Chevreuil (Capreolus capreolus)
Le chevreuil est le plus petit cervidé d’Europe.
Noms
Classification : Mammifères/ Cetartiodactyles/ Cervidés
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Statuts de conservation (liste rouge UICN)
Statut réglementaire : espèce chassable |
Poids
- À la naissance : 1-2 kg
- Brocard : 20-34 kg (selon les conditions de vie)
- Chevrette : 17-25 kg (selon les conditions de vie)
Hauteur au garrot : 90 à 125 cm (peu de dimorphisme sexuel)
Longueur totale : 90 cm à 1,25 m et queue de 2 à 4 cm
Pelage : fauve à roux en été et gris en hiver
- certains individus présentent des formes mélaniques, leuciques ou albinos.
- 2 mues par an : avril/mai et octobre
Distinction mâle/femelle
- Mâle : présence de bois pouvant atteindre 30 cm de haut (chute en octobre-novembre) et d'un pinceau pénien.
- Femelle : touffe de poils à la base de la vulve.
L’observation de l’arrière-train permet de distinguer les deux sexes : le miroir a une forme de haricot chez le mâle et une forme de cœur chez la femelle (du fait du pinceau pubien).
Distinction jeune/adulte
- Pelage du faon : brun plus ou moins clair, avec des rangées de tâches blanches sur le dos et les flancs.
- L’âge d’un animal capturé peut être évalué par examen de la dentition pour les premières années.
Communication : les deux sexes poussent des aboiements à l'âge adulte. On parle de piaulements pour le faon.
Habitat
Une espèce dite "plastique"
Le chevreuil occupe tous les milieux bien que la lisière forestière reste l’habitat privilégié. La détermination de l'habitat est guidée par la diversité et la qualité des ressources alimentaires présentes (surtout pour la fin de la gestation et la lactation). De même, durant les premières semaines de vie du faon, son existence cryptique pousse la chevrette à privilégier les lieux avec une forte couverture végétale.
Facteurs limitant
- Sécheresse estivale du climat méditerranéen
- Rigueur hivernale des milieux d’altitude
Cycle de vie (alimentation, reproduction, paramètres démographiques...)
Régime alimentaire : herbivore ruminant très sélectif
Il consomme 3 à 4 kg de nourriture par jour, dont la nature varie selon les milieux qu'il fréquente.
- En milieu forestier : préférence pour les végétaux semi-ligneux (lierre, ronce, framboisier, callune, myrtille, airelle) et les feuilles et rameaux de végétaux ligneux, surtout en phase végétative au printemps et en été (chêne, charme, orme, érable, cornouiller).
- En milieu agricole : ray-grass, céréales d’hiver, colza, luzerne, maïs.
- Besoins alimentaires plus importants entre la fin du rut et le début de l’hiver.
- 4 à 6 périodes d’alimentation par jour, entrecoupées de phases de rumination.
Reproduction
- Maturité sexuelle : brocard : 12 mois / chevrette : 14 mois (si la masse critique de 19 kg est atteinte)
- Rut : mi-juillet / mi-août
- Gestation : diapause embryonnaire ou ovo-implantation différée : durée de gravidité de 300 jours mais phase réelle de gestation de 130 jours, de fin décembre à début janvier.
- Naissance :
- synchronie : 80 % entre le 15 mai et le 5 juin
- 1 ou 2 faons par chevrette par an, parfois 3 en fonction de l’abondance de nourriture et du poids de la mère.
Paramètres démographiques
Survie
- 30-85 % pour les faons, selon le printemps de naissance (météo, ressources alimentaires...),
- 70-85 % chez les jeunes de 1 à 2 ans,
- 90 % à partir de 3 ans.
Longévité
- 7 à 8 ans pour le brocard et un peu plus pour la chevrette.
- maximum : 15 ans.
Comportement (mode de vie, déplacement, domaine vital...)
Comportement social
- Espèce solitaire
- Grégaire en automne et en hiver.
Cellule familiale : c’est le noyau de base de l’organisation sociale : une femelle avec son ou ses jeunes de l’année.
- Phase cryptique de quelques semaines, puis les jeunes de l’année accompagnent la chevrette dans ses déplacements.
- Cohésion du groupe forte en août puis diminution en février-mars et éclatement en avril-mai à la venue des nouveaux faons.
- En dehors du rut, les brocards sont solitaires.
Domaine vital : très variable
- Automne-hiver : 15 à 30 hectares en milieu forestier / 100 à 150 ha en milieu agricole (similaire pour les brocards et les chevrettes).
- Printemps-été pour la chevrette :
- < 20 ha en mai-juin au moment de la mise-bas ;
- augmentation progressive du domaine vital jusqu'en septembre en suivant la mobilité du faon.
- De mars à fin août pour le brocard : période durant laquelle le mâle délimite son territoire par des marquages visuels et olfactifs.
Interactions écologiques et anthropiques
Menaces potentielles
Pour le chevreuil
Peu de menaces. L’espèce peut encore se développer dans certains milieux mais la surabondance, la fragmentation de l’habitat, le changement climatique et le retour des prédateurs pourraient freiner l’expansion de l’espèce dans les années à venir.
Induites par le chevreuil
- Appauvrissement de son milieu (consommation importante/sélective de certaines espèces préférées)
- Fragmentation des habitats (infrastructures linéaires, urbanisation…) qui limite les déplacements et réduit les échanges génétiques
- Apparition de maladies (exemples : strongle pulmonaire et vers hématophages)
Répartition géographique et situation (menaces)
Répartition
Présence dans toute la France (sauf en Corse), population très dense dans le quart nord-est et le sud-ouest.
Présence partout en Europe, excepté en Irlande et quelques îles de la méditerranée (Sardaigne, Sicile).
Cartes de répartition sur le site Carmen
Réglementation
Statut juridique
- Statut commerce international : aucun statut - Convention CITES
- Statut européen : espèce de faune protégée - annexe III – Convention de Berne
- Statut communautaire (UE) : aucun statut – Directive Habitat
- Statut national : espèce gibier dont la chasse est autorisée - Arrêté du 26 juin 1987
Réglementation et modes de chasse
- Dates d’ouverture/fermeture de chasse fixées par un arrêté annuel
- Plan de chasse obligatoire
- Chasse : en battue / à l’approche / à l’affût / à courre (d’octobre à mars) / à l’arc.
Observation, étude et gestion
Études et suivis menés à l'OFB
Le réseau Ongulés sauvages a pour but de récolter les informations utiles pour suivre les 14 espèces d’ongulés sauvages présentes en France hexagonale, dont le chamois.
Il produit notamment des fiches de synthèse annuelles sur les données de suivi : répartition, habitats occupés, prélèvements, état sanitaire...
Propositions pour la gestion
Actuellement, la gestion de l’espèce repose sur le suivi des indicateurs de changements écologique qui permettent d’appréhender l’évolution des populations de chevreuils en relation avec leur milieu.
Intégration de l’espèce dans l’aménagement forestier et pratiques sylvicoles privilégiant les régénérations naturelles pour pallier l’impact de l’espèce sur son milieu :
- maintenir une végétation d’accompagnement
- ouvrir les peuplements à la lumière
- aménagements spécifiques (prés bois, micro clairières, recépages de taillis...)
Intégration de l’espèce dans l’aménagement du territoire pour pallier la fragmentation de l’habitat :
- création de passages à grande faune
- aménagement des bords de route (dégagement des accotements, signalétique)
- interventions sur la nature et la conduite des peuplements forestiers et agricoles
- en moindre mesure, réduction ponctuelle des effectifs sur les lieux accidentogènes
Éviter les sureffectifs et les concentrations d’animaux pour réduire les épizooties :
- répartition des ressources alimentaires
- dispersion des aménagements artificiels
- délocalisation périodique des réserves
- suivi de l’évolution de l’équilibre population-environnement
Tableaux de chasse et bilan des prélèvements
Ils sont disponibles dans la partie Ressources sur www.ofb.gouv.fr/les-especes-chassables.
Informations complémentaires et références
- ANDERSEN, R., DUNCAN, P. & LINNELL, J. D. C. 1998. The European roe deer: the biology of success. Oslo: Scandinavian University Press, 376 p.
- APOLLONIO M., ANDERSEN R. & PUTMAN R. 2009. European Ungulates and their Management in the 21 st Century. Cambridge University Press, UK, 604 p.
- Chevrier T., Pellerin M., Garel M., Michallet J., Saint-Andrieux C., Hamann J.-L., Toïgo C., Saïd S., Klein F., Morellet N., Boscardin Y., Hamard J.-P. 2015. Suivi des populations d’ongulés et de leurs habitats : Fiches techniques Indicateurs de Changement Ecologique (ICE). Fiches techniques ONCFS.
- GAILLARD J.M., HEWISON A.J.M., KLEIN F., PLARD F., DOUHARD M., DAVISON R. & BONENFANT C. 2013. How does climate change influences demographic processes of widespread species? Lessons from the comparative analysis of contrasted populations of roe deer. Ecology Letters 16 (1) : 48-57.
- GAILLARD J-M, BOUTIN J-M, DELORME D., VAN LAERE G., DUNCAN P., LEBRETON J.D. 1997. Early survival in roe deer: causes and consequences of cohort variation in two contrasted populations. Oecologia 112 : 502-513.
- KLEIN F., PLARD F., WARNANT C., CAPRON G., GAILLARD J.M., HEWISON M. & BONENFANT C. 2014. Le Chevreuil face aux changements climatiques : une adaptation impossible ? Faune Sauvage 303: 29-35.
- MAUBLANC M-L., BIDEAU E. & VINCENT J-P. 1987. Flexibilité de l'organisation sociale du chevreuil en fonction des caractéristiques de l'environnement. Rev. Eco. (Terre Vie), vol. 42. 109-133.
- PETTORELLI N., GAILLARD J.M., VAN LAERE G., DUNCAN P., KJELLANDER P., LIBERG O., DELORME D. & MAILLARD. 2002. Variations in adult body mass in roe deer: the effects of population density at birth and of habitat quality. The Royal Society 269 : 747-753.
- SAVOURE- SOUBELET A., ARTHUR A., AULAGNIER S., BODY G., HAFFNER P., MARCHANDEAU S., MOUTOU F., SAINT-ANDRIEUX C. (coord) 2021 - Atlas des mammifères sauvages de France, vol 2 : Ongulés et Lagomorphes. Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 392 p.
- Tixier, H., and P. Duncan. 1996. Are European roe deer browsers? A review of variations in the composition of their diets. Revue d’Ecologie 51:3-17.
- Tufto, J., R. Andersen, and J. D. C. Linnell. 1996. Habitat use and ecological correlates of home range size in a small cervid: the roe deer. Journal of Animal Ecology 65:715-724.
Aller plus loin
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Dataviz - Présence des ongulés sauvages en France | Dataviz | mai 2024
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