Vison d'Amérique (Mustela vison)
Le Vison d'Amérique est un mammifère originaire d’Amérique du Nord et importé en Europe pour la fourrure en 1926 en Haute-Savoie. Ce carnivore semi-aquatique est strictement inféodée aux zones humides. Devenu envahissant, il menace notamment le Vison d'Europe.
|
Noms
Classification : Mammifères/ Carnivores/ Mustélidés |
Statuts de conservation (liste rouge UICN) :
Statut réglementaire : espèce exotique envahissante |
- corps fusiforme, long et mince, campé sur de courtes pattes et terminé par une queue fournie représentant environ la moitié de la longueur du corps,
- tête pointue avec de petites oreilles arrondies et un museau aplati.
Pelage : marron foncé, possible tache blanche sur le menton et/ou la gorge (exceptionnellement sur la lèvre supérieure)
Poids adulte : variant de 0,6 à 1,8 kg
- mâle : 772-2530 g, moyen : 1509 g
- femelle : 579-1420 g, moyen : 850 g
Longueur : 34-51 cm (mâle adulte), 33-44 cm (femelle adulte), et environ 20cm de queue
Dimorphisme sexuel : mâle plus grand et plus lourd que la femelle
Confusion possible : avec le vison d’Europe ou le putois.
Habitat
Une espèce semi-aquatique
Le vison d’Amérique occupe une multitude d’habitats dont le seul dénominateur commun semble être l’eau. L'espèce est strictement inféodée aux zones humides :
- petites et moyennes rivières, cours d’eau forestiers,
- boisements inondables,
- marais, prairies humides et ruisseaux traversant les zones agricoles,
- en milieu marin : bras de mer, îles...
Ce mammifère aime particulièrement les berges bordées par une végétation dense. Il utilise les terriers creusés dans les berges et entre les racines d'arbres, mais peut également gîter en plein air ou dans les arbres creux
Cycle de vie (alimentation, reproduction, paramètres démographiques...)
Régime alimentaire : prédateur généraliste et opportuniste
Le Vison d'Amérique est un carnivore opportuniste qui chasse aussi bien en milieu aquatique qu'en milieu terrestre. Il se nourrit d'amphibiens, de crustacés (écrevisses), de petits mammifères (rat musqué, lapin, rats, campagnols, surmulots), œufs et poissons, oiseaux.
Reproduction
- Maturité sexuelle : 1 an
- Rut de fin-février à début-avril
- Ovulation induite par la copulation
- Gestation : 36 à 76 jours mais le développement embryonnaire ne dure que 28 à 33 jours après l’implantation de l’œuf dans l’utérus.
- Naissances de mars à juin
- Portée de 2 à 7 jeunes
Longévité
La durée de vie du Vison d'Amérique dans la nature est estimée entre 3 et 6 ans.
Interactions écologiques et anthropiques
Un prédateur hors pair
"De par son régime alimentaire carné très varié, le vison d’Amérique représente une menace pour des proies aux populations fragilisées, tant pour des oiseaux nichant au sol que pour certains amphibiens et petits mammifères aquatiques (grenouilles, campagnol amphibie, desman des Pyrénées)." Éclairages, Le Vison d'Amérique, décembre 2018.
La présence de cette espèce entraîne chez ses proies une réduction de la densité globale de la faune autochtone et des succès de reproduction chez les oiseaux (sternes, anatidés, laridés, passereaux, rallidés, alcidés...), les rongeurs, insectivores, amphibiens, reptiles et crustacés.
Une compétition de niche écologique avec le Vison d'Europe
Son impact est fort sur le Vison d’Europe, l’une des espèces de carnivores les plus menacées au monde. La France possède, en commun avec l’Espagne, la seule population d’Europe occidentale. Celle ci est en déclin rapide, dû à :
- l'expansion du Vison d'Amérique se traduisant par l’envahissement de la niche écologique du vison d’Europe,
- la confusion entre les 2 espèces lors des campagnes de destruction,
- le rôle majeur du Vison d'Amérique dans la diffusion de la maladie aléoutienne dans le milieu naturel (Fournier-Chambrillon, C et al. 2004).
Répartition géographique et situation de l'espèce
Une espèce exotique introduite en France hexagonale
Originaire d’Amérique du Nord, le Vison d'Amérique a été importé en Europe pour la fourrure. En 1926, les 15 premiers visons d’Amérique (5 mâles et 10 femelles) arrivent en Haute-Savoie. La crise de 1929 a limité le développement de son élevage, qui a repris fortement après la guerre en se modernisant avec des unités de petits calibres (moins de 1000 femelles). Vers 1960, de grandes structures sont mises en place jusque dans les années 1980 où la crise en stoppe de nombreuses.
En 2016, 10 structures sont comptabilisées.
Le développement de l’élevage puis son déclin s’est accompagné de l’abandon massif d’animaux, ou de mauvaises gestions des structures, conduisant à l'introduction de visons d’Amérique dans le milieu naturel.
Tendances et répartition du vison d’Amérique en France
En France, trois principaux foyers de présence constituent actuellement les populations marronnes, sur la façade Atlantique, dans le Sud-Ouest et dans le sud-est de l’Occitanie, mais aucune estimation des effectifs n’est disponible. Les autres données de présence sont considérées à ce jour comme ponctuelles ou sans foyer de dispersion.
Le Vison d’Amérique est en expansion depuis la fin du XXe siècle en France, et a plus que doublé son aire de répartition entre 2005 et 2020. Son aire de répartition s’est accrue de 13 % entre la période 1990-1999 et la période 2000-2015 (Léger et al. 2018). Il en est de même dans la plupart des pays d’Europe dans lesquels il a été introduit notamment en Espagne, Royaume-Uni, Pologne.
Cartes de répartition de l'espèce sur le site de l'INPN
Réglementation
Statut juridique
- Statut commerce international : aucun statut - Convention Cites
- Statut national : Arrêté du 14 février 2018 relatif à la prévention de l'introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain
- Statuts territoriaux - Arrêtés relatifs à la prévention ou régulation de l’introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes, interdiction de toutes activités portant sur des spécimens vivants :
- Arrêté du 28 juin 2021 sur le territoire de La Réunion,
- Arrêté du 30 novembre 2020 sur le territoire de Saint-Martin,
- Arrêté du 7 juillet 2020 sur le territoire de la Guadeloupe,
- Arrêté du 7 juillet 2020 sur le territoire de la Martinique,
- Arrêté du 28 novembre 2019 sur le territoire de la Guyane.
Réglementation et contrôle par la chasse
Détention : Art. L. 214-9-1 CRPM
"I.-Les élevages de visons d'Amérique (Neovison vison ou Mustela vison) et d'animaux d'autres espèces non domestiques exclusivement élevés pour la production de fourrure sont interdits.
II.-La création, l'agrandissement et la cession des établissements d'élevage de visons d'Amérique mentionnés au I sont interdits. " Loi de l'État.
Lutte : contrôle par la chasse, en application de l’article R. 427-6 du code de l’environnement. Arrêté du 2 septembre 2016.
Il peut être piégé toute l'année et en tout lieu et peut être détruit à tir sur autorisation individuelle délivrée par le préfet entre la date de clôture générale et la date d'ouverture générale de la chasse.
Observation, étude et gestion
Le réseau Petits et mésocarnivores (PMC) de l'OFB
Le réseau PMC suit l’évolution de la répartition des populations de 14 espèces de carnivores en France métropolitaine, dont le Vison d'Amérique et le Vison d'Europe. Les connaissances acquises grâce à ce réseau interne permettent à l’Office français de la biodiversité (OFB) d’apporter une expertise technique et scientifique sur ces espèces à tous les niveaux : départemental, régional, national et européen.
Dans le cadre du plan national d'actions (PNA) en faveur du Vison d'Europe
L'OFB assure l'animation technique et scientifique du 3e PNA en cours sur 2021-2031, et il met notamment en œuvre certaines actions telles que la surveillance et la lutte contre l’arrivée du Vison d’Amérique, ou via sa mission de police la surveillance des conditions de détention.
Le contrôle des espèces exotiques envahissantes (EEE)
Comme pour toute espèce exotique envahissante (EEE), il s'agit de limiter la propagation de l'espèce :
- en évitant le risque de diffusion par transport accidentel ou non,
- en testant des modes de contrôles ou d'élimination.
En savoir plus :
- le retour d'expérience disponible sur ce site,
- les informations d'introduction, impacts et gestion sur le centre de ressources EEE.
Informations complémentaires et références
Documentation
- Savouré-Soubelet A., Aulagnier S., Haffner P., Maille A., Moutou F., Richard-Hansen C., Ruette S. & Veron G. (coord.) 2024. Atlas des mammifères sauvages de France Volume 3 : Carnivores et Primates. Muséum national d'histoire naturelle, Paris, 616 p. (Patrimoines naturels ; 85).
- Van Leeuwen, P., Pigneur, L.-M., Fournier-Chambrillon, C., Fournier, P., Isère-Laoué, E., Michaux, J., 2024. Population genetic structure of the invasive American mink (Mustela vison) in France: evidence of a high genetic diversity and the existence of multiple genetic lineages. Mamm Biol.
- Lorvelec, O., Riallin, S., Boisson, P.-Y., Bredin, M., Deniau, A., Dutouquet, L., Guiguen, S., Le Hervé, Q., Le Quilliec, P., Primas, O., Provost, P., Petit, É.J., 2024. L’apport de la génétique pour comprendre la colonisation de l’île Tomé (Côtes-d’Armor, France) par le Vison d’Amérique, Mustela vison Schreber, 1777 : conséquences pour sa gestion. Naturae.
- Fernandez-Garcia, J.L., 2024. First evidence of predation on the native endangered Galemys pyrenaicus by the invader specie American mink using eDNA tools in Extremadura (Spain). In Review.
- Vada, R., Illanas, S., Acevedo, P., Adriaens, T., Apollonio, M., Belova, O., Blanco‐Aguiar, J.A., Csányi, S., Body, G., Fernández‐De‐Mera, I.G., Ferroglio, E., Jansen, P.A., Jeschke, J.M., Keuling, O., Palazón, S., Plis, K., Podgórski, T., Rickowski, F., Scandura, M., Shakun, V., Smith, G.C., Stephens, P.A., Van Den Berge, K., Veeroja, R., Zanet, S., Zihmanis, I., Vicente, J., 2023. Feral American mink Neogale vison continues to expand its European range: time to harmonise population monitoring and coordinate control. Mammal Review 53, 158–176.
- Mezzetto, D., Dartora, F., Mori, E., 2021. Feeding plasticity and temporal behaviour of the alien American mink in Europe. Acta Oecologica 110, 103700.
- Zalewski, A., Virtanen, J.M.E., Brzeziński, M., Kołodziej‐Sobocińska, M., Jankow, W., Sironen, T., 2020. Aleutian mink disease: spatio‐temporal variation of prevalence and influence on the feral American mink. Transboundary and Emerging Diseases tbed.13928.
- Martin, A.R., Lea, V.J., 2020. A mink‐free GB: perspectives on eradicating American mink Neovison vison from Great Britain and its islands. Mammal Review 50, 170–179.
- Harper, L.R., Watson, H.V., Donnelly, R., Hampshire, R., Sayer, C.D., Breithaupt, T., Hänfling, B., 2020. Using DNA metabarcoding to investigate diet and niche partitioning in the native European otter (Lutra lutra) and invasive American mink (Neovison vison). MBMG 4, e56087.
- Brzeziński, M., Borowik, T., Chibowska, P., Zalewski, A., Komar, E., 2018. Water vole Arvicola amphibius population under the impact of the American mink Neovison vison : Are small midfield ponds safe refuges against this invasive predator? Mammalian Biology.
- Bouin C., Hurel P., Maillard J.F. 2018. Guide de la faune exotique envahissante du bassin de la Loire. Guide de terrain, ONCFS.
- Sarat E. (coord.) 2012. Vertébrés exotiques envahissants du bassin de la Loire (hors poissons) : connaissances et expériences de gestion. Office national de la chasse et de la faune sauvage, Plan Loire Grandeur Nature, 128 pp.
- Zuberogoitia, Iñigo, Jose Antonio González-Oreja, Jabi Zabala, et Cristina Rodríguez-Refojos.Assessing the control/eradication of an invasive species, the American mink, based on field data; how much would it cost?Biodiversity and Conservation 19, nᵒ 5 (janvier 2010): 1455‑69.
- Banks, P. B, M. Nordström, M. Ahola, P. Salo, K. Fey, et E. Korpimäki. Impacts of alien mink predation on island vertebrate communities of the Baltic Sea archipelago: review of a longterm experimental study. Boreal environment research 13 (2008): 3–16.
- Bifolchi, Aline. Biologie et génétique des populations d’une espèce invasive: le cas du vison d’Amérique (Mustela vison Schreber, 1777) en Bretagne. Université d’Angers, 2008.
- Bonesi, Laura, et Santiago Palazon. The American mink in Europe: Status, impacts, and control. Biological Conservation 134, nᵒ 4 (février 2007): 470‑83.
- Léger, François, et Sandrine Ruette. Le vison d’Amérique, une espèce qui se développe en France. Faune Sauvage, nᵒ 266 (2005): 29‑36.
- Fournier-Chambrillon, C., Aasted, B., Perrot, A., Pontier, D., Sauvage, F., Artois, M., Cassiède, J.-M., Chauby, X., Dal Molin, A., Simon, C., Fournier, P., 2004. Antibodies to Aluetian mink disease parvovirus in free-ranging European mink (Mustela lutreola) and other small carnivores from southwestern France. Journal of wildlife disease 40, 394–402.
- Reynolds, Jonathan C., Mike J. Short, et Rhian J. Leigh. Development of population control strategies for mink Mustela vison, using floating rafts as monitors and trap sites. Biological Conservation 120, nᵒ 4 (décembre 2004): 533‑43.
- Bonesi, L., P. Chanin, et D. W Macdonald. Competition between Eurasian otter Lutra lutra and American mink Mustela vison probed by niche shift. Oikos 106, nᵒ 1 (2004): 19–26.
- Sidorovich, V. E. Study on the decline in the European mink Mustela lutreola population in connection with the American mink M. vison expansion in Belarus: story of the study, review of the results and research priorities. Saugetierkundliche Informationen 5 (25): 133 154 (2001).
Liens utiles
- fiche sur le Vison d’Amérique, Les petits carnivores de Bourgogne et Franche-Comté
Aller plus loin
Le vison d'Amérique | Éclairages | décembre 2018
Petit carnivore semi-aquatique originaire d’Amérique du Nord, le Vison d’Amérique (Neovison vison) a été importé sur le continent européen dans les années 1920, au sein d’élevages pour sa fourrure. Des échappées régulières ont favorisé la formation de populations sauvages viables. Ce document fait le point sur l'état des populations en France, présente l’écologie de l’espèce (habitat, alimentation, reproduction) ainsi que les politiques élaborées pour prévenir les introductions et confiner les populations sauvages.
Les espèces exotiques envahissantes, une menace complexe pour la biodiversité | Rubrique
Les espèces exotiques envahissantes (EEE) sont des espèces exogènes au territoire considéré à une date donnée, introduites par ou avec les humains, de manière volontaire ou fortuite. Leur introduction, implantation et propagation dans cet environnement hors de leur aire de répartition naturelle menacent les espèces indigènes, les habitats naturels et/ou les écosystèmes. Les conséquences peuvent alors être négatives, qu'elles soient environnementales et/ou économiques et/ou sanitaires.
