Diagnostics des transferts de contaminants à l'échelle du bassin versant
Cette étape de diagnostic est généralement réalisée bien en amont de la phase d’implantation de zones tampons et ne lui est pas nécessairement spécifique. Elle consiste à évaluer, à l’échelle d’un bassin versant (ou d’une aire d’alimentation de captage), quels sont les modes de transferts de contaminants en présence, ainsi que leur importance relative à l’échelle de chaque unité géographique (parcelle ou maille).
Couplée à la caractérisation des pressions exercées, ce diagnostic permet :
- d’identifier les zones les plus vulnérables sur lesquelles il conviendra d’intervenir en priorité ;
- d’adapter les solutions correctives au contexte.
Diagnostic des transferts superficiels
En ce qui concerne les zones tampons, une bonne caractérisation des transferts superficiels est indispensable. Pour ce faire, le CORPEN a jeté les bases d’une démarche de diagnostic cohérente à différentes échelles : depuis l’échelle régionale jusqu’à celle de la parcelle. Cette approche a également été reprise en partie par Le Hénaff et Gauroy (2011) pour être appliquée aux cas des aires d’alimentation de captage d’eau superficielle.
Rôle du sol
Dans ces approches, une importance particulière est accordée au rôle que joue le sol, en fonction de ses propriétés hydriques. Il est ainsi important de caractériser :
- sa perméabilité et/ou sa sensibilité au phénomène de battance à l’origine d’un refus d’infiltration et d’un ruissellement plus ou moins important selon l’intensité des pluies (ruissellement dit hortonien) ;
- sa porosité et son épaisseur qui déterminent les possibilités de stockage (réserve utile) avant l’atteinte de la saturation et la survenue d’écoulements latéraux ou verticaux dans le sol ;
- les contrastes de perméabilité entre les différents horizons du sol ou à l’interface sol-substratum, susceptibles de favoriser les écoulements latéraux à faible profondeur dans le sol (écoulements dits hypodermiques) ;
- la présence de drainage agricole qui limitera le risque de saturation des sols pour exporter l’eau de manière rapide et concentrée vers le réseau hydrographique ;
Climat et topographie
Parallèlement, le climat intervient dans le bilan hydrique, c'est-à-dire l’eau excédentaire (après reprise évapotranspiratoire) qui rejoindra les nappes ou les cours d’eau, avec un risque de transfert plus ou moins accentué selon la saison et l’état de la réserve utile. La topographie pourra elle aussi jouer un rôle selon la pente (susceptible par exemple de faciliter l’érosion) ou encore la position de la parcelle (les zones en fond de vallée seront par exemple plus sensibles à l’engorgement des sols) et sa distance hydraulique aux cours d’eau.
Pratiques agricoles
Un certain nombre de caractéristiques se rapportant aux pratiques agricoles (couverture et travail du sol) seront également en mesure d’aggraver ou d’atténuer certains transferts. Par opposition aux propriétés intrinsèques du milieu, la caractérisation des pratiques agricoles et de leur impact sur la vulnérabilité reste en revanche complexe à formaliser du fait de leur évolution dans le temps (que ce soit à l’échelle de la saison ou à l’échelle de la rotation culturale).
Illustration de quelques situations de transferts types en fonction des propriétés du milieu.
Tous ces critères devraient idéalement être pris en compte pour caractériser correctement la vulnérabilité aux différents types de transferts, néanmoins l’accès aux données nécessaires n’est pas toujours évident (notamment concernant les données pédologiques et la localisation du drainage agricole). D’autre part, leur interprétation ne sera pas nécessairement identique pour l’ensemble des contextes agro-pédo-climatique. C’est pourquoi les différents guides cités précédemment préconisent avant tout une démarche « experte », adaptée au territoire étudié et idéalement assortie d’une ou plusieurs campagnes de terrain destinées à valider les hypothèses émises et à vérifier par l’observation que les résultats fournis s’avèrent correspondre à une certaine réalité.
Aller plus loin
- CORPEN (1999). Désherbage - Éléments de raisonnement pour une maîtrise des adventices limitant les risques de pollution des eaux par les produits phytosanitaires. 149 pp.
- CORPEN (2001). Diagnostic de la pollution des eaux par les produits phytosanitaires : bases de l'établissement de cahiers des charges des diagnostics de bassins versants et d'exploitations. 32 pp.
- CORPEN (2003). Éléments méthodologique pour un diagnostique régional et un suivi de la contamination des eaux liée à l'utilisation des produits phytosanitaires. 84 pp.
- Le Henaff G., Gauroy C. (2011). Délimitation des aires d’alimentation de captages en eaux de surface et caractérisation de leur vulnérabilité vis-à-vis des pollutions agricoles diffuses par les pesticides - Guide méthodologique. Rapport IRSTEA-MEEDDM/MAAF, 55 pp.