Alose vraie, Grande alose (Alosa alosa)

Données du document
Structure(s) autrice(s)
Office français de la biodiversité (OFB)
Patrinat
Éditeur(s)
Office français de la biodiversité (OFB)
Collection
Fiches Espèces
Date d'édition
Type
Fiche espèce
Statut de l'espèce
évaluée
menacée
protégée
réglementée
Image
Contenu

Ce poisson protégé est une espèce amphihaline : il vit ses premières semaines en eau douce, puis en mer des côtes jusqu’à -300 m de profondeur. Les individus migrent jusqu’à 700 km pour se reproduire sur leur lieu de naissance, et y mourir ensuite.

À noter : deux fiches .pdf sont disponibles, rédigées dans 2 cadres différents, en 2020. Les informations sont rassemblées dans cette page

 

Fiche d'identité

Nom

  • Latin : Alosa alosa (Linnaeus, 1758)
  • Anglais : Allis Shad, Alice Shad

ClassificationChordata/ Actinopterygii/ Clupeiformes/ Clupeidae

Statuts de conservation (liste rouge UICN)

  • Liste mondiale : Préoccupation mineure (LC)
  • Liste française : en danger critique d'extinction (CR)

Statut réglementaire : protégée et réglementée

Réglementation

Morphologie

Poids : entre 1 et 3,5 kg (1,4-1,6 kg en moyenne)

Taille : entre 30 et 80 cm, 52-55 cm en moyenne

Teinte : dos bleu foncé ; flancs argentés ; tête plutôt marron ; large tache noire fréquente derrière l’ouverture des branchies et potentiellement suivie de petites taches dorées

Nageoires : dorsale avec 18-21 rayons sans épines ; caudale très échancrée

Corps : fusiforme et comprimé latéralement ; dos incurvé ; pas de ligne latérale ; arrête des scutelles ventrales proéminentes ; larges écailles (sauf sur la tête) brillantes et non alignées longitudinalement

Tête : mâchoire supérieure avec une échancrure médiane marquée ; branchiospines longues, minces et nombreuses (85 à 160)

Larves : 7 à 12 mm (stade de 15 à 36 jours)

Schéma descriptif de la morphologie de la Grande Alose
Schéma morphologique de la Grande Alose (Bluelife/OFB)

Habitat

Une espèce amphihaline : de l'eau douce à la mer

La Grande alose vit en zone pélagique en mer jusqu’à -300 m, les jeunes restant près des côtes ou des estuaires jusqu’à la maturité. L’Alose vraie fréquente  ainsi les eaux marines littorales pour effectuer sa croissance, et migre vers les eaux douces rapides à substrat caillouteux pour sa reproduction (espèce anadrome). Les juvéniles restent quelques semaines après l'éclosion en eau douce peu profonde (0,5 m) et à fond graveleux.

La température de l’eau est un paramètre déterminant :

  • pour l’activité de migration : pas de migration en dessous de 10°C,
  • dans le déroulement de la reproduction : température supérieur à 12°C, de préférence comprises entre 16 et 20°C.

Types d’habitats associés

  • Typologie Eunis : C2.2 - Cours d’eau permanents, non soumis aux marées, à l’écoulement turbulent et rapide / C2.3 - Cours d’eau permanents non soumis aux marées, à débit régulier / C2.4 - Fleuves et rivières soumis à marées en amont de l’estuaire / X01 - Estuaires
  • Corinne Biotope : 24.1 - Lits des rivières / 13.1 - Fleuves et rivières soumis à marées / 13.2 - Estuaires

Milieux particuliers à l’espèce bénéficiant de mesures de protection

Sites de reproduction

Les Aloses vraies fraient en eau douce, selon des caractéristiques précises des frayères :

  • substrat formé par une sous couche tassée de granulats de taille variable surmontée d’une couche de substrats plus grossiers de cailloux et galets (granulométrie entre 20 et 200 mm),
  • généralement délimitée en amont par un profond et en aval par une zone peu profonde à courant rapide (la grande largeur de la zone de frai n’est plus une caractéristique suite à la colonisation récente des petits cours d’eau de la façade Manche-Atlantique, d’une largeur inférieure à 50 m),
  • profondeur entre 50 cm et 3 m,
  • dans un courant rapide en début de reproduction : de 90 à 200 cm/s,
  • et une qualité d’eau convenable.  

Aire de repos

Après l’éclosion, les larves se développent à proximité immédiate de la zone de frai, sur le fond entre les cailloux, avant de rejoindre les zones calmes des berges. En mer, les adultes vivent en banc sur le plateau continental.

Cycle de vie (alimentation, reproduction, paramètres démographiques...)

Régime alimentaire : carnivore

L'espèce se nourrit de zooplanctons et petits poissons, et seuls les jeunes (alosons) s’alimentent en eau douce (insectes et larves d’insectes aquatiques).
Sur le plateau continental marin, les adultes se nourrissent surtout de zooplancton, les plus gros individus pouvant être piscivores. Les aloses ne se nourrissent pas pendant leur migration de reproduction.

Reproduction : une espèce anadrome

La fécondation est externe :

  • ponte nocturne des oeufs en surface (eau à 15°C min.), ils couleront ensuite,
  • de 50 000 à 250 000 œufs d’1-2 mm par kg du poids de la femelle,
  • éclosion à 4-8 jours,
  • une seule reproduction dans la vie de l'individu, très rarement 2.

La majorité des juvéniles migre la première année en mer (à l’embouchure des rivières), l'espèce est anadrome : les adultes remontent les rivières jusqu’au lieu de naissance pour la ponte au printemps, et meurent ensuite.

Maturité sexuelle :

  • entre 3-8 ans chez les mâles,
  • entre 1-3 ans plus tard chez les femelles.

Longévité : jusqu’à 20 ans

Comportement (mode de vie, déplacement, domaine vital...)

Domaine vital et déplacements

L’Alose vraie vit en bancs sur le plateau continental marin, sur des fonds de 70 à 300 m. Chez cette espèce migratrice anadrome les adultes remontent les fleuves dans les cours d’eau moyens et amonts jusqu’à 700 km pour se reproduire sur leur lieu de naissance, et y mourir ensuite.
Les premières semaines de vie sont en eau douce.

Périodes de migration :

  • montaison : de janvier à mars,
  • dévalaison : d'août à novembre.

Interactions écologiques et avec les activités humaines

Obstacles au déplacement

Ce sont les ouvrages modifiant la ligne d’eau, empêchant la circulation des individus et l’accès aux zones de frai (seuils, canalisations, prises d'eau, grilles, barrages, rampes, écluses…).

La remontée des rivières nécessite que les passes à poissons soient adaptées à l’espèce qui a des capacités natatoires différentes et des capacités de saut beaucoup moins performantes que les saumons.

Répartition géographique

Présence dans les eaux du nord-est de l’océan Atlantique (entre 60 et 35°N) et potentiellement en Méditerranée de l’ouest. En France, on peut la trouver dans les espaces maritimes des façades de l’Atlantique et Manche/Mer du Nord.

Cartes de répartition de l'espèce sur le site de l'INPN

Réglementation

Interdictions

Sont interdites sur tout le territoire métropolitain et dans ses eaux marines sous souveraineté et sous juridiction, en tout temps, les actions suivantes :

  • destruction ou enlèvement des oeufs ;
  • destruction, altération ou dégradation des milieux particuliers, notamment des lieux de reproduction.

Dérogation sur autorisation exceptionnelle de l'autorité administrative compétente (préfet).

Sanctions applicables

  • Infraction : délit (art. L. 415-3 1° C.Env) puni de trois ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende
  • Amende doublée lorsque l’infraction est commise dans les réserves naturelles et les coeurs de parcs nationaux (art. L. 415-3 5° C.Env)
  • Aggravation des sanctions si commise en bande organisée (art. L. 415-6 C.Env)

Textes de références

Niveau national :

  • art. L. 411-1 et s. & R. 411-1 et s. du C.Env (protection des espèces) ;
  • art. L. 411-2 (4°) et R. 411-6 à R. 411-14 du C.Env (dérogations) ;
  • arrêté du 8 décembre 1988 fixant la liste des espèces de poissons protégées sur l’ensemble du territoire national - art. 1.

Niveau de l’Union européenne :

  • directive 92/43/CEE du Conseil du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages (dite Directive Habitats-Faune-Flore) – annexes II et V.

Niveau international :

  • protocole relatif aux aires spécialement protégées et à la diversité biologique en Méditerranée, fait à Barcelone le 10 juin 1995 (issu de la convention de Barcelone du 16 février 1976) - annexe III ;
  • convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, faite à Berne le 19 septembre 1979 - annexe III ;
  • convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est (dite convention Ospar), signée à Paris le 22 septembre 1992 - annexe V.

Observation, étude et gestion

Méthodes de détection

Les activités de migration et de reproduction sont fortement dépendantes de la température de l’eau (arrêt respectivement à 10 et 15°C). L’activité de ponte se déroule de nuit, et se caractérise par un phénomène sonore appelé « bull », qui permet la détection des frayères et l’évaluation du nombre de géniteurs.

Gestion : à savoir pour tout projet impactant les milieux concernés

  • Se renseigner auprès des organismes scientifiques et techniques compétents (établissements publics, associations locales, fédération de pêche, associations naturalistes, bureaux d’études)
  • Se rapprocher des services de l'État instructeurs de votre région (services chargés de l'environnement au sein des directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DRIEE en Île de France) ou au sein des directions départementales des territoires).

Informations complémentaires et références

Informations complémentaires

Autres espèces protégées possédant des habitats similaires

Bibliographie

Périmètre du document
Emprise géographique
Nationale
Bassin hydrographique
Façade maritime ou écorégion marine
Zone
France hexagonale
Façades et écorégions marines
Métropole - Atlantique
Langue du document
Français
Milieux
Milieux marins
Milieux littoraux
Milieux aquatiques continentaux
Groupes d'espèces
Poissons
Domaines d'action
Données et connaissances
Communication et sensibilisation