Implanter des couverts végétaux après les moissons pour de meilleurs bénéfices agro-écologiques et faunistiques
Les couverts d’intercultures sont un outil essentiel pour améliorer la structure des sols, apporter de la matière organique, préserver la qualité de l’eau et favoriser la biodiversité. Depuis 2009, le réseau Agrifaune contribue à l’élaboration de couverts d’intercultures offrant des bénéfices agronomiques, environnementaux et faunistiques. Retour sur les propositions d’Agrifaune à mettre en œuvre après la période des moissons.
Pourquoi implanter un couvert d’entre-culture ?
Les couverts d’entre-culture sont avant tout des outils réglementaires. Sur les zones vulnérables identifiées par les programmes d’actions nationaux de la Directive nitrates, le maintien d’une couverture végétale du sol, qui permet entre autres la filtration de l’eau, est nécessaire pour lutter contre la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole lors des périodes pluvieuses.
Ces couverts présentent par ailleurs des atouts agronomiques et écologiques : amélioration de la structure des sols, apport de matière organique, favorisation de la biodiversité (insectes pollinisateurs, petit gibier)...
Pour répondre à la réglementation et obtenir ces bénéfices agro-écologiques, le groupe de travail national du réseau Agrifaune (GTNA) dédié à la gestion de l’entre-culture et aux pratiques innovantes associées, met en place des essais d’implantation de couverts d’interculture et accompagne les agriculteurs volontaires.
Ces essais visent à mettre en évidence les conditions de réussite ou d’échec liées à l’implantation des couverts. Impliquant une trentaine d’agriculteurs partenaires, ils sont actuellement menés dans 13 départements de 6 régions françaises (Occitanie, Centre-Val-de-Loire, Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine, Ile-de-France). Les essais seront répétés sur trois années consécutives afin de s’affranchir de l’effet annuel des conditions de levée (principalement météorologiques).
La solution optimale : réaliser un couvert précoce en conservant les chaumes après les moissons
Au contraire d’un semis de couvert tardif réalisé après plusieurs déchaumages (travail superficiel du sol destiné à enfouir les chaumes et les restes de paille afin de favoriser leur décomposition), le semis précoce des couverts s’avère plus efficace pour la biodiversité, il permet :
- de conserver une continuité d’habitats, de ressources alimentaires et de nidification pour la faune sauvage en période estivale,
- de préserver les plantes messicoles à cycle tardif (exemple : Nigelle de France, Pied d’Alouette de Bresse).
Dans le cas d’un semis après plusieurs déchaumages, une rupture de l’habitat, défavorable pour la faune sauvage, est observée.
Plante messicole
Plante « habitant les moissons » qui vit de façon stricte ou préférentielle dans les cultures.
Recommandations
Sur la base de ces observations, le réseau Agrifaune recommande d’implanter les couverts végétaux en préservant les chaumes de la céréale à paille après sa récolte. Les chaumes constituent des zones de refuge et d’alimentation privilégiées pour la petite faune de plaine (caille des blés, alouette des champs, perdrix) au moment de la reproduction et de l’élevage des jeunes. Le réseau conseille de maintenir les chaumes jusqu’au 15 septembre et de laisser une hauteur de coupe de 20 cm minimum lors de la récolte.
Comment implanter les couverts d’interculture précocement ?
Différents itinéraires techniques d’implantation précoce des couverts d’interculture ont été identifiés dans le cadre des travaux du réseau Agrifaune :
- semis sous couvert de la céréale,
- semis à la volée avant la récolte,
- semis sous mulch (résidus végétaux laissés au sol) lors de la récolte,
- semis consécutif à la récolte.
Pour plus d’informations
Consulter la brochure La gestion de l’interculture, 2018 (site web du réseau Agrifaune)
À propos du programme Agrifaune
Piloté par 4 partenaires - Chambres d’agriculture de France, Office français de la biodiversité (OFB), Fédération nationale des chasseurs, Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, Agrifaune développe et valorise des pratiques agricoles qui concilient agronomie, économie, environnement et faune sauvage. Il mobilise agriculteurs et gestionnaires d’espaces agricoles afin de mettre en place des pratiques en faveur de la biodiversité. L’OFB attribue les subventions aux partenaires régionaux et locaux pour la réalisation des projets Agrifaune et assure leur suivi.
Contacts
- Aude Géraud, co-animatrice du GTNA gestion de l’entre-culture : a.geraud (a) chasseurdefrance.com
- Solène Allart, co-animatrice du GTNA gestion de l’entre-culture : s.allart (a) fdc51.com
- David Granger, animateur national du programme Agrifaune à l’OFB : agrifaune (a) ofb.gouv.fr
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