la Hosse) a consisté en un inventaire de la biodiversité 2 ans avant l’installation du dispositif, puis 2 ans après l’installation et enfin 4 ans après. L’inventaire portait principalement sur la macro-faune benthique.
Plus de détails sont disponibles sur la fiche complète de retour d’expérience téléchargeable en haut de page, incluant entre autres :
- des précisions sur les enjeux de biodiversité principalement concernés par la recherche de compatibilité,
- le détail des actions menées autour de la problématique,
- le cadre dans lequel sont conduites les actions,
- le coût,
- les acteurs impliqués et la gouvernance du site,
- l'apport du statut d'aire protégée à la démarche,
- le potentiel de transférabilité des actions menées (au regard des publics intéressés, du nombre de territoires concernés et des enjeux actuels)