Valoriser ses haies

Une haie fonctionnelle apporte de nombreux bénéfices, notamment en termes agronomiques, de production, de santé des animaux et des cultures, pour un investissement en temps réduit à quelques jours par an. Adopter une vision d’ensemble permettra de les valoriser au mieux.

Valorisation directe : les produits de la haie

La haie permet de produire du bois :

  • sous différentes formes : bois d’œuvre et du bois de chauffage,
  • et différents modes de valorisation : bûchettes, plaquettes, bois raméal fragmenté, fagots...,
  • production moyenne : de l’ordre de 1 à 17 tonnes bois sec / an / km linéaire, très variable selon le type de haie et les essences concernées,

Cette récolte peut permettre de compenser les coûts d’entretien courant de la haie, à prendre en compte dans le bilan économique de l’exploitation.

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Au-delà du bois, les haies peuvent également fournir de la litière et du fourrage pour les animaux. Bon nombre des essences des haies sont en effet consommables par des ruminants et peuvent constituer une ressource alimentaire complémentaire aux prairies en cas de besoin.
 

Le saviez-vous ?

Les haies peuvent aussi accueillir des essences d’arbres fruitiers, permettant de préserver la biodiversité végétale et de fournir des ressources à bon nombre d'espèces animales.

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Bois coupé, le temps de son stockage il sera un abri temporairepour la petite faune (Philippe Massit, OFB)

Quelques idées pour bien valoriser

  • Adopter une vision d’ensemble afin de valoriser tous les étages et tous les stades de développement de la haie.
  • Valoriser ce qui est produit pendant l’entretien (tailles, broyat, litière, plaquettes).
  • En termes de pratiques, penser :
    • à la coupe jardinée : exploitation des arbres les plus intéressants pour un usage donné,
    • au recépage pour la production de bois de chauffage.

Attention : éviter les coupes à blanc, ne les réserver qu’à des linéaires très restreints, dans un contexte de bocage continu et où la reconstitution de la haie est bien anticipée, en conservant des arbres d’avenir et/ou l’étage arbustif s’il n’est pas directement valorisé.
À noter :

  • les coupes à blanc sont particulièrement dommageables aux ripisylves, car elles déséquilibrent le fonctionnement des cours d‘eau,
  • elles sont proscrites pour les arbres de haut jet dans le Label haie, sauf en cas de maladie constatée dans un cadre collectif.

Développement de filières

Un paysage bocager préservé suscite l’intérêt des usagers et consommateurs. Le bocage et la haie sont de formidables outils d’ouverture de perspectives pour le développement de filières associant production de qualité et valorisation des paysages : vente directe des produits d’une exploitation, ainsi que de nouveaux débouchés : partenariat avec des apiculteurs, projets culturels (séjours nature), restauration...

À l’échelle d’un territoire, il est nécessaire de procéder à un dimensionnement sobre des filières.
Pour la mise en place de chaudières par exemple, le bois importé doit être local et la ressource suffisante, de façon à privilégier une vision intégrée des enjeux environnementaux.

Valorisation indirecte : les pratiques de gestion

Des labels existent également pour valoriser les pratiques vertueuses.

Paiements pour services environnementaux

Des haies en bon état écologique et organisées en maillage dense et fonctionnel pourvoient de nombreux services écosystémiques tels que la préservation de la biodiversité et de la ressource en eau, la protection des sols, le stockage de carbone, la régulation microclimatique. Le dispositif des Paiements pour services environnementaux reconnaît et valorise, par une rémunération, les services rendus par le maintien et la gestion durable des haies existantes, ainsi que les services liés à la transition écologique de l’exploitation (évolution du système de production, création de haies…).

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Label Bas carbone

La chambre d'agriculture des Pays de la Loire a développé une méthode agricole « haies » (plan de gestion durable des haies spécifique) pour le label Bas carbone. Ciblant une gestion durable, elle rend éligibles les haies à l’obtention de ce label, offrant ainsi des perspectives de financement à des projets locaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en récompensant les comportements allant au-delà des pratiques usuelles.
Contact : chambres d’agriculture

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Label Haie

Créé par l’Afac-Agroforesterie, le Label Haie encadre les pratiques de gestion des haies, leur qualité, ainsi que les filières de distribution du bois bocager, qui doivent être ancrées localement. Il comprend donc 2 cahiers des charges distincts « gestion » et « distribution », ainsi qu’un système de certification dans lequel opère un organisme certificateur indépendant.
À noter : il ne porte pas sur la qualité du bois.

Ainsi le label Haie :

  • accompagne les gestionnaires dans l’évolution de leurs usages, et reconnaît leurs bonnes pratiques,
  • assure la pérennité de la ressource bois (notamment pour l’énergie), et sa provenance locale,
  • favorise l’accès à des paiements pour services environnementaux (PSE) portés par certaines agences de l’eau ou autres acteurs tels que des parcs naturels régionaux,
  • donne accès au « bonus haie » de la PAC.

À lire également : Le label haie, vers une gestion durable des haies, Laurent Nevoux, Afac Haies et bocages de Normandie, Journées d’échanges techniques - Haies bocagères : liens de biodiversité dans les territoires, Office français de la biodiversité, 2021

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