Réseau Bécasse

Le réseau Bécasse collecte des informations sur l’état de la population des Bécasses des bois en France. Près de 450 membres actifs capturent et marquent des milliers d’oiseaux chaque année sur tout le territoire. Ces informations servent au suivi de la population via des indices d’abondance, les âges-ratios ou des taux de survie. Un suivi des effectifs nicheurs est aussi mis en place chaque printemps, ainsi que l'étude de la migration grâce aux balises. Le réseau est également à l’origine d’un prélèvement maximum autorisé (PMA) sur l’espèce et accompagne son application.

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Bécasse des bois dans la neige (Philippe Massit, OFB)

Espèce suivie : la Bécasse des bois

La Bécasse des bois (Scolopax rusticola) est une espèce emblématique pour de nombreux passionnés de faune sauvage.
Contrairement aux autres limicoles, c’est le seul à être strictement inféodé aux milieux forestiers durant l’intégralité de son cycle annuel. Elle quitte les boisements seulement pour s’alimenter la nuit en milieux ouverts, lorsque la nourriture en forêt n’est plus suffisante pour subvenir à ses besoins (notamment en automne et en hiver). Cryptique, elle est très difficile à observer ou photographier, sauf quand le froid conduit les individus à s’exposer davantage pour s’alimenter d’invertébrés essentiels à son régime alimentaire.

La Bécasse des bois est présente sur tout le continent européen et même jusqu’en Asie. Espèce migratrice, ses zones de reproduction principales se situent en Russie, Europe Centrale et Scandinavie. La France se situe en limite occidentale de cette zone de reproduction. En automne-hiver, poussées par des conditions climatiques hostiles, les bécasses se réfugient en Europe de l’Ouest et sur le pourtour méditerranéen.

Particulièrement prisée par les chasseurs de petit gibier, plusieurs millions d’individus sont prélevés chaque année dans toute l’Europe. L’étude de la dynamique des populations est ainsi très important, pour l’espèce mais aussi pour celles dans des situations proches. La Bécasse des bois est considérée comme un « modèle d’étude » pour mieux comprendre les mécanismes qui permettent à certaines espèces de se maintenir malgré des prélèvements importants, alors que d’autres déclinent.

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La Bécasse des bois, une espèce discrète qui s'alimente la nuit dans une prairie (Thomas Bonnefoy, OFB)

Objectifs du réseau Bécasse

Grâce à l’intérêt partagé pour l’espèce cible par de nombreux organismes, le réseau Bécasse permet de mobiliser un grand nombre d’acteurs et ainsi de disposer d’un volume de données sans équivalent sur l’ensemble du territoire métropolitain.
Ces données servent ensuite aux scientifiques s’intéressant à la dynamique de populations des espèces migratrices exploitées pour :

  1. évaluer périodiquement l’évolution démographique de l’espèce,
  2. identifier et quantifier les mécanismes influençant cette démographie et
  3. proposer des mesures de gestion utiles et réalisables, pour la Bécasse des bois mais aussi pour d’autres espèces concernées par les mêmes enjeux.
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    Évaluation de la classe d'âge d'une bécasse des bois grâce à l'analyse de l'évolution de la mue des plumes des ailes, opération de suivi des populations migratrices et hivernantes par des agents de l'OFB en 2022 (Philippe Massit, OFB)

Il s’agit donc d’un suivi à long terme dont la finalité pratique est d’améliorer la gestion des espèces exploitées par les humains.

Organisation des activités

Le suivi dans le cadre du réseau s’organise autour de deux axes

Le suivi des effectifs nicheurs via le recensement des mâles à la croule

La croule est un comportement du mâle en période de reproduction, c'est un vol accompagné de cris caractéristiques. Il permet de suivre l’évolution des effectifs nicheurs en France et mobilise 500 observateurs. Chaque année, entre le 15 mai et le 30 juin, ces vols nuptiaux sont comptabilisés au crépuscule sur 600 points d’écoutes tirés au sort parmi les habitats susceptibles d’accueillir l’espèce.

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Bécasse des bois portant une bague du CRBPO, opération pour le suivi des populations migratrices et hivernantes par des agents de l'OFB en 2022 (Philippe Massit, OFB)

Le suivi des effectifs migrateurs et des hivernants par la capture et le baguage

Cette activité se déroule d’octobre à fin mars et fait appel à près de 450 bagueurs spécialistes et formés, répartis dans tous les départements français. La base de données française est la plus importante sur l’espèce dans le monde, avec près de 170 000 oiseaux bagués et 40 000 reprises et contrôles de bagues. Les oiseaux sont capturés et identifiés par la pose d’une bague associée à un numéro unique. La méthode de capture-marquage et idéalement recapture permet d’étudier les effectifs migrateurs et hivernants.
En complément, un indice d’abondance nocturne (nombre de bécasses vues par unité de temps de prospection) est recueilli. Il permet de suivre l’évolution de l’abondance relative et de la répartition géographique des bécasses.

Que faire si vous trouvez une bague métallique sur une bécasse ?

La richesse de la base de données repose notamment sur les informations fournies par la récupération de chaque bague trouvée, quel que soit le contexte. Il est donc particulièrement important de les transmettre au réseau Bécasse, avec les précisions associées :

  • par mail à reseau.becasse (a) ofb.gouv.fr,
  • avec mention des informations essentielles :
    • numéro de la bague, et joindre une photo de la bague aplatie,
    • date (JJ/MM/AAAA) et localisation où la bague a été trouvée : commune et département, lieu-dit/coordonnées GPS du prélèvement,
  • Informations complémentaires :
    • poids de la bécasse,
    • observateur : nom et prénom, mail du contact.
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Marquage d'une Bécasse des bois par le chasseur avec son carnet de prélènement (Philippe Massit, OFB)

Accompagner l'application de la règlementation : le prélèvement maximal autorisé

Sous l’impulsion des associations de chasseurs spécialisées, le réseau Bécasse a apporté son appui à la mise en place d’une limitation des prélèvements de bécasses.
Depuis la saison de chasse 2011-2012, un prélèvement maximal autorisé (PMA) est instauré en France pour la Bécasse des bois. Ce PMA limité à 30 bécasses par an et par chasseur au niveau national est ensuite décliné au niveau départemental par d’autres règles hebdomadaires ou journalières (par exemple une limite de 3 prélèvements par semaine dans de nombreux départements). L’application de cette règlementation est permise grâce à l’utilisation du « carnet bécasse », qui peut être dématérialisé.

Les statistiques issues des données de prélèvements sont étudiées chaque année et font l’objet d’un rapport annuel publié sur le site de l’OFB. Le PMA Bécasse est un outil de gestion, évolutif et ajustable selon l’état de conservation de l’espèce.

Suivre le déroulement des migrations grâce aux balises

Depuis 2015, l’OFB et le CNB se sont associés pour équiper des bécasses d’émetteurs permettant leur localisation par satellite. Ces données sur la migration prénuptiale et postnuptiale vont permettre d’étudier de manière plus fine les facteurs influençant le départ en migration, les haltes migratoires, et l’origine géographique des oiseaux présents en France en hiver et plus généralement les voies de migrations européennes.
 

Historique et organisation du réseau

Ce réseau national a été créé en 1985 et fait suite à la « section bécasse » de l’ONC (Office national de la chasse). Elle était initialement dédiée à la récolte d’ailes pour évaluer certains paramètres démographiques comme la proportion de juvéniles et la proportion de mâles/femelles. Elle intervenait auprès des chasseurs spécialisés, notamment du Club national des bécassiers (CNB).

Le réseau Bécasse a peu à peu recentré son activité sur le baguage en automne/hiver pour évaluer les taux de survie annuels, et sur le suivi des effectifs nicheurs sur l’ensemble de la France métropolitaine.
Un lien fort avec les fédérations départementales de chasseurs (FDC) et les associations de chasseurs spécialisés (CNB, Bécassiers de France - BDF) caractérise ce réseau multipartenarial. D’autres organismes participent aussi activement à la collecte des données, comme l’Office national des forêts (ONF), ainsi que de nombreux bénévoles et ornithologues. Les autorisations de captures sont délivrées par le Muséum national d’histoire naturel de Paris et son antenne spécialisée sur les oiseaux (Centre de recherche sur la biologie des populations d’oiseaux CRBPO) dans le cadre d’un programme spécifique animé et piloté par l’OFB.

Contact

Courriel : reseau.becasse (a) ofb.gouv.fr

Office français de la biodiversité - Réseau Bécasse
Adresse : 8 bd Albert Einstein, 44300 Nantes

Résultats et ressources

Des résultats scientifiques pour mieux connaître l'espèce

Les résultats obtenus grâce à cette force particulière du réseau, et sa base de données exceptionnelle sur la Bécasse des bois, permettent d’étudier et de suivre les effectifs nicheurs en France, ainsi que la répartition et l’évolution de la population hivernante et migratrice. Des travaux et publications sont également réalisés dans le cadre de collaborations scientifiques. Voici l'état des connaissances actuelles.

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Bécasse des bois équipée d'une balise de localisation (Damien Coreau, OFB)

La population nicheuse

Une étude menée par Boussac L. (2018) a porté sur les 30 dernières années de suivi des effectifs nicheurs par l’observation de la croule. Elle a mis en évidence une chute de 30 % des effectifs nicheurs et une contraction de l’aire de nidification, notamment dans les Pyrénées et les Alpes. Cette diminution rapide jusqu’aux début des années 2000 s’est depuis ralentie.

La population migratrice et hivernante

L’évolution de l’indice d’abondance nocturne (IAN) depuis les années 1990 montre une tendance stable, voire peut-être à la hausse, des effectifs migrateurs et hivernants en France. Un indice cynégétique d’abondance (ICA, nombre de bécasses vues par sortie de chasse), calculé à partir des données collectées par les chasseurs spécialisés (CNB et BDF) lors de leurs sorties de chasse, présente la même tendance.

Survie annuelle des bécasses

Une analyse des données de baguage indique des taux de survie annuels des bécasses compris entre 33 % et 61 % selon la pression de chasse et l’âge des oiseaux, adultes versus juvéniles (Péron et al. 2012). Le taux d’accroissement de la population a alors été estimé à 1,16 (1990-2008).
Une analyse publiée dans le Bécasse infos n° 31 (Rézouki C., 2022) montre que les taux de survie ont poursuivi leur augmentation sur la période 2008-2020. L'évolution liée aux changements climatiques semble offrir de meilleures conditions d’hivernage dans tout le pays, y compris dans les régions du Centre, du Nord et de l’Est.

Origine géographique des migratrices et hivernantes

Le baguage a aussi permis de déterminer en partie l’origine géographique des oiseaux et montre que les bécasses hivernant en France proviennent majoritairement de la Russie européenne, de l’Europe centrale et de la Fenno-Scandinavie.

Ressources disponibles

Nouveautés

Bécasse Flash info - n° 1 - Saison 2023/2024 |

Ce premier Flash-info de la saison 2023-2024 fait le point sur les conditions météorologiques de l’automne ayant influencé la migration postnuptiale des bécasses. Les premiers résultats bruts de captures sont présentés. Grâce à ces données, les indices d’abondances nocturnes et âges-ratios sont également mis en valeur par rapport aux autres saisons de capture.

Bécasse infos - Lettre n° 32 |

La lettre annuelle du réseau Bécasse analyse les résultats des captures des Bécasses des bois hivernant en France par les bagueurs du Réseau pour la saison 2022-2023. Avec plus de 10 000 captures, il s'agit de la seconde meilleure saison en terme de résultat. Cette lettre présente également une étude sur la nidification aux Açores, un travail sur les masses des bécasses par rapport aux changement des conditions climatiques hivernales, ainsi que les derniers résultats des missions de pose de balises en Estonie.

Lettres et synthèses du réseau

Bibliographie citée

Articles techniques