Alyte accoucheur, Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans)
Nom
Classification : Chordata / Amphibia / Anura / Alytidae |
Statut de conservation (liste rouge UICN) :
Statut réglementaire : espèce protégée |
Habitat
Un espèce adaptable à des milieux variés
L’Alyte accoucheur vit au sein d’habitats assez diversifiés comme des zones semi-arides, des berges ou des terrains en pente avec la présence de pierres ou de matériaux meubles (éboulis, murets, ruines, sablière…), situés à proximité de points d’eau de types et de qualité très divers avec une végétation éparse.
Il fréquente également une vaste diversité d’habitats peu végétalisés naturels ou parfois anthropisés (landes, pelouses, tourbières, cultures…).
Les habitats aquatiques utilisés peuvent aller des rivières et cours d’eau à écoulement lent jusqu’aux étangs et mares de petite taille. L’Alyte accoucheur apprécie particulièrement les lieux bien ensoleillés et plutôt chauds.
Il peut être présent jusqu’à des altitudes assez élevées, plus de 2 200 m dans les Alpes Maritimes, 2 500 m dans les Pyrénées.
Aire de repos
L’Alyte accoucheur réalise son hivernage dans divers abris à sa disposition, ainsi, il peut passer l’hiver dans un mur, un tas de pierre, ou diverses anfractuosités, mais également dans un terrier qu’il aura lui-même creusé ou un terrier vide réalisé par une autre espèce. Il est également capable de creuser dans un sol meuble afin de s’enfouir.
Types d’habitats associés
Code Corine | Intitulé Corine | Code Eunis | Intitulé Eunis |
---|---|---|---|
22 | Eaux douces stagnantes | C1 | Eaux dormantes de surface |
24.1 | Lit des rivières | C2.3 | Cours d’eau permanents non soumis aux marées, à débit régulier |
5 | Tourbières et marais | D | Tourbières hautes et bas marais |
3 | Landes, fruticées et prairies | E | Prairies ; terrains dominés par des herbacées non graminoïdes, des mousses ou des lichens |
4 | Forêts | G | Boisements, forêts et autres habitats boisés |
Cycle de vie (alimentation, reproduction, paramètres démographiques...)
Une reproduction en habitat terrestre
L’accouplement et le développement des oeufs ont lieu à terre, ce qui est assez exceptionnel chez les amphibiens de nos régions. Le mâle transporte lui-même les oeufs enroulés autour de ses pattes postérieures pendant trois à sept semaines, les humidifiant régulièrement dans un point d’eau pour permettre aux oeufs de rester hydratés et ainsi permettre leur développement. Les têtards finissent par éclore au cours d’un des mouillages et se métamorphosent dans l’eau. Ce système de reproduction permet aux mâles de s’occuper d’une à trois pontes différentes.
Alimentation : invertébrés
L'Alyte accoucheur se nourrit principalement d'invertébrés de toutes sortes, des arachnides, diplopodes, gastéropodes… Les larves ont un régime alimentaire carnassier et se nourrissent principalement d’invertébrés aquatiques (cadavres).
Phénologie et périodes de sensibilité
- Reproduction :
- Période d'activité principale : avril-mai et août-septembre
- Période d'activité secondaire : juin-juillet
- Aire de repos : toute l'année
- Alimentation :
- Période d'activité principale : avril-octobre
- Période d'activité secondaire : mars et novembre
Comportement (mode de vie, déplacement, domaine vital...)
Domaine vital
En général, il se limite aux milieux situés à proximité immédiate de l’habitat de ses têtards, dans un rayon d’une centaine de mètres globalement.
Déplacements
Les déplacements sont de faible amplitude et s’effectuent en majeure partie entre les sites d’hivernage et les sites de reproduction (généralement 100 à 150 mètres au maximum). Les juvéniles partagent les mêmes abris que les adultes, mais au sein de certaines colonies, on observe un erratisme plus important, qui permet à l’espèce de coloniser de nouveaux biotopes. Ces déplacements dépassent rarement quelques centaines de mètres mais peuvent aller jusqu’à deux kilomètres en particulier en l’absence de biotope favorable proche.
Obstacles
Le principal obstacle au déplacement est la fragmentation des paysages, en lien avec les infrastructures linéaires. En effet, les lignes ferroviaires et les routes imposent des discontinuités écologiques empêchant les individus de se déplacer d’un biotope à l’autre. La disparition des biotopes favorables à l’espèce par le comblement des mares, ou la fermeture des milieux est aussi un facteur limitant dans le déplacement des individus.
Répartition géographique
Réglementation
Arrêté du 19 novembre 2007 : article 2
L’arrêté concernant l’Alyte accoucheur interdit entre autres toute destruction ou perturbation intentionnelle des oeufs et des animaux à tous les stades de développement. La protection de ses habitats (dont les lieux de reproduction) interdit toute intervention sur ces milieux particuliers à l'espèce et tous types de travaux susceptibles de les altérer ou de les dégrader.
Il est également interdit de détenir, de transporter ou de réaliser toute action commerciale avec des individus prélevés dans le milieu naturel.
Directive « Habitats, faune, flore » : annexe IV
L’Alyte accoucheur est une espèce d’intérêt communautaire qui nécessite une protection stricte (annexe IV).
Observation, étude et gestion
Méthodes de détection
L’Alyte accoucheur est une espèce aux moeurs plutôt nocturnes, même s’il peut être observé en pleine journée par temps pluvieux. À l’état adulte, on le rencontre normalement à terre. Il passe l’hiver dans divers abris, souvent en compagnie de congénères et commence à sortir en mars dès que la météo permet sa reproduction.
La principale période de chant et des accouplements se situe d’avril à mai-juin (plusieurs périodes de chants plus intenses alternent avec des accalmies qui correspondent aux moments des pontes).
Informations complémentaires et références
Informations complémentaires
- Guide "espèces protégées, aménagements et infrastructures", ministère chargé de l'Écologie
- Fiche espèce LPO Franche-Comté. 2011
- Notice pratique pour la conservation du Crapaud accoucheur. 2010
- Page internet de la Société herpétologique de France pour le suivi des populations d’amphibiens
Autres espèces protégées possédant des habitats similaires
- Crapaud calamite, Bufo calamita (Laurenti, 1768)
- Crapaud commun, Bufo bufo (Linnaeus, 1758)
- Sonneur à ventre jaune, Bombina variegata (Linnaeus, 1758)
- Rainette verte, Hyla arborea (Linnaeus, 1758)
Bibliographie consultée
- Duguet R. & Melki F. (ed.), 2003 – Les Amphibiens de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France). 480 p.
- Lescure J. & Massary de J.-C. (coords), 2012. – Atlas des Amphibiens et Reptiles de France. Biotope, Mèze ; Muséum national d’Histoire naturelle, Paris (collection Inventaires & biodiversité), 272p.