La gestion adaptative des espèces

La gestion adaptative des espèces, des habitats et des prélèvements est basée sur une réglementation définie en fonction d'objectifs croisés avec les données annuelles, traduites en modèles mathématiques. La stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) est venue récemment confirmer un engagement fort des pouvoirs publics en faveur de la gestion adaptative.

Qu'est ce que la gestion adaptative ?

Objectif : réglementer selon les connaissances sur les populations

Définition détaillée issue de la référence Allen, Craig R., Garmestani, Ahjond (Eds.) 2015. Adaptive Management of Social-Ecological Systems. Springer NL. 264 pp.

« La gestion adaptative est une approche de la gestion des ressources naturelles qui met l'accent sur l'apprentissage par la gestion lorsque les connaissances sont incomplètes et que, malgré l'incertitude inhérente, les gestionnaires et les décideurs doivent agir.
Contrairement à une approche traditionnelle par la méthode essai-erreur, la gestion adaptative propose une structure explicite, comprenant l’élucidation minutieuse des objectifs, l'identification de scénarios de gestion alternatifs et des hypothèses de causalité, ainsi que des procédures de collecte de données suivies des phases d’évaluation et de réitération.
Le processus est itératif et sert à réduire les incertitudes, à renforcer les connaissances et à améliorer la gestion au fil du temps dans un processus structuré et objectifs-orienté. »

Quelle mise en pratique ?

En Amérique du Nord, la gestion adaptative des oiseaux d’eau a fait ses preuves depuis plus de 20 ans.
En Europe, l’Accord international sur la conservation des oiseaux d’eau d’Afrique et d’Eurasie (AEWA) a engagé un processus de gestion adaptative des populations d’oies auquel la France participe très activement.
Cette approche est par ailleurs déjà appliquée en France sur certaines des populations d’oiseaux et mammifères sédentaires chassés.
Les travaux de l’OFB et de ses partenaires sur la connaissance des populations et de leur fonctionnement jouent un rôle central dans ces procédures de gestion.

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Le fonctionnement en “double boucle” de la gestion adaptative des prélèvements :

  • les données collectées chaque année sont utilisées pour définir la réglementation cynégétique de la saison suivante (boucle bleue),
  • en fonction des objectifs de gestion révisés collectivement à intervalle de quelques années (boucle verte).

D’après Guillemain, M. & Bacon, L. 2019. La gestion adaptative des Anatidés. Alauda.

Ressources

Gestion adaptative : pour une gestion concertée des espèces, de leurs habitats et de leur exploitation | Rencontres-synthèse | juillet 2024

S'appuyant sur le témoignage d'experts internationaux, cet ouvrage propose un état des connaissances sur la gestion adaptative. Son ambition : contribuer à une mise en œuvre partagée entre tous les acteurs en France, pour gérer les prélèvements d’espèces et les écosystèmes, et plus largement pour faciliter la coexistence entre les activités humaines et la biodiversité.

RS_2024_Gestion adaptative_couv

Forêts et ongulés sauvages - Favoriser une gestion adaptative | Cahiers techniques | janvier 2016

Cet ouvrage propose un état des connaissances pour mieux comprendre la place des ongulés dans l'écosystème forestier et des outils d'aide à la décision pour la mise en place d'une gestion concertée et intégrée des ongulés et des ressources sylvicoles.

 ONCFS_Cahiers_techniques_Forets-ongules_2016_couv

Bibliographie

  • Guillemain, M. & Bacon, L. 2019. La gestion adaptative des Anatidés. Alauda, p17-24.
  • Bacon, L. & Guillemain, M. 2018. La gestion adaptative des prélèvements cynégétiques. Faune Sauvage, n°320, p4-9.
  • Mathevet, R. & Guillemain, M. 2016. Que ferons-nous des canards sauvages ? Chasse, nature et gestion adaptative. Editions Quae, Versailles.

Le Comité d’experts de la gestion adaptative

Le Comité d’experts sur la gestion adaptative (Cega) est créé dans le cadre d'une nouvelle approche sur la gestion des espèces chassées. Il est placé auprès du ministre en charge de la gestion adaptative.
Le comité est accompagné dans son travail par une plateforme de Gestion adaptative composée de 2 agents mis à disposition par l’OFB et le MNHN pour préparer les dossiers.

Rôle : appuyer la gestion par l'étude démographique

Sa mission principale est d’étudier les effets de toute forme de gestion relative à des populations d’espèces chassées, avec un focus particulier sur les prélèvements cynégétiques et sur la dynamique des populations des espèces chassées en France.

Pour cela, le Cega développe avec la plateforme de gestion adaptative des modèles démographiques de nature intégrative et prédictive fondés sur les meilleures données disponibles. Ces données intègrent notamment :

  • des estimations d’effectifs à différentes échelles régionales jusqu’à trans-nationales, sur des voies de migration par exemple),
  • la reproduction,
  • les processus de densité-dépendance (via la survie, la fécondité ou l’immigration),
  • la nature des prélèvements (nombre, âge, sexe et origine biogéographique des animaux tués à la chasse) comme le mode,
  • ou d’autres sources de mortalité (compensatoire ou additive).

Textes officiels

Ses missions et son fonctionnement sont précisés dans un décret (TREL 1901537D, cf. Annexe 1) et dans un arrêté (TREL 1901533A, cf. Annexe 2).
Les membres sont nommés intuitu personae par arrêté ministériel de même que le président (TREL 1901487A, cf. Annexe 3).

Composition du Cega et déclarations de conflits d’intérêts potentiels par ses membres

Il est composé de 14 membres et de son président. Le secrétariat est assuré conjointement par l’OFB et le MNHN.
Les membres du secrétariat et de la plateforme de gestion adaptative (2 agents OFB et MNHN) ne prennent pas part aux débats ni aux décisions du comité.