Cerf muntjac, Muntjac de Reeves (Muntiacus reevesi)
Le Cerf muntjac, ou Muntjac de Reeves, est un petit cervidé relativement facile à différencier du chevreuil puisqu'il mesure 50 cm de haut. Cette espèce originaire d'Asie est recherchée depuis le XIXe siècle pour "décorer" les parcs et jardins, en zoo, ou pour la chasse. Une population est présente en nature en France, introduite depuis un parc privé. Le Cerf muntjac est considéré exotique envahissant (EEE) à l'échelle de l'Union européenne.
Noms
Classification : Mammifères/ Artiodactyles/ Cervidés |
Statuts de conservation (liste rouge UICN)
Statut réglementaire : espèce exotique envahissante
|
Le muntjac a une allure ramassée, avec un arrière-train plus haut que sa partie antérieure. Ce petit cervidé possède des canines allongées chez les deux sexes, plus prononcées chez les mâles qui ont aussi de courts bois.
Pelage : manteau rouge-brun avec des points plus foncés sur le museau et les jambes.
- Menton, poitrine et ventre souvent plus clairs.
- Museau relativement long avec des rayures noires.
Poids : 12 à 18 kg
Longueur tête et corps : environ 1 m
Hauteur au garrot des mâles : environ 50 cm
Distinction mâle/femelle : le bois des mâles taille jusqu'à 10 cm (ils n'ont qu'un seul andouiller, c'est à dire une seule ramification).
Confusion possible : avec un jeune chevreuil, l'adulte étant plus grand au garrot, mais ils n'ont pas de coloration noire en forme de V sur la tête.
Habitat
Une espèce introduite adaptative
Dans son aire d’introduction : il fréquente les forêts mixtes ou de feuillus avec uns strate arbustive, forêts tempérées, boisements humides, landes, parcs, jardins urbains, haies bocagères.
Cette espèce monter une grande plasticité en s’adaptant à différents milieux.
Cycle de vie (alimentation, reproduction, paramètres démographiques...)
Régime alimentaire : herbivore
Le Muntjac de Reeves est un végétarien à tendance forestière : il se nourrit principalement de feuilles, écorces, graines, fruits et bourgeons.
Reproduction
- Maturité sexuelle de la femelle : dès le 8e mois.
- Gestation : 7 mois
- Naissances : en général à un seul faon, plus occasionnellement 2
- Faon : il pèse seulement 600 grammes environ à la naissance, et arbore une livrée tachetée qu’il perdra à 2 mois
- Indépendance totale du jeune : au 7e mois
La femelle peut être fécondée dès la mise-bas, sans pause hivernale. Les mâles s'accouplent avec les femelles lorsqu'elles sont en œstrus.
Paramètres démographiques
Longévité : une dizaine d'années
Comportement (mode de vie, domaine vital)
Le Cerf muntjac est en général solitaire mais peut parfois s'observer à 2 ou 3 individus. C'est une espèce plutôt discrète pouvant être active toute la journée mais aussi la nuit.
Sons / communication
Petits cris proches d’un aboiement (cerf aboyeur).
Interactions écologiques et avec les activités humaines
Les pressions potentiellement engendrées par cet ongulé forestier
- Détérioration des peuplements forestiers par abroutissements successifs en cas de fortes densités, altérant la régénération naturelle de la forêt.
- Atteinte aux habitats des espèces autochtones.
Pressions observées en Angleterre, où le Muntjac est très présent
- Augmentation du risque de collisions routières : 40 000 accidents en 2010.
- Une compétition est possible avec le chevreuil (Hemami et al, 2005).
Répartition géographique
Une espèce introduite
Cette espèce est originaire de Chine, et son introduction dans le milieu naturel, qui semble ponctuelle, est issue d'animaux échappés de parcs d’ornementation ou d'introductions volontaires (Hurel et al, 2018). Cette espèce se rencontre également dans les parcs zoologiques.
Tendances et répartition du Cerf muntjac en France
Le Cerf muntjac est peu présent en milieu naturel en France. Depuis les années 1990-2000, des observations régulières ont été faites en région Centre-Val de Loire (départements de l'Indre-et-Loire, du Loir-et-Cher et de l'Indre). Une population sauvage s'y est établie, probablement issue d'individus captifs échappés d'n enclos privé.
De 2008 à décembre 2022, un nombre cumulé de plus de 80 observations de muntjacs de Reeves a été compilé par l'Office français de la biodiversité (OFB), animaux vivants et morts. Certaines se placent ici et là en France : Côtes d'Armor, Moselle, Côtes d'Or et Seine-et-Marne.
Réglementation
Statut juridique
- Statut commerce international : aucun statut - Convention CITES
- Statut européen : Espèce préoccupante pour l’Union Européenne – Règlement d’exécution (UE) 2016/1141 de la commission du 13 juillet 2016
- Statut national : Espèce exotique envahissante interdite d'introduction, de détention, transport, vente, achat, échange, utilisation sur tout le territoire métropolitain et en tout temps (arrêté du 14 février 2018)
Réglementation liée à la captivité
En France hexagonale, tout comme au sein de l’Union européenne (hors régions ultra-périphériques) : détention autorisée uniquement dans les établissements procédant à leur conservation hors du milieu naturel (zoos).
Règlement d’exécution (UE) 2014/1143 de la commission du 22 octobre 2014
Observation, étude et gestion
Études et recherches
L'espèce fait l'objet d'une remontée des observations auprès de l'OFB notamment en région Centre-Val de Loire.
Une étude sur son abondance a été menée par l'OFB à l'aide du piégeage photographique dans les forêts de Centre-Val de Loire (Maillard et al, publication en cours de soumission).
Propositions pour la gestion
Le cerf muntjac est une espèce timide et discrète qui peut restée non détectée tant que les densités sont faibles. La détection d’individus en milieu naturel doit alerter les pouvoirs publics pour engager des mesures de lutte par le recours à des prélèvements par le tir ou la capture d'animal vivant.
Informations complémentaires et références
- Paul Hurel, Marylou Terlin, Franck Derré, Aurélie Barboiron (2018). Le muntjac de Reeves, un nouveau cervidé exotique envahissant nécessitant une réaction rapide. Faune sauvage, 321, 2018.
- Charlotte Bouin, Paul Hurel, Jean-François Maillard (2018). Guide de la faune exotique envahissante du bassin de la Loire. Guide de terrain, ONCFS.
- Hemami, M.-R., Watkinson, A.R., Dolman, P.M., 2005. Population densities and habitat associations of introduced muntjac Muntiacus reevesi and native roe deer Capreolus capreolus in a lowland pine forest. Forest Ecology and Management 215, 224–238.
- GB NNSS. 2011. Risk assessment for Muntiacus reevesi: Great Britain Non-Native Organism Risk Assessment Scheme [Online]. Great Britain Non-Native Species Secretariat
- Ward, A. I. and Lees, K. 2011. Analysis of cost of preventing establishment in Scotland of muntjac deer (Muntiacus spp.) [Online]. Scottish Natural Heritage Commissioned Report No.457.
- Cooke, A. S. 2005. Muntjac deer Muntiacus reevesi in Monks Wood NNR: their management and changing impact. In: Gardiner, C. and Sparks, T. (eds.) Ten years of change: woodland research at Monks Wood NNR, 1993-2003. English Nature Research Report 613.
- Chapman, N., Harris, S. and Standford, A. 1994. Reeves' Muntjac Muntiacus reevesi in Britain: their history, spread, habitat selection, and the role of human intervention in accelerating their dispersal. Mammal Review, 24, 113-160.
- Cooke, A. 1994. Colonisation by muntjac deer Muntiacus reevesi and their impact on vegetation. In: Massey, M. E. and Welch, R. C. (eds.) Monks Wood National Nature Reserve. The experience of 40 years 1953-93. Peterborough, UK: Natural England.
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