[Coopération OFB-Cefe] Agir par des actions de restauration

Les écosystèmes, lorsqu’ils sont fortement dégradés, peuvent nécessiter une intervention de l’homme pour retrouver un bon état de conservation. C'est la restauration écologique, c’est à dire l'action de rétablir un système écologique dans un état de référence historique. Les écosystèmes de certains espaces naturels protégés sont soumis à des états de dégradation importants. Ils constituent alors de véritables « laboratoires » pour expérimenter différentes actions de restauration.

À noter : ces travaux s'inscrivent dans la coopération entre l'Office français de la biodiversité (OFB) et le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive proposant un appui méthodologique et technique aux aires protégées pour Concevoir des suivis de biodiversité sur déjà près de 30 sujets abordés.

Restaurer des écosystèmes fragilisés par les espèces exotiques envahissantes

L’introduction d’espèces exotiques envahissantes (EEE) est une cause majeure d’extinction des espèces animales natives. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les îles, où de nombreuses disparitions d’espèces (végétales et animales) et de changements des écosystèmes ont été documentés suite à l’introduction de mammifères prédateurs, notamment des rongeurs.

Les gestionnaires d’espaces naturels insulaires ont donc une forte responsabilité dans la lutte contre les espèces envahissantes qui mettent en péril bon nombre d’espèces indigènes, voire endémiques, en outre-mer notamment. Des opérations de restauration écologique basées sur une lutte contre les espèces envahissantes et sur le maintien, voire l’expansion d’espèces indigènes peuvent rétablir la fonctionnalité des écosystèmes originels.

Plus d'infos dans la rubrique Espèces exotiques envahissantes sur ce site, et sur celui du Centre de ressources EEE.

Rapports et articles disponibles

Optimisation des relevés de végétation afin d’évaluer l’efficacité d’opérations de restauration des habitats (PN de La Réunion)

Image
Placette restauration forêt semi sèche Grande Chaloupe La Réunion © A. Jailloux
Placette de restauration de la forêt semi-sèche © A. Jailloux

Depuis l’arrivée de l’Homme sur l’île de La Réunion, au cours du XVIIe siècle, plusieurs milliers d’espèces, notamment de plantes, y ont été introduites. Certaines sont devenues envahissantes et menacent plusieurs écosystèmes, dont la forêt sèche. Un projet Life+ vise à restaurer cet écosystème unique au monde par des actions multiples. 

Différentes modalités de plantation d’espèces indigènes et de lutte contre les plantes exotiques envahissantes (PEE) sont testées sur des parcelles expérimentales du Parc national de La Réunion. Pour en suivre l’efficacité, de nombreux paramètres sont relevés.

Un plan d’échantillonnage visant à mesurer une efficacité globale du projet a été proposé. Il consiste à suivre à moyen-long terme 35 placettes au sein desquelles seront effectuées (i) des comptages des différentes espèces pour estimer la diversité spécifique et la mortalité, (ii) des mesures de hauteur et de diamètre de houppier de plus de 700 plants de 15 espèces d’intérêt pour estimer leur croissance.

Couturier T., Prolhac E., Cazal E., Prior J., Jailloux A., Besnard A., 2021. Suivi de la croissance et de la mortalité d’espèces végétales indigènes plantées en vue de reconstituer des habitats de forêt sèche à La Réunion. Rapport méthodologique, protocole version 1. Coopération OFB-Cefe. 49 pages.

La translocation d’espèces pour la recolonisation d’espaces restaurés : suivi démographique d’une population de Gecko vert de Bourbon (PN de La Réunion)

Image
Gecko vert de Bourbon (F. Rivière)
Gecko vert de Bourbon (F. Rivière)

Le Gecko vert de Bourbon (Phelsuma borbonica) est endémique de l’île de La Réunion et constitue un pollinisateur probable des arbres indigènes et endémiques dont il apprécie le nectar et les fruits. 

Dans le cadre du projet LIFE+ Forêt Sèche, 50 individus ont été transloqués en avril 2018 sur une forêt restaurée (voir techniques de restauration des habitats ci-dessus). . Cette réintroduction doit contribuer à la restauration de l’ensemble des fonctionnalités de la forêt sèche.

Un protocole visant à suivre la dynamique de la population après l’opération de translocation permet d’évaluer le succès ou échec de cette opération. Des méthodes de Capture-Recapture basées sur des clichés photos des individus réalisés à différents intervalles de temps permettent d’estimer les survies des individus et l’abondance de la population. 

Couturier T., Piteau A., Salamolard M., Jailloux A., Besnard A., 2019. Suivi démographique d’une population de Gecko vert de Bourbon (Phelsuma borbonica) suite à une translocation pour recoloniser un espace restauré du Parc national de La Réunion. Rapport méthodologique, protocole version 1. Coopération AFB-Cefe. 38 pages.

En savoir plus

Rétablir la connectivité d’habitats fragmentés

La fragmentation des habitats est le processus par lequel un habitat est converti en plusieurs fragments plus petits, suite à un changement d’usage des terres (urbanisation, conversion en terres agricoles etc.) ou à la création d’infrastructures de transport. Ces îlots d’habitats se trouvent ainsi isolés, séparés : la perte de connectivité. Comprendre comment les espèces se déplacent dans ces paysages fragmentés est donc essentiel pour mettre en place des actions visant à restaurer la connectivité écologique d’habitats.

De nombreuses études scientifiques mettent en avant les conséquences de la fragmentation sur la biodiversité :

  • à court terme : cycle biologique contraint, mortalité directe par collision,
  • à moyen et long terme : isolement des populations voire leur extinction par limitation de la dispersion et des échanges métapopulationnels.

Ces actions s'intègrent dans la démarche Trame verte et bleue (TVB), outil phare pour identifier, préserver et restaurer les connectivités écologiques.

À venir en 2025

Efficacité de restaurations écologiques visant à favoriser la connectivité des habitats pour les rhopalocères au sein d'une matrice forestière (PN des Cévennes)

Image
Petit nacré (Issoria lathonia) marqué (T. Couturier, Cefe)
Petit nacré (Issoria lathonia) marqué (T. Couturier, Cefe)

La connectivité du paysage accroît la diversité et l’abondance pour de nombreux organismes se déplaçant activement, dont les rhopalocères (papillons de jour). Ce groupe souffre particulièrement de la fermeture des milieux et notamment en contexte forestier.

Cette étude vise à évaluer dans quelles mesures la réouverture de corridors connectant des patchs d’habitats ouverts au sein d’une matrice forestière peut favoriser la diversité, l’abondance et les déplacements des rhopalocères.

Pour cela, deux protocoles ont été mis en place. Le premier vise à estimer la diversité et l’abondance des papillons de jour selon des points de comptage répartis sur les patchs d’habitats ouverts et les futurs corridors. Le second protocole vise à caractériser les déplacements de rhopalocères selon un dispositif de Capture-marquage-recapture (CMR) par marquage des ailes des individus. Suite à l’état initial réalisé en 2019, ces deux protocoles seront reconduits en 2024, après exécution des travaux de restauration, afin d’en mesurer les effets.

Article scientifique à paraître en 2025

Restaurer le régime écohydrologique de milieux naturels

Les milieux humides abritent une biodiversité exceptionnelle et assurent certaines fonctions écologiques et services écosystémiques. C’est notamment le cas des tourbières, milieux caractérisés par la présence, ou la formation, d’un sol composé de tourbe, c’est à dire de matière organique très peu décomposée. Pour que le sol des tourbières se forme, des conditions écologiques particulières doivent être présentes, et notamment une saturation du milieu en eau (stagnante, ou peu mobile) pendant une période suffisamment longue dans l’année. La raréfaction de l’eau dû aux sécheresses estivales et le drainage pour des besoins de l’agriculture peuvent mettre en péril le caractère humide des tourbières. Des opérations de restauration écologique basées sur la gestion des niveaux d’eau peuvent permettre de rétablir la fonctionnalité de ces écosystèmes fragiles.

Plus d'infos sur le site du Pôle-relais tourbières

À venir en 2025

Caractérisation de l’occupation spatiale de Dolomedes plantarius en lien avec la restauration écohydrologique de marais tourbeux alcalins (Conservatoire d’espaces naturels de Picardie)

Image
Dolomedes plantarius (Nicolas CARON)
Dolomedes plantarius (Nicolas Caron)

Les Dolomèdes sont des araignées vivant exclusivement à proximité des zones humides pérennes (marais, bords de rivières calmes, tourbières, etc.). L’une des deux espèces présentes en France métropolitaine, Dolomedes plantarius, est classée « vulnérable » sur la liste rouge mondiale des espèces menacées. Les populations du Nord de la France représentent un réel enjeu pour sa conservation.

Le projet européen Life Nature Anthropofens vise à restaurer 480 ha de tourbières alcalines dans 13 sites Natura 2000, en régions Hauts-de-France et Wallonie, sur une durée de 6 ans. Les travaux de restauration écologique consistent notamment à rétablir un fonctionnement hydraulique naturel des sites. Des suivis écologiques sont envisagés sur toute la durée du projet en particulier en début (2020-2021) et fin de projet (2024) afin de comparer l'état des sites avant et après travaux.

Dolomedes plantarius a été retenue comme indicateur de suivi de l’efficacité des travaux. Toutefois, il s’agit d’une espèce dont la détection est faible et probablement variable dans le temps et dans l’espace. Par ailleurs, aucune information n’est disponible sur les changements éventuels d’occupation spatiale de cette espèce en réponse aux variations spatio-temporelles des niveaux d’eau. L’espèce pourrait ainsi souffrir des assecs rencontrés sur certains secteurs de tourbières. Cette étude cherchera  à évaluer les effets des variations hydrologiques saisonnières sur l’occupation spatiale de l’espèce. Les résultats obtenus devraient permettre de guider les orientations de gestion hydraulique.

Article scientifique à paraître en 2025